Crise de confiance : comment les Européens voient leur place dans le monde

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  • Le rapport de l’ECFR, fondé sur des sondages, constate que la confiance dans l’UE s’est effondrée pendant la pandémie de Covid-19 – et que dans des pays comme l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie, une majorité de citoyens considèrent désormais le projet européen comme « brisé ». 
  • Pourtant, en dépit de ses performances hasardeuses au cours de l’année écoulée, l’UE continue de bénéficier d’un fort soutien dans chaque pays – beaucoup souhaitant une plus grande coopération pour faire de l’UE un acteur mondial. La France est le seul pays où une majorité de gens ne voient l’adhésion à l’UE « ni comme une bonne chose ni comme une mauvaise chose » 
  • La confiance dans les États-Unis reste faible – les Européens considérant la Turquie comme un « rival » ou un « adversaire » plus important que la Chine ou la Russie. En France, une majorité considère la Turquie comme un « rival » ou un « adversaire ». 
  • Les autrices du rapport, Susi Dennison et Jana Puglierin, exhortent les dirigeants de l’UE à faire preuve de leadership lors des sommets du G7, de l’OTAN et du sommet UE-USA de ce mois-ci, et préviennent que la confiance  en la nécessité d’une coopération européenne, déjà mise à mal, « ne tiendra pas en cas d’échec supplémentaire ». 

La réponse de l’UE à la pandémie de Covid-19 a sapé la confiance dans les capacités de gestion des crises par Bruxelles, selon un nouveau rapport basé sur des sondages publié aujourd’hui par l’ECFR. Dans la moitié des États membres interrogés, une majorité de répondants a déclaré avoir peu confiance dans l’UE, ou que leur confiance s’était détériorée suite aux événements de l’année passée. Des majorités en France (62 %), en Allemagne (55 %), en Italie (57 %), en Espagne (52 %), et en Autriche (51 %) estiment désormais que le projet européen est « brisé ». Cet avis est particulièrement prononcé en France, où 62 % des personnes interrogées pensent que l’UE est brisée. 

Ces résultats, qui constituent la base d’un nouveau rapport de l’ECFR, intitulé « Crise de confiance : comment les Européens voient leur place dans le monde», interviennent avant les discussions clés des sommets du G7, de l’OTAN et du sommet UE-USA de ce mois-ci, et suggèrent que les Européens souhaitent que des mesures plus importantes soient prises pour renforcer le rôle mondial de l’UE. Les autrices du rapport, Susi Dennison et Jana Puglierin, affirment que si des mesures immédiates ne sont pas prises pour mettre fin à l’impression d’inefficacité de Bruxelles répandue parmi les Européens, en particulier parmi les membres fondateurs du bloc, l’UE pourrait être confrontée à de nouvelles questions sur son objectif et sa légitimité.  

Les sondages de l’ECFR, réalisés par Alpha, Analitiqs, Dynata, YouGov et Datapraxis dans 12 États membres de l’UE, montrent également la profonde désillusion des citoyens vis-à-vis de leurs systèmes politiques nationaux. Par exemple, en France, où les citoyens se rendront aux urnes en 2022, deux tiers des personnes interrogées (66 %) estiment désormais que leur système politique national est « brisé ». Ailleurs, en Italie (80 %), en Espagne (80 %), en Bulgarie (63 %), au Portugal (55 %), en Pologne (60 %) et en Hongrie (54 %), des majorités significatives partagent également cette opinion. 

Pourtant, malgré ce manque de confiance du public, la conviction qu’une plus grande coopération de l’UE est nécessaire reste largement répandue. Dans tous les pays interrogés, à l’exception de la France et de l’Allemagne, une majorité de répondants a déclaré que la crise du coronavirus a révélé la nécessité d’une plus grande collaboration entre les États membres. Seuls 45 % des personnes interrogées en France estiment qu’une plus grande coopération au sein de l’UE est nécessaire – la proportion la plus faible de tous les pays interrogés. 

