L’accord nucléaire et le voisinage de l’Iran

La perspective d’un Iran moins isolé ne sera peut-être pas bien accueillie par ses voisins plus extrêmes

Publication cover

La série d’essais qui compose le nouveau numéro de Gulf Analysis de l’ECFR revient sur l’issue des négociations sur le programme nucléaire iranien et la poursuite du conflit en Syrie en expliquant qu’ils obstruent  l’amélioration des relations entre Téhéran et ses voisins régionaux.

La sortie de l’impasse nucléaire et le démantèlement des sanctions serait une victoire pour le président Rohani.

Les tentatives pour arriver à un accord avec les pays du E3+3 (Allemagne, France, Grande Bretagne, Etats Unis, Russie et Chine) sur le programme nucléaire iranien sont au cœur de la présidence de Rohani. La sortie de l’impasse nucléaire et le démantèlement des sanctions serait une victoire pour le président. Cependant, la perspective d’un Iran moins isolé ne sera peut-être pas bien accueillie par les extrémistes à Riyadh ou à Jérusalem, et réorganiser les relations avec eux et les autres voisins sera également un défi majeur pour Téhéran.

L’E3+3 et l’Iran ont réussi à séparer les négociations sur le nucléaire iranien du conflit en Syrie et en Irak. L’émergence d’une menace commune venant de l’Etat Islamique, et les volontés occidentales de coopération régionale et de conciliation avec l’Iran ont suscité des réactions mitigées dans le Golfe. Les auteurs qui ont contribué au dernier numéro de Gulf analysis évaluent les relations de l’Iran avec l’Arabie Saoudite, Israël, le groupe restreint des Etats du Conseil de Coopération du Golfe, la Turquie et le Hezbollah :

  • Kirk Sowell décrit l’optimisme prudent dont a fait preuve Riyadh au sujet du nouveau président Rohani, qui a laissé place à la crainte d’un rapprochement américain avec l’Iran. L’extension des négociations nucléaires des pays de l’E3+3 a accentué les rivalités entre Riyadh et Téhéran, alors que le CCG n’a pas réussi à garder un front uni face à une prétendue menace iranienne.
  • Shlomo Brom ajoute qu’Israel pense que le report de la date limite à la mi-2015 est une tentative de l’Iran pour gagner du temps et pouvoir construire une arme nucléaire, Rohani n’étant pas responsable de la politique de sécurité de l’Iran. L’opinion dominante au sein du gouvernement israélien s’oppose à un accord nucléaire et travaille activement avec le parti Républicain au Congrès américain pour empêcher de nouvelles avancées.
  • Andrew Hammond note que les plus petits Etats du CCG entretiennent une relation moins difficile avec l’Iran, mais ils se tournent vers les Etats Unis pour recevoir leur approbation avant de nouer des liens plus étroits. Il pointe du doigt l’approche conciliatrice de l’UAE envers Téhéran et l’amélioration de leurs relations économiques, les liens stratégiques du Qatar à travers le partage de propriété des actifs du gaz, la souveraineté partagée du Détroit d’Ormuz avec Oman et les récents accords commerciaux entre le Koweït et l’Iran.
  • Ziya Meral avance quant à lui que la coopération économique et de sécurité croissante entre la Turquie et l’Iran n’a pas abouti à un alignement des priorités politiques avec le Moyen Orient au sens large. Ankara s’oppose au régime d’Assad en Syrie, mais Téhéran le soutient. Cependant, les inquiétudes concernant la sécurité des frontières turques vis-à-vis de l’Etat Islamique peuvent être centrales pour sa future relation avec l’Iran.
  • Aurelie Daher pense qu’un engagement commun pour la survie du régime d’Assad et pour la lutte contre l’Etat Islamique signifie que la relation politique et paramilitaire du Hezbollah avec l’Iran n’est pas prête de changer au cours des prochaines années. Ce groupe terroriste est fondamentalement lié au Guide Suprême iranien.

L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.