Un accueil plus chaleureux : Comment aborder les solutions africaines à la guerre entre la Russie et l’Ukraine ?  

Les dirigeants africains se sont donné pour mission de mettre fin à la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Les dirigeants européens ne doivent pas ignorer cet effort.

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Une opportunité de s’impliquer 

Ce week-end, sept présidents africains, dont le président de l’Union africaine, se rendent en Ukraine et en Russie pour tenter d’enclencher un dialogue constructif entre les deux pays. Selon certaines sources, les gouvernements européens se montreront prudents dans leurs réactions à cette initiative. Par le passé, les décideurs politiques de l’Union européenne n’ont réagi qu’avec tiédeur aux propositions de paix émanant de l’extérieur de l’Europe, telles que celles du Brésil, craignant qu’elles n’accordent trop de concessions à la Russie. 

Toutefois, cette nouvelle initiative de médiation offre la possibilité de rassembler les points de vue européens et africains dans le cadre d’un dialogue, et de contribuer à préparer le terrain pour une structure de soutien mondiale plus large en vue d’éventuelles négociations de paix. 

Le risque est que cette initiative ne soit qu’une visite ponctuelle et qu’elle ne fasse que renforcer l’impression – ce que les Européens craignent – que d’autres parties du monde ne comprennent pas que la responsabilité du conflit est entièrement imputable à Moscou. 

Bienvenue – et préparez-vous à investir 

Les gouvernements européens sont peut-être beaucoup trop prudents. Une délégation comprenant l’UA et les chefs de six autres États africains importants, y compris certains considérés auparavant comme complaisants avec la Russie, représente une reconnaissance cruciale du point de vue de l’Ukraine. Auparavant, des hauts fonctionnaires de l’Ouganda, de l’Afrique du Sud, entre autres, refusaient de voir la guerre en Ukraine comme une guerre par procuration entre la Russie et l’Occident. Depuis février 2022, un seul chef d’État africain s’est rendu à Kiev – alors que d’autres se sont rendus à Moscou. 

Les gouvernements européens devraient accueillir publiquement l’initiative africaine cette semaine puis, se préparer à s’investir plus fermement si l’effort de médiation africain se dessine plus clairement. Les Européens pourraient également conseiller et aider l’Ukraine dans sa volonté actuelle de nouer de nouvelles relations en Afrique, où elle ouvre de nouvelles ambassades. En parallèle, l’UE devrait intensifier ses échanges diplomatiques avec l’UA sur les voies possibles vers la paix et pour atténuer les conséquences économiques de la guerre sur les économies africaines. 

Un continent sous pression 

Les économies africaines ont subi de graves chocs de prix dus à l’inflation mondiale, que la guerre a exacerbés, en particulier pour les denrées alimentaires et les engrais. Après leur visite à Kiev, les présidents devraient discuter avec Vladimir Poutine à Moscou de l’accord sur les céréales en mer Noire, qu’il a menacé de quitter le mois prochain. 

Plus généralement, de nombreux membres de l’UA se sont abstenus de voter les résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant l’agression russe, certains d’entre eux présentant cette position comme une forme de « non-alignement ». Les décideurs européens craignent que cela ne cache une position implicite pro-russe de la part de nombre de ces États. L’Afrique du Sud est particulièrement suivie de très près, notamment par les États-Unis, en raison de soupçons de livraisons d’armes et de la poursuite de sa coopération militaire avec la Russie. Elle subit également des pressions concernant le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale à l’encontre de M. Poutine : le dirigeant russe doit se rendre à Johannesburg pour le sommet des BRICS en août, et l’Afrique du Sud serait obligée d’arrêter M. Poutine. Par ailleurs, l’Afrique du Sud envisage de relocaliser le sommet en Chine. Du point de vue du président sud-africain Cyril Ramaphosa au moins, l’accélération de l’initiative de paix peut faire partie de la réponse aux perceptions occidentales. 

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