Pour la défense de l’Europe :  Pourquoi l’UE a besoin d’un pacte de sécurité avec l’Ukraine

Ce rapport affirme que l’UE et ses membres devraient conclure des « pactes de sécurité » avec des pays tels que l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie

President of EU Commission Ursula von der Leyen, Ukranian president Volodymyr Zelensky and EU High Representative Josep Borrell meet last April in Kyiv
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Points essentiels à retenir :

  • Le soutien à la sécurité et autres formes d’aide fournis par les partenaires occidentaux de l’Ukraine ont fait une différence concrète dans la capacité du pays à résister à l’invasion de la Russie en 2022 et, dans certains cas, à reprendre des territoires.
  • Si l’UE avait établi un pacte de sécurité fournissant de l’assistance en matière de sécurité dans toute une série de domaines, l’Ukraine aurait pu résister plus fortement.
  • Un pacte de sécurité aurait permis aux Européens d’envoyer plus de soutien à l’Ukraine, car ils auraient déjà répondu à des questions majeures sur la façon de répondre à une attaque russe.
  • Une planification conjointe entre les forces armées européennes et l’industrie de défense ukrainienne en vue d’organiser le remplacement d’armements permettrait de libérer des équipements à fournir à l’Ukraine.
  • L’UE devrait envisager d’établir des pactes de sécurité avec la Moldavie et la Géorgie, qui sont également vulnérables face à l’agression russe.

L’annexion illégale par la Russie de quatre régions ukrainiennes, plus de sept mois après le début de la guerre contre l’Ukraine, est un nouveau rappel de l’importance du soutien à l’Ukraine dans le domaine de la sécurité de la part des partenaires occidentaux. Depuis le début de la guerre, l’UE et les capitales européennes ont pris des mesures plus fermes qu’elles n’auraient pu le faire par le passé. De nombreux chefs d’État et de gouvernements européens ont déclaré que la Russie ne devait pas gagner cette guerre, car une telle victoire ne ferait qu’entraîner d’autres pays, et finalement l’UE elle-même, dans la ligne de mire de l’impérialisme russe.

Dans nouveau rapport publié aujourd’hui, Gustav Gressel, chercheur à l’ECFR, affirme que l’UE et ses membres devraient conclure des « pactes de sécurité » avec des pays tels que l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie. Ces pactes impliqueraient que l’UE coopère avec ces pays dans des domaines allant de la lutte contre le blanchiment d’argent au renforcement de l’État de droit, en passant par le soutien à la réforme des services de renseignement et le renforcement de la cybersécurité, ainsi qu’une coopération renforcée dans le domaine, écrit-il.

L’attention et la demande de l’opinion publique se sont déplacées de façon spectaculaire vers la fourniture d’armements, et la guerre a révélé les faiblesses de l’Europe dans ces domaines. Il est donc parfois difficile d’aider l’Ukraine et d’autres voisins à l’Est avec l’ampleur et la rapidité que la situation l’exige. C’est pourquoi l’UE et les États membres doivent accroître leurs capacités afin d’être en mesure d’aider les autres. Ils devraient envisager d’adopter les recommandations suivantes:.

  • Renseignement : Afin de fournir des renseignements significatifs et opportuns, les Européens doivent accroître leurs propres capacités dans ce domaine à l’égard de la Russie. Le prélude à la guerre a révélé des déficits considérables. S’ils y parviennent, ils pourront passer de l’exploitation du renseignement civil au renseignement militaire.
  • Cybersécurité : Dans ce domaine, la coopération avec l’Ukraine et la Moldavie progresse régulièrement, bien que les menaces évoluent aussi rapidement. Même si le cyber-conflit ne soit pas entièrement visible, l’études des efforts dans ce domaine après la guerre orientera les futurs programmes de coopération et le développement de capacités.
  • Assistance militaire « douce » : Le rôle crucial joué pendant la guerre par les chefs militaires des forces armées ukrainiennes devrait inciter les responsables politiques à proposer ce type de formation aux autres pays du partenariat oriental. Les échanges militaires et les exercices conjoints sont désormais un processus d’apprentissage à double sens, notamment avec l’Ukraine, dont les forces armées ont beaucoup à apprendre à leurs homologues occidentaux. Aucune autre armée ne possède ce type d’expérience au combat.
  • Coopération militaire « dure » : Les livraisons d’armes militaires doivent augmenter en raison de la récente mobilisation de la Russie. À court terme, les Européens doivent mieux coordonner leurs livraisons de matériel disponible à Kiev. Ils doivent ensuite accroître leurs capacités industrielles de défense, et pas seulement pour aider l’Ukraine à continuer une guerre industrielle contre la Russie. Après la guerre, la coopération industrielle en matière de défense, notamment avec l’Ukraine, pourrait réduire les coûts de transition des armées du partenariat oriental vers des systèmes d’armes compatibles avec ceux de l’Occident.

Le bloc n’a pas encore conclu de tels accords, mais le soutien que certains États ont apporté à l’Ukraine et à d’autres permet de préciser ce qu’il convient d’inclure dans ces accords. L’expérience directe de la guerre devrait également, de manière plus radicale, faire de même. L’UE devrait appliquer ces leçons à l’Ukraine mais aussi à d’autres États vulnérables, comme la Moldavie et la Géorgie. Les partenaires d’Afrique du Nord et d’ailleurs dans le voisinage de l’Europe pourraient également bénéficier de la large applicabilité du modèle du pacte de sécurité.

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