Devenir un partenaire plus fort : Comment les Européens peuvent tirer parti du Conseil “Commerce et Technologie” UE-États-Unis

Ce rapport fournit des photos symboliques sur les relations entre l’UE et les États-Unis. Ensemble, les États-Unis et l’Union européenne dominent le commerce mondial
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En cette année d’élections, les Européens peuvent avancer sur de nombreux fronts avec les États-Unis en investissant davantage dans le Conseil Commerce et Technologie. .

Il est temps d’investir

Les quatre longues années de relations transatlantiques tendues sous Donald Trump ont contribué à la naissance du Conseil “commerce et technologie”, ou CCT (Trade and Technology Council, TTC) entre l’UE et les États-Unis, qui se réunit à nouveau le 30 janvier.

Le CTT s’est déjà réuni quatre fois et a contribué à obtenir des résultats modestes mais tangibles sur des questions telles que l’intelligence artificielle, la technologie quantique et les technologies vertes. Il y a eu peu de progrès sur les questions commerciales, principalement en raison de la réticence des États-Unis à négocier.

Toutefois, la perspective d’un retour de Trump et d’un paysage européen eurosceptique après l’élection du Parlement européen en juin, alimente la tentation de faire une pause et de voir venir. Les attentes à l’égard de la prochaine réunion sont faibles de part et d’autre de l’Atlantique. Pourtant, les temps tumultueux qui s’annoncent devraient plutôt persuader les Européens d’investir dans le CCT, tant qu’il est encore temps. Alors que son poids économique et sa compétitivité déclinent, l’Union européenne doit donner un nouvel élan au dialogue.

Comment procéder

Les États-Unis ont identifié un certain nombre de points essentiels à leur sécurité économique. L’UE devrait veiller à ce que le CTT contribue à répondre à ces priorités. Ce faisant, elle peut renforcer sa propre position et se présenter comme un partenaire plus solide pour les États-Unis.

L’une de ces questions est la gouvernance de l’IA. L’année dernière a été marquée par une multitude de dialogues internationaux sur la gouvernance de l’IA : à l’OCDE, au G7 au Japon et au sommet sur la sécurité de l’IA organisé par le Royaume-Uni. Ces dialogues ont révélé une étonnante convergence de vues. En priorité, l’UE devrait présenter le CCT comme un moyen de se coordonner pour mettre en place un système mondial de gouvernance en faveur d’un IA responsable. Le prochain Sommet pour l’avenir , parrainé par les Nations unies, offre une plateforme permettant de valoriser une telle approche conjointe UE-États-Unis.

Les semi-conducteurs et la technologie quantique sont également une priorité pour les États-Unis. Investir dans le CCT pourrait aider à protéger l’UE des retombées extraterritoriales de l’unilatéralisme américain, comme on l’a vu avec la lithographie des semi-conducteurs au cours des deux dernières années. Par exemple, l’UE peut réduire le risque de se retrouver effectivement soumise aux  évaluations de risque américaines en présentant ses propres évaluations sur les technologies critiques à la table du CCT.

Mais l’UE doit également s’adapter de toute urgence pour faire face aux nouveaux défis. Tout d’abord, les États membres devraient partager plus d’informations avec la Commission européenne et l’habiliter davantage en matière de contrôle des exportations, comme le suggère le livre blanc de la Commission sur la sécurité économique publié la semaine dernière (voir notre récente alerte politique).

En outre, les décideurs européens devraient encourager les Etats membres à se saisir davantage du CCT. Ils peuvent y parvenir en rationalisant les discussions sur la sécurité économique et la technologie européennes au sein des structures du Conseil. L’actuelle présidence belge du Conseil a présenté quelques idées judicieuses pour y parvenir, notamment en introduisant des débats d’orientation sur la diplomatie numérique au sein des conseils des affaires étrangères et des télécommunications. Cela renforcera les préparatifs européens pour le CCT.

Investir dans le CCT ne garantit pas en soi qu’il survivra à cette année d’élections. Mais l’institutionnalisation du CCT servirait les intérêts européens et américains. Outre les améliorations techniques, en renforcant l’implication de la Commission et l’engagement politique des États membres, l’UE – par le biais du CCT – peut s’assurer que les décideurs européens sont en mesure d’avoir une influence sur le développement de l’IA, de l’informatique quantique et des semi-conducteurs.

Quand une réunion n’en est pas une

Une preuve des faibles attentes concernant la prochaine réunion du CCT est la façon dont elle n’est même pas officiellement présentée comme étant la cinquième réunion, mais simplement comme une consultation intérimaire sans conclusions écrites formelles. Il est possible qu’une cinquième réunion formelle ne soit programmée que pour la fin du mois d’avril.

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