Maintenir les Etats-Unis à proximité, la Chine à distance et la Russie affaiblie : Comment les Européens évoluent dans un monde compétitif

La nouvelle enquête de l’ECFR sur les attitudes des Européens à l’égard de la Chine, de la Russie et des Etats-Unis révèle qu’une majorité souhaite l’autonomie de l’UE en matière de sécurité et de défense

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Icône grunge Chine vs Etats-Unis vs Europe vs Russie. Drapeaux nationaux isolés sur mur en béton dégradé avec fissures
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  • La nouvelle enquête multi-pays de l’ECFR révèle une réticence des Européens à soutenir les États-Unis contre la Chine en cas d’escalade militaire entre les superpuissances, ainsi qu’une détermination de l’UE à imposer des sanctions économiques à Pékin si la Chine apporte une aide supplémentaire à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le sondage montre que 74 % des personnes interrogées estiment que l’Europe devrait s’affranchir de sa dépendance aux garanties de sécurité des États-Unis et investir dans ses propres capacités défensives. 73 % des personnes interrogées en France partagent ce point de vue. 
  • Les résultats de l’enquête montrent que les positions politiques d’Emmanuel Macron et d’Olaf Scholz, qui considèrent la Chine comme un partenaire stratégique mondial, sont largement en phase avec l’opinion publique européenne. En effet, une grande majorité de citoyens européens considèrent la Chine davantage comme un « partenaire nécessaire » que comme un « rival » de leur pays et de l’Europe. En France, 31 % des personnes interrogées considèrent la Chine comme un « partenaire nécessaire » de l’Europe, tandis que 28 % seulement la considèrent comme un « rival ». Les majorités de tous les pays interrogés souhaitent que l’Europe reste neutre dans tout conflit entre les États-Unis et la Chine concernant Taïwan.  
  • L’agenda économique de la Chine et ses efforts en matière de « soft power » suscitent toutefois des inquiétudes. L’enquête de l’ECFR révèle que les Européens ne sont pas à l’aise avec la perspective de voir la Chine détenir des infrastructures clés, telles que des ponts ou des ports (en moyenne, 65 % sont de cet avis dans les États membres interrogés), des entreprises technologiques (52 %) ou posséder un journal dans leur pays (58 %).  
  • Pour de nombreux Européens (41 % des personnes dans les États membres sondés, et donc pour 41% des Français interrogés), les livraisons d’armes chinoises à la Russie constitueraient une ligne rouge et une raison d’imposer des sanctions à la Chine, même au détriment des économies occidentales. 
  • Les coauteurs du rapport Jana Puglierin et Pawel Zerka, experts en politique étrangère à l’ECFR, affirment que, malgré les divers désaccords, les dirigeants européens ont la possibilité de parvenir à un consensus public quant à l’approche de l’Europe vis-à-vis de la Chine, des États-Unis et de la Russie. 

Dans un contexte de tension entre les principales superpuissances mondiales, les Européens souhaitent que l’Union européenne renforce ses capacités de défense et ne dépende plus des garanties de sécurité des États-Unis, selon l’enquête publié aujourd’hui par le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR). Le rapport comprend des données d’opinion publique provenant de onze États membres de l’UE (Autriche, Bulgarie, Danemark, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne et Suède) et révèle qu’en moyenne, 74 % des Européens pensent aujourd’hui que l’UE devrait prendre des mesures pour améliorer les capacités de défense de l’Union européenne.  

Le rapport « Maintenir les Etats-Unis à proximité, la Chine à distance et la Russie affaiblie : Comment les européens évoluent dans un monde compétitif » (« Keeping America close, Russia down, and China far away: How Europeans navigate a competitive world »), explore les attitudes à l’égard de la Chine et de ses relations avec les différents États membres de l’UE, ainsi qu’à l’égard de la Russie, qui fait actuellement l’objet de sanctions paneuropéennes à la suite de son invasion illégale de l’Ukraine. 