Lorsque l’on a demandé aux personnes interrogées ce que l’Europe devrait changer après le COVID, la réponse la plus fréquente a été l’élaboration d’une réponse collective aux crises mondiales. Le sondage de l’ECFR a également révélé un sentiment positif à l’égard du maintien de l’adhésion à l’UE – les personnes sondées dans 11 des 12 États membres interrogés estimant que l’adhésion à l’UE est une « bonne chose » pour leur pays. L’exception à cette règle est la France, où la réponse la plus fréquente (29 %) est que l’adhésion n’est « ni une bonne ni une mauvaise chose ». 

En ce qui concerne les attitudes envers les autres acteurs mondiaux, l’ECFR a constaté que les Européens voient désormais un monde de partenaires stratégiques, plutôt que d’alliances naturelles. Cela inclut les États-Unis, ainsi que le Royaume-Uni, où l’ECFR a détecté des changements notables dans l’opinion des citoyens. Parmi les États membres interrogés, un seul, le Danemark, considère le  Royaume-Uni comme un « allié » essentiel. La Turquie est le seul pays considéré comme un rival par une pluralité de personnes interrogées – tous les autres acteurs mondiaux, y compris la Chine et la Russie, étant considérés comme des partenaires stratégiques. Les Européens restent toutefois prudents à l’égard de la Chine et, comme pour la Turquie, sont favorables à des réponses plus fermes de l’UE face à ses violations du droit international. Il est intéressant de noter que seulement 17 % des personnes interrogées par l’ECFR considèrent la Russie comme un « adversaire »  un chiffre qui tombe à 5-7 % chez les Bulgares, les Italiens et les Portugais.  

Selon les autrices du rapport, les résultats de ce sondage, qui portent sur l’attitude des citoyens un an après le début de la pandémie de Covid-19, devraient servir de signal d’alarme aux responsables à Bruxelles. Les résultats ont également été exploités par l’ECFR pour déterminer comment l’Allemagne peut recadrer sa relation avec l’Europe avant les prochaines élections parlementaires. Cette étude, qui a également été publiée aujourd’hui, peut être consultée ici.       

Vous trouverez ci-dessous quelques-unes des principales conclusions du sondage de l’ECFR, ainsi qu’une analyse paneuropéenne de Susi Dennison et Jana Puglierin. 

En ce qui concerne les attitudes à l’égard de l’UE, le sondage de l’ECFR a révélé que : 

● La confiance dans l’UE est au plus bas dans une grande partie de l’Europe. Des majorités en Allemagne, en France, en Italie, ainsi qu’en Autriche, aux Pays-Bas et en Bulgarie, font état d’une baisse de confiance, ou d’une absence de changement dans leur confiance, déjà faible, dans l’UE depuis le début de la pandémie. En Allemagne, on observe une augmentation de 11 % au cours de l’année dernière chez ceux qui pensent que le système politique de l’UE est « brisé ». En France, 62 % des personnes sondées, estiment que l’UE est « brisée ». 

● La confiance dans les systèmes politiques nationaux s’est également détériorée au cours de la pandémie. Dans plus de la moitié des États membres interrogés, une majorité de citoyens estime que leur système politique national est « brisé »  ce point de vue étant le plus marqué en Espagne (80 %), en France (66 %), en Bulgarie (63 %) et en Pologne (60 %).  

● Malgré leurs frustrations, beaucoup d’Européens accordent encore de l’importance à l’adhésion de leur pays à l’UE. Le sondage de l’ECFR a également révélé un sentiment positif à l’égard du maintien de l’adhésion à l’UE  les personnes sondées dans 11 des 12 États membres interrogés estimant que l’adhésion à l’UE est une « bonne chose » pour leur pays. L’exception à cette règle est la France, où la réponse la plus fréquente est que l’adhésion n’est « ni une bonne ni une mauvaise chose ». 

● L’opinion publique continue de souhaiter vivement que les27 coopèrent davantage sur les questions mondiales, notamment la crise du Covid-19. Dans chaque État membre interrogé, une majorité de répondants a indiqué qu’après le Covid, ils souhaiteraient que l’UE adopte une réponse plus unifiée face aux menaces et aux défis mondiaux. C’est au Portugal (91 %), en Espagne (80 %), en Italie (77 %) et en Pologne (68 %) que ce souhait est le plus marqué, et en Suède (51 %) qu’il l’est le moins. C’était également la principale réponse à cette question dans l’enquête de l’ECFR de 2020. 

