Comment la politique climatique européenne peut survivre à la guerre en Ukraine

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Dans son rapport, la directrice du programme Europe puissance de l’ECFR, Susi Dennison, analyse comment la politique climatique européenne peut survivre à la guerre en Ukraine. Alors que l’invasion russe a fragilisé les engagements des gouvernements européens pour les objectifs climatiques de l’UE, les dirigeants européens doivent voir le défi climatique comme une problématique de souveraineté énergétique européenne – et non pas nationale.

Le risque existe que la transition de l’UE vers l’indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie éclipse la transition vers des sources d’énergie propres. Les dirigeants de l’Union font face à trois défis dans ce domaine :

  • Réduire rapidement la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, ce qui permettra aux Etats membres de mettre sous embargo les importations de pétrole et potentiellement de gaz russe
  • Construire des partenariats avec des pays tiers pour protéger la sécurité énergétique européenne au long terme ;
  • Mettre en place le paquet « Fit for 55 » pour donner vie au European Green Deal

Les efforts qui ont été faits sur ces trois sujets ont participé à un pic des prix de l’énergie en Europe. Ils requièrent d’importants investissements, dans l’infrastructure, le soutien social pour les ménages et les entreprises en difficulté, et le capital politique et diplomatique.

Mais si l’UE a maintenant une opportunité de concentrer les attentions sur le défi climatique à moyen terme, le développement de la transition énergétique de l’UE va largement dépendre des politiques nationales dans ses Etats membres pour faire face à une transition énergétique douloureuse et duale – pour s’éloigner de la dépendance à la Russie et aux énergies fossiles. Les différents Etats membres et groupes politiques favorisent des solutions également différentes pour faire face à ce trilemme et il sera difficile de trouver un équilibre.

Pour comprendre les perspectives des Etats membres sur la transition énergétique et leur capacité à y faire face, le réseau de chercheurs associés de l’ECFR a mené en mars 2022 une étude auprès de décideurs politiques et d’analystes. Cette étude a exploré les façons dont ces Etats membres influencent les visions des uns et des autres, travaillent vers un but commun, et espèrent étendre ces relations de coopération.  

Les conclusions de cette étude suggèrent que les Etats membres acceptent la logique consistant à mettre les énergies propres au cœur de la transition de l’UE, réduisant leur dépendance à la Russie. Cependant, ils devront renchérir ces efforts grâce à leur leadership politique, la pression des pairs, la mise en commun des ressources et des déclarations de soutien aux investissements pour l’efficience énergétique et l’énergie propre.

« Le gouvernement allemand n’a pas apporté – du moins, pour le moment – le leadership visionnaire sur les questions énergétiques que nombre d’Européens espéraient… La France doit saisir l’opportunité de créer une dynamique avec les autres Etats membres, en partenariat avec les présidences de l’UE à venir, pour les rassembler derrières les dimensions de l’agenda de souveraineté qu’Emmanuel Macron a soutenu durant son premier mandat : le climat et l’énergie. En ce sens, la France a des partenaires volontaires comme le Danemark, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, le Portugal et l’Autriche », dit Susi Dennison.

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