Ce rapport examine les principales divisions au sein des Etats ainsi qu’entre les États membres de l’UE, et fournit des recommandations aux décideurs politiques de l’UE sur la manière dont ils peuvent mettre en pratique l’idée d’une Europe souveraine. L’enquête multi-pays, commandée à Datapraxis et YouGov, ainsi qu’à Alpha (Bulgarie), Szondaphone (Hongrie) et Analitiqs (Pays-Bas), suggère qu’il pourrait y avoir un décalage entre la position va-t-en-guerre des dirigeants à Bruxelles et l’opinion publique européenne en ce qui concerne les perceptions sur la Chine et ses ambitions. 

Les conclusions du rapport sur la Chine suggèrent que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit encore convaincre le public européen de la nécessité de réduire les risques liés aux relations entre l’UE et Pékin. Les données recueillies dans les onze États membres interrogés indiquent que la vision d’Emmanuel Macron, qui considère la Chine comme un « partenaire stratégique et mondial », est une représentation plus précise de la position actuelle de l’opinion publique européenne à ce sujet.  

Le sondage de l’ECFR a révélé qu’une majorité d’Européens (43 %) considèrent aujourd’hui Pékin comme un « partenaire nécessaire » pour leur pays et, malgré l’engagement de la Chine à « approfondir les liens économiques avec Moscou », seraient réticents à l’idée d’appliquer des sanctions à Pékin. Les raisons pratiques sont notamment les différents niveaux de dépendance économique des Etats membres envers la Chine et leur vulnérabilité économique générale. Néanmoins, l’Union européenne ne semble pas mesurer les risques liés à ses relations avec la Chine en matière de commerce et d’investissement. Seul un Européen sur cinq considère que cette relation comporte plus de risques que d’avantages, tandis que 50% des Européens voient plus de risques que d’avantages dans les importations européennes de combustibles fossiles et nucléaires russes. 

L’enquête révèle également que les relations entre l’UE et les États-Unis ont rebondi après la volatilité de la présidence Trump. Concernant la perception des États-Unis, l’ECFR a constaté que des majorités au Danemark (54 %) et en Pologne (50 %), et des pluralités aux Pays-Bas (43 %), en Suède (41 %) et en Allemagne (35 %), considèrent désormais le partenaire transatlantique comme l’ « allié » de l’Europe, ce qui représente un changement significatif dans ces pays par rapport à 2021, lorsque l’ECFR avait posé cette même question.  

Cependant, malgré ce regain de soutien, des craintes subsistent quant à l’orientation politique des États-Unis et à l’impact que cela pourrait avoir sur les relations avec l’UE. 56 % des personnes interrogées par l’ECFR considèrent que la réélection de Donald Trump « affaiblirait » les relations entre l’UE et les États-Unis. Cette possibilité, ainsi que d’autres défis comme la guerre en Ukraine, semble avoir marqué les esprits, au point qu’une nette majorité (74 %) d’Européens optent pour un renforcement des capacités de défense de l’Europe, alors que seulement 8 % affirment que cela n’est pas nécessaire, partant du principe que les États-Unis protègeront toujours l’Europe. Les réponses à la question sur la position de l’UE dans l’éventualité d’un conflit entre les États-Unis et la Chine au sujet de Taïwan illustre la préférence pour une maîtrise renforcée de la politique étrangère européenne. L’ECFR a constaté qu’une nette majorité (62 %) des citoyens européens sondés estiment que leur pays devrait adopter une attitude neutre dans de telles circonstances, tandis que moins d’un quart (23 %) serait favorable à une prise de position en faveur des États-Unis.  

Les principales conclusions de l’enquête paneuropéenne de l’ECFR sont les suivantes : 