● L’UE est considérée par beaucoup comme une source essentielle de soutien dans leur rétablissement après la pandémie. Dans 8 des 12 États membres interrogés, les personnes sondées considèrent l’UE comme une aide essentielle au redressement de leur pays après la crise du Covid-19. Alors que le soutien est le plus prononcé dans les États membres bénéficiaires nets, tels que la Bulgarie, la Hongrie, le Portugal, l’Espagne et la Pologne, cette opinion est également partagée au sein de pays contributeurs nets, dont le Danemark, la Suède, et l’Italie.   

● Les Européens souhaiteraient que l’UE prenne l’initiative de défendre la démocratie et les droits humains dans le monde. Une pluralité d’Européens souhaite que l’UE soit un phare de la démocratie et des droits humains sur la scène mondiale, tout en donnant la priorité aux valeurs démocratiques et à l’État de droit au sein de son propre bloc. Parmi les personnes interrogées par l’ECFR, les Portugais, les Suédois, les Espagnols et les Autrichiens sont les plus susceptibles d’être de cet avis. 

En ce qui concerne les attitudes à l’égard des autres acteurs mondiaux, le sondage de l’ECFR a révélé que : 

● Les citoyens européens privilégient massivement les vaccins produits dans l’UE  mais font également confiance à ceux provenant du Royaume-Uni et des États-Unis. 62 % des personnes interrogées dans les 12 États membres ont exprimé leur confiance vis-à-vis des vaccins produits au sein de l’UE. Les vaccins produits au Royaume-Uni (52 %) et aux États-Unis (54 %) sont également vus d’un bon œil par une majorité de personnes interrogées. 

● Les Européens soutiennent la participation de l’UE aux programmes mondiaux de partage de vaccins, tels que COVAX, qui promettent une distribution équitable des traitements anti-Covid. Une pluralité (34 %) des personnes interrogées ont déclaré qu’elles souhaiteraient que des mesures immédiates soient prises – réponse ayant recueilli le plus de soutien dans 10 des 12 États membres interrogés. Cette réponse a été particulièrement populaire parmi ceux qui considèrent l’UE comme un phare de la démocratie libérale. Seule une infime minorité a déclaré que l’UE ne devrait pas partager de vaccins ou de capacités médicales avec les pays plus pauvres dans l’immédiat (4 %), et cette réponse était la plus élevée parmi ceux qui aimeraient voir l’UE démantelée.  

● Malgré les efforts de l’administration Biden pour renouer le dialogue avec la communauté internationale, seule une personne sur cinq considère les États-Unis comme un « allié » qui partage « les valeurs et les intérêts » de l’Europe. Dans l’ensemble, les personnes interrogées dans le cadre de l’enquête de l’ECFR considèrent les États-Unis comme un « partenaire nécessaire » (44 %), avec lequel ils « doivent coopérer stratégiquement » sur la scène internationale. Les personnes interrogées en Pologne et au Danemark sont les plus susceptibles de voir les États-Unis comme un allié qui partage « leurs valeurs et leurs intérêts ». La moitié ou plus des personnes interrogées aux Pays-Bas, en Suède, en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en France et au Portugal pensent toujours que le système politique américain est brisé, tandis qu’en Pologne, en Hongrie et en Italie, des majorités estiment qu’il fonctionne bien, voire très bien.  

● Plus généralement, les Européens voient désormais un monde de partenaires stratégiques plutôt que d’alliances. La réponse la plus donnée lorsque nous avons demandé aux personnes interrogées comment elles caractériseraient tous les autres acteurs mondiaux, y compris, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine, était celle de « partenaires » stratégiques.  

