China Analysis: la fin du principe de non-ingérence?

Une analyse des intérêts chinois au Moyen-Orient

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Le rôle de la Chine sur la scène mondiale est en pleine mutation. Mais le pays peine à concilier son approche traditionnelle de non-ingérence avec une présence économique grandissante à travers le monde. Les relations de la Chine avec l’Iran, ou la réaction chinoise à la crise syrienne constituent les exemples les plus frappants de la façon dont la Chine est en train de repenser sa politique extérieure. Ce débat éclaire également la façon dont la Chine définit ses intérêts au Moyen Orient, et pourquoi Pékin hésite à soutenir les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur des problèmes tels que la question syrienne. La dernière édition de China Analysis: « La fin du principe de non-ingérence ? », publiée conjointement par l’ECFR et l’Asia Centre, examine la politique étrangère chinoise envers l’Iran, le Soudan, la Syrie, la Corée du Nord et la Birmanie. Elle met en lumière le riche débat ayant lieu au sein de la sphère chinoise de la politique étrangère à propos des ambitions et des responsabilités globales de la Chine.

 

  • Les relations entre la Chine et la Syrie : Le véto chinois à l’ONU sur la question syrienne peut être interprété comme un symbole du nouveau rôle de la Chine sur la scène internationale. Si les analystes chinois conviennent du fait que la fin de la violence en Syrie doit constituer l’objectif ultime, ils sont en désaccord avec l’Occident quant à la manière de procéder pour atteindre cet objectif. Plus fondamentalement, les penseurs chinois perçoivent la notion de la « responsabilité de protéger » comme étant un concept dangereux et vague visant à légitimer des « changements de régime ». Les vétos chinois ont aussi pour but de montrer à l’Occident que la politique étrangère chinoise repose sur des fondements solides tels que le respect pour le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays. Yan Xuetong par exemple estime qu’il est dans l’intérêt de la Chine de bloquer les résolutions du Conseil de Sécurité : cela permet de détourner l’attention et les capacités d’action américaines d’Asie, réduit le risque d’une guerre entre les États-Unis et l’Iran et renforce le partenariat entre Pékin et Moscou.

 

  • Les relations entre la Chine et l’Iran : La quête chinoise pour la sécurité énergétique l’a amenée à se rapprocher de l’Iran ces dix dernières années. Cependant, les experts chinois sont conscients du fait que ce rapprochement a également pour effet d’impliquer la Chine dans la controverse entourant le programme nucléaire iranien. Malgré les appels répétés des États-Unis et de l’UE à jouer un rôle plus actif dans la résolution de la crise nucléaire iranienne – en particulier concernant l’application des sanctions – les analystes chinois pensent que cela va à l’encontre des intérêts chinois. Ils préconisent plutôt que la Chine continue de poursuivre ses propres intérêts économiques et de sécurité dans la région, sans prêter attention aux critiques à l’étranger. Toutefois, les académiques chinois sont optimistes quant à l’avenir des relations entre la Chine et l’Iran. Par exemple, Zhao Kejin pense que le nouveau président iranien, M. Rohani, perçoit la Chine comme une « opportunité stratégique » lui permettant de surmonter l’impasse diplomatique dans laquelle l’Iran se trouve avec l’Occident.

 

La non-ingérence a pu entraver la diplomatie chinoise en empêchant des réponses adroites en fonction des situations et en protégeant un mode de pensée rigide. Mais effectuer la transition vers une politique plus engagée, n'ayant pas peur de cliver et de favoriser des résultats internes particuliers ouvre grand la porte aux doutes et à des approches différentes. Petit à petit, les stratèges chinois découvrent les dilemmes d'une puissance impériale – François Godement

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