  • Les Européens sont en désaccord avec la position de Bruxelles sur la Chine. L’enquête révèle que la majorité de personnes interrogées (43 %) considère la Chine comme un « partenaire nécessaire » de l’Europe, et que ce sentiment est particulièrement fort en Bulgarie (58 %) et en Hongrie (54 %). Ce sentiment est également majoritaire en Espagne, où 51 % des personnes interrogées considèrent la Chine comme un partenaire avec lequel elles doivent coopérer sur le plan stratégique. Les Pays-Bas (49 %), l’Autriche (46 %), l’Italie (42 %), le Danemark (40 %), la Pologne (36 %), l’Allemagne (33 %), la France (31 %) et la Suède (31 %) partagent également cette position. Les deux pays les plus réticents à l’égard de la Chine sont l’Allemagne et la Suède (où 50 % des personnes interrogées déclarent considérer ce pays comme un « rival » ou un « adversaire » de l’Europe). 
  • Alors que de nombreux citoyens européens reconnaissent que la Russie et la Chine collaborent sur la scène mondiale, il y a peu d’intérêt à « découpler » les relations avec Pékin, comme c’est le cas avec Moscou. 70 % des personnes interrogées par l’ECFR pensent que la Russie et la Chine sont des partenaires sur la scène mondiale. Cette position a été publiquement attestée par leur partenariat économique « sans limites », convenu pour la première fois en février 2022 et récemment confirmé en mai 2023. Néanmoins, les Européens ne considèrent pas qu’une rupture majeure des relations avec la Chine soit nécessaire. Seul un cinquième environ (22 %) des Européens considère que les relations de l’Europe avec la Chine en matière de commerce et d’investissement comportent plus de risques que d’avantages.  
  • Toutefois, si la Chine décidait de livrer des munitions et des armes à la Russie, le sondage de l’ECFR révèle que 41 % des personnes interrogées en Europe seraient favorables à l’application de sanctions économiques à Pékin, même si cela portait un préjudice grave aux économies occidentales. Parmi les onze pays interrogés, la Suède (56 %), le Danemark (53 %) et les Pays-Bas (50 %), comportent une majorité favorable à des sanctions occidentales dans ce cas de figure. Cette position est également partagée par l’Espagne (49 %), la Pologne (45 %) et la France (41 %). En revanche, les citoyens d’Autriche (45 %), de Hongrie (44 %), d’Italie (42 %), de Bulgarie (39 %) et d’Allemagne (38 %) sont les plus susceptibles de s’opposer à de telles actions. 
  • L’activité économique et les manœuvres de « soft power » de la Chine dans l’UE suscitent des inquiétudes. De nombreux Européens s’opposent à l’idée que la Chine possède des infrastructures clés, telles que des ponts ou des ports (65 %), des entreprises technologiques (52 %) ou des médias d’information (58 %) en Europe. Ils sont toutefois divisés sur la question de savoir si la Chine devrait pouvoir construire de telles infrastructures (39 % déclarent qu’il est « acceptable » que la Chine « construise des infrastructures telles que des ponts et des ports en Europe », tandis que 43 % s’opposent à de telles actions). La propriété d’infrastructures est donc une ligne rouge pour les Européens. 
  • Les États-Unis ont largement retrouvé leur réputation d’ « allié » et de « partenaire » de l’UE, mais certains s’inquiètent des dommages qu’une deuxième présidence Trump causerait à l’alliance transatlantique. Alors qu’aucun pays ne considérait majoritairement les États-Unis comme un allié de l’Europe qui « partage nos intérêts et nos valeurs [européennes] » en 2021, ce point de vue prévaut désormais au Danemark (54 %), en Pologne (50 %), aux Pays-Bas (43 %), en Suède (41 %) et en Allemagne (35 %). C’est également l’opinion de 43 % des personnes interrogées en moyenne sur l’ensemble des onze pays sondés. Les États-Unis sont surtout considérés comme un « partenaire nécessaire » de l’Europe en Espagne (55 %), en Italie (52 %), en Hongrie (51 %), en Autriche (48 %) et en France (44 %). Ce n’est qu’en Bulgarie qu’au moins une personne sur cinq (21 %) considère les États-Unis comme un « adversaire » ou un « rival ». Mais à la question de savoir quel impact, le cas échéant, la réélection de Donald Trump aurait sur les relations entre l’UE et les États-Unis, une majorité de personnes interrogées (56 %) a déclaré qu’il serait « plus faible ».  