● Un grand nombre de personnes en Europe considèrent la Turquie, plutôt que la Chine, comme le principal adversaire de l’UE. Une majorité des personnes interrogées en France (53 %) et en Allemagne (52 %) considèrent la Turquie comme un « rival » ou un « adversaire » de l’UE à 27. Ce point de vue est également partagé par une pluralité de personnes interrogées aux Pays-Bas (45 %), au Danemark (42 %) et en Suède (40 %). Par ailleurs, plus de 40 % des répondants en Allemagne, au Danemark, en Autriche et en France considèrent la Chine comme un « rival » ou un « adversaire ».  

● Mais ils se méfient toujours de la Chine. Cette position est la plus marquée en Autriche, au Danemark, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suède, où des pluralités sont d’avis que la Chine est un « rival » ou un « adversaire » de leur pays. Il est intéressant de noter que, parmi les États membres interrogés, la Bulgarie est le pays le plus favorable  avec deux tiers des répondants (66 %) qui considèrent la Chine comme un « allié » ou un « partenaire nécessaire ». Les personnes interrogées en Hongrie (50 %), en Italie (48 %) et en Pologne (48 %) ont également exprimé une certaine amitié à l’égard de Pékin. Plus de 40 % des personnes interrogées en France, au Danemark, en Allemagne et en Autriche considèrent la Chine comme un « rival » ou un « adversaire ». 

● De nombreux Européens souhaiteraient que l’UE critique la Turquie et la Chine lorsqu’elles enfreignent les droits humains, l’État de droit ou les valeurs démocratiques. En ce qui concerne les violations turques, les personnes interrogées aux Pays-Bas (à 69 %), en Autriche (66 %), en Allemagne (63 %), au Danemark (63 %) et en Suède (61 %) sont les plus susceptibles de dire qu’elles souhaitent une position plus ferme de la part des dirigeants à Bruxelles. En ce qui concerne les violations du droit international par la Chine, les personnes interrogées au Danemark (60 %), en Suède (58 %) et aux Pays-Bas (58 %) sont les plus susceptibles d’exiger une critique plus forte de Pékin. En France, les critiques à l’égard de la Turquie (57 %) sont plus répandues que celles à l’égard de la Chine (45 %). 

● Cependant, il existe un clivage Est/Ouest perceptible à l’égard de la prise de parole concernant les violations du droit international par la Chine. Dans l’ensemble, l’ECFR a constaté que les personnes interrogées en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède, au Danemark, au Portugal et en Autriche étaient les plus favorables à ce que l’UE adopte une position plus ferme à l’égard de Pékin sur les violations des droits humains, de l’État de droit et des valeurs démocratiques. C’était l’inverse en Bulgarie et en Hongrie, où une pluralité de personnes interrogées ont indiqué qu’elles préféreraient que l’UE donne la priorité au commerce plutôt qu’aux affaires intérieures de la Chine. 

● La Russie n’est pas considérée comme un « rival » ou un « adversaire », mais plutôt comme un « partenaire nécessaire » par de nombreux Européens. Une pluralité de répondants, dans l’ensemble des 12 États membres interrogés par l’ECFR, voient la Russie comme un « partenaire nécessaire » pour leur pays sur la scène internationale. En Bulgarie et en Italie, cette opinion est partagée par une majorité de personnes sondées. Fait remarquable, seuls 17 % des répondants au sondage de l’ECFR considèrent la Russie comme un adversaire  un chiffre qui tombe à 5-7 % chez les Bulgares, les Italiens et les Portugais.   

● Le Brexit a modifié les perceptions du Royaume-Uni dans certains pays. Dans un seul État membre (le Danemark), une pluralité de personnes interrogées décrivent le Royaume-Uni comme un « allié », mais il s’agit encore d’une opinion minoritaire (39 %). L’opinion dominante, dans tous les pays interrogés, est que le Royaume-Uni est un « partenaire nécessaire ». Ailleurs, 1 Allemand sur 4, et environ 1 Autrichien, Français et Espagnol sur 5, considèrent désormais le Royaume-Uni comme un « rival » ou un « adversaire » de leur pays après le Brexit. En France, un tiers (33 %) des personnes interrogées ont déclaré considérer la Russie comme un « rival » ou un « adversaire » de leurs pays sur la scène mondiale. 

