La Chine : un « acteur responsable » ?

Les espoirs occidentaux de voir la Chine prendre plus de responsabilités dans la gestion des crises internationales risquent d’être déçus

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Les espoirs occidentaux de voir la Chine prendre plus de responsabilités dans la gestion des crises internationales risquent d’être déçus.

Ce dernier numéro de China Analysis, publiée par l’ECFR et Asia Centre, conclut que la « culture de la réticence » chinoise, un terme emprunté à la politique étrangère allemande, l’empêchera de devenir un « acteur responsable ». La Chine ne contribuera à résoudre les crises internationales que lorsque ses intérêts nationaux seront directement menacés, et lorsqu’elle n’aura pas la possibilité d’agir comme un  « passager clandestin ». Pékin ne s’engage qu’après avoir mûrement réfléchi et pris toutes les précautions. Son implication est motivée principalement par la volonté de protéger ses propres intérêts et d’améliorer son image internationale.

Cette note montre notamment que les analystes chinois suspectent les Etats Unis de comploter pour l’attirer dans le vortex de l’Irak et du Moyen Orient.

La Chine et les crises internationales : « la culture de la réticence » analyse les stratégies chinoises en Afghanistan, en Irak, au Mali, au Pakistan et en Ukraine, en décrivant les soupçons entretenus par la Chine sur les intentions des autres puissances. Cette note montre notamment que les analystes chinois suspectent les Etats Unis de comploter pour l’attirer dans le vortex de l’Irak et du Moyen Orient.

Cette note fait plusieurs propositions :

  • La Chine va devoir s’engager non militairement dans le processus de paix en Afghanistan, le retrait des troupes européennes et américaines pouvant avoir un impact sur la sécurité dans la province voisine du Xinjiang. Ceci pourrait faciliter le terrorisme et le narcotrafic à l’intérieur même des frontières chinoises, mais aussi menacer la sécurité des investissements chinois dans les industries et les projets d’infrastructures d’extraction en Afghanistan.
  • La menace du terrorisme islamiste a poussé Pékin à contribuer aux opérations de maintien de la paix de l’ONU au Mali pour protéger ses investissements dans la région.
  • Le Pakistan revêt une importance stratégique pour la Chine, et les relations militaires et commerciales entre les deux Etats sont très étroites depuis plus d’une soixantaine d’années. Cependant, et malgré une coopération accrue dans la lutte contre le terrorisme, la création d’un couloir économique donnant à la Chine l’accès à la mer d’Oman et à l’océan Indien est freinée par un équilibre fragile.
  • Alors qu’il est encore difficile d’évaluer l’impact de la crise ukrainienne, certains analystes pensent que l’économie chinoise va bénéficier de la mise en œuvre des sanctions européennes et américaines contre la Russie.

Dans l’introduction, François Godement, directeur du programme Asie et Chine du Conseil européen – ECFR, ajoute : « La Chine n’a pas d’amis, elle a des intérêts, et ces intérêts lui suggèrent avant tout d’être prudente. L’idée générale est que la Chine est trop modérée pour agir comme une grande puissance, et décide de s’engager au cas par cas et de manière très sélective. Peut-être plus important encore, elle réserve sa force militaire à son voisinage immédiat. »

L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.