  • De ce fait, l’Europe est prête à renforcer ses capacités en matière de défense. L’ECFR a constaté que près des trois quarts des Européens (74 %) et des Français (73 %) pensent que l’Europe ne peut pas toujours compter sur les États-Unis pour sa sécurité et qu’elle doit prendre sa propre défense en main, tandis que seulement 8 % disent que ce n’est pas nécessaire, supposant que les États-Unis protègeront toujours l’Europe. 7 % des personnes interrogées sont de cet avis en France. Malgré le rôle des États-Unis dans la lutte contre l’agression russe en Ukraine, cette opinion a progressée depuis le sondage de l’ECFR en novembre 2020 qui posait une question similaire. L’augmentation a été particulièrement marquée parmi les personnes interrogées en Hongrie, aux Pays-Bas et en Allemagne.  
  • Cette exigence d’un haut degré d’autonomie vis-à-vis de Washington en matière de politique étrangère se vérifie sur la question de Taïwan. Les Européens souhaitent clairement que l’UE soit un acteur neutre dans tout conflit potentiel concernant l’île. Dans les onze États membres sondés, des majorités souhaiteraient que leur pays « reste neutre » en cas de guerre impliquant Taïwan. En moyenne, seul un quart d’entre eux (23 %) souhaiteraient que leur pays se range du côté des États-Unis. Le soutien aux États-Unis est particulièrement fort en Suède (35 %), ainsi qu’en Pologne (31 %), aux Pays-Bas (30 %) et au Danemark (28 %), mais dans ces pays-mêmes, la plupart des personnes interrogées préféreraient privilégier la neutralité.  
  • Quinze mois après l’invasion de l’Ukraine, la Russie est principalement considérée comme un « adversaire » et un « rival » de l’Europe. L’ECFR a constaté que 64 % des personnes interrogées considèrent la Russie comme un « adversaire » (55 %) ou un « rival » (9 %) de l’Europe. Au Danemark (74 %), en Pologne (71 %), en Suède (70 %), aux Pays-Bas (67 %), en Allemagne (62 %) et en Espagne (55 %), la majorité des personnes interrogées considèrent la Russie comme un « adversaire » de l’Europe, contre seulement 37 % en Italie et 17 % en Bulgarie. L’ensemble des données révèle également que la part moyenne des personnes considérant la Russie comme un « rival » ou un « adversaire » est passée d’environ un tiers à près de deux tiers depuis que l’ECFR a posé la même question en 2021.  
  • Les opinions diffèrent grandement au sujet des relations UE-Russie à long terme. Presque la moitié des personnes interrogées (48 %) estime que les relations de leur pays avec la Russie, dans l’hypothèse d’une négociation de paix en Ukraine, devraient être « limitées ». En France, cette opinion est majoritaire (54 %), tout comme en Pologne, bien que l’opinion publique polonaise soit la plus divisée sur ce point avec 39 % de personnes prêtes à mettre fin à toutes les relations de la Pologne avec son voisin russe. La Bulgarie est le seul pays où une majorité de citoyens (51 %) considère qu’il devrait y avoir une « coopération totale ». 
  • En Bulgarie, en Hongrie et en Autriche, une proportion significative de citoyens estime qu’il est utile de coopérer avec la Russie. Une majorité des personnes interrogées en Bulgarie (62 %) et en Hongrie (59 %) considèrent la Russie comme un « allié » ou un « partenaire » de leur pays. Cette position est en accord avec les données recueillies dans le Sentiment compass de 2023 de l’ECFR, qui montre que ces deux pays sont parmi les plus vulnérables aux efforts de la Russie en matière de « soft power ». De plus, de nombreux Bulgares (51 %), Autrichiens (36 %) et Hongrois (32 %) souhaitent que leur pays rétablisse une relation de coopération totale avec la Russie une fois la guerre terminée.