Dans leur rapport qui analyse ces résultats, Susi Dennison et Jana Puglierin affirment que les Européens « font une distinction entre le besoin de coopération et de solidarité au niveau européen, et leur confiance dans le fait que l’UE tienne ses promesses ». Elles affirment que, même si le projet européen bénéficie toujours d’un fort soutien dans de nombreux États membres, les dirigeants à Bruxelles ne doivent pas considérer cela comme acquis. En outre, elles affirment que le consensus public en faveur d’une plus grande coordination sur les questions internationales, telles que le Covid-19, est limité dans sa portée et a peu de chances de se maintenir en cas de « nouvel échec ». 

La base est donc fragile, mais porteuse d’opportunités, selon Susi Dennison et Jana Puglierin. Elles affirment que les dirigeants de l’UE ont l’occasion, lors des prochains sommets du G7, de l’OTAN et le sommet UE-USA, de « relancer » le projet européen et de « regagner » la confiance des citoyens européens. Pour y parvenir, ils doivent toutefois s’abstenir de tout nouvel excès institutionnel et construire la souveraineté européenne autour de questions qui intéressent les citoyens européens, telles que les droits humains, l’État de droit et les valeurs démocratiques. Si les dirigeants européens y parviennent, et s’ils maintiennent l’engagement du bloc envers le multilatéralisme, Susi Dennison et Jana Puglierin pensent que l’UE a toutes les chances de devenir un leader attractif, fondé sur des valeurs, sur la scène internationale. 

Susi Dennison, co-autrice de l’étude, directrice du programme Europe puissance de l’ECFR, déclare que : 

« La gestion de la pandémie de Covid-19 par l’UE a sapé la confiance dans sa capacité à agir face à une crise. La méfiance croissante à l’égard du projet européen va au-delà des électeurs eurosceptiques et s’est infiltrée dans le grand public. Comme le montrent nos données, la confiance en la nécessité d’une coopération européenne est la plus faible parmi les citoyens du moteur franco-allemand. L’UE doit de toute urgence muscler son jeu si elle veut survivre. 

Les citoyens ayant été particulièrement déçus par le programme de vaccination de l’UE contre le Covid, la Commission ne peut se permettre de commettre les mêmes erreurs alors qu’elle orchestre la relance économique de l’Union. Le fonds de relance, en favorisant une croissance verte et inclusive, pourrait être la prochaine réussite de l’UE. » 

Jana Puglierin, co-autrice et directrice du bureau de Berlin de l’ECFR, ajoute : 

« La crise actuelle du Covid-19 a été une tempête difficile à surmonter pour les régions du monde entier. Mais, pour l’UE, cela est devenu un défi existentiel. Après avoir surmonté la crise financière, la crise des réfugiés, et avec le Brexit dans sa phase finale, cette pandémie mondiale a donné au projet européen l’occasion de faire ses preuves. C’était l’occasion pour l’Europe de montrer qu’elle pouvait diriger la communauté internationale et contribuer à façonner les réponses mondiales à la crise. 

Mais, comme le montrent nos données, les dirigeants de Bruxelles ont laissé passer cette occasion, à la grande déception des Européens. Le passage du « doute de soi » à la « confiance en soi », dont Ursula von der Leyen a parlé en 2019, n’a pas réussi à se manifester et une crise de confiance s’est au contraire installée. 

Si l’UE veut surmonter la prochaine étape de la pandémie, et tout autre défi pouvant porter atteinte à sa légitimité, il est impératif qu’elle écoute ses citoyens. Les Européens veulent un leadership décisif qui donne la priorité au multilatéralisme et qui préconise et défend leurs valeurs et leurs intérêts sur la scène mondiale. Les hauts responsables de l’UE feraient bien d’écouter et d’agir en conséquence lors des sommets clés de ce mois-ci, car ils n’auront peut-être pas d’autre occasion de le faire. » 

La recherche pour cette publication est sponsorisée par le soutien de Stiftung Mercator au projet Re:shape Global Europe

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