Dans leur rapport, Jana Puglierin et Pawel Zerka affirment que les dirigeants de l’UE devraient identifier les points sur lesquels le public se montre ouvert aux politiques ambitieuses et agir en conséquence, tout en reconnaissant les limites de leur soutien. Par exemple, une majorité d’Européens estiment aujourd’hui qu’ils ne peuvent pas toujours compter sur les États-Unis pour leur sécurité et que, en réponse, l’UE devrait envisager d’augmenter ses propres capacités de défense. Selon les auteurs, les gouvernements européens devraient être encouragés par ce soutien public à investir davantage dans les capacités de défense européennes et à renforcer leur coordination en matière de défense et de politique étrangère. 

En ce qui concerne les relations UE-Chine, les auteurs affirment qu’il existe une base pour parvenir à un « terrain d’entente » entre les opinions publiques nationales et leurs dirigeants politiques respectifs concernant l’influence de Pékin en Europe, étant donné que les citoyens semblent sceptiques quant à la présence économique concrète de la Chine. Mais les citoyens européens ne semblent pas penser que l’Europe pourrait ou devrait rompre avec la Chine, comme elle l’a fait avec la Russie, même s’ils sont bien conscients que la Chine et la Russie sont entrées dans un partenariat étroit. 

Les dirigeants européens devraient donc faire connaître les risques d’une interdépendance plus abstraite et plus lointaine de l’Europe avec la Chine. Ils devraient également évoquer les différents scénarios qui pourraient se produire entre les États-Unis et la Chine, dont la probabilité a tendance à être sous-estimée par les citoyens européens. Il est intéressant d’articuler le débat sur la Chine autour de la préservation et de l’importance des valeurs européennes, et de dire ouvertement qu’une dépendance excessive à l’égard des investissements chinois entravera la capacité de l’UE à s’exprimer sur les droits de l’Homme et la démocratie.  

Jana Puglierin et Pawel Zerka concluent que la question la plus importante à laquelle l’UE est confrontée n’est pas de savoir quel camp elle doit choisir dans les conflits potentiels entre les superpuissances mondiales, mais comment elle peut sauvegarder ce que l’Europe représente tout en conciliant les exigences de ses citoyens et leur propre désir de voir l’UE agir avec autodétermination sur la scène mondiale.  

Au sujet des résultats de l’enquête paneuropéenne de l’ECFR, Jana Puglierin, coauteur du rapport et chercheur principal, a déclaré : 

« La principale conclusion de notre enquête est que les Européens souhaitent que l’UE devienne plus autonome en matière de politique étrangère et qu’elle renforce ses propres capacités en matière de défense. Ces exigences ne sont pas nouvelles pour l’UE ou pour les dirigeants de ses États membres, mais elles ont été renforcées par la guerre en Ukraine et les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine.  

Il s’agit d’un moment décisif pour l’UE et la question se pose de savoir si elle peut concilier les divergences d’opinion au sein du bloc et passer d’une position de dépendance à l’égard des États-Unis à une position lui permettant d’adopter ses propres positions politiques. » 

Pawel Zerka, coauteur et chercheur principal, a ajouté : 

« Pour adapter l’Europe à un monde de plus en plus compétitif, les dirigeants européens auront besoin du soutien des citoyens. Les dirigeants politiques ne peuvent pas mener leurs citoyens contre leur gré, mais ces premiers ne peuvent pas non plus se contenter de les suivre. Les citoyens européens demandent à faire prévaloir leur opinion en matière de politique étrangère, mais leurs opinions tendent à être définies par l’actualité immédiate, plutôt que de prendre en compte d’éventuels changements brusques du statu quo.  

Si les dirigeants européens devaient baser leurs actions sur les attentes du public, ils ne se prépareraient pas à des scénarios qui pourraient avoir des conséquences dévastatrices pour la sécurité européenne. Ils devraient donc engager une conversation active avec leurs citoyens pour les préparer aux divers scénarios géopolitiques et à des décisions difficiles, et leur faire part des dangers de l’inaction. » 

Cette nouvelle enquête, et l’analyse qui l’accompagne, font partie du projet Re:shape Global Europe de l’ECFR dont l’objectif est de développer de nouvelles stratégies pour que les Européens comprennent et s’engagent dans l’ordre international en mutation. Parmi les publications antérieures de ce projet figurent l’Indice de souveraineté européenne, le Power Atlas et le sondage d’opinion 2021 sur la façon dont les Européens perçoivent leur place dans le monde.  

L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.