La visite de Xi Jinping en Europe
Le président chinois Xi Jinping est en visite officielle en Europe du 22 mars au 1er avril: quelles attentes et quelles opportunités pour les Européens?
Le 22 mars, le président chinois Xi Jinping est arrivé en Europe pour un déplacement de onze jours. Des Pays-Bas à Bruxelles, en passant par la France puis l’Allemagne, c’est un voyage aux nombreuses premières fois pour le président : il s’agit de son premier voyage officiel en Europe depuis qu’il assume la présidence ; la première fois qu’un président chinois se rend aux Pays-Bas depuis que les deux Etats ont établi des liens diplomatiques en 1972 ; la première fois que Xi Jinping s’apprête à participer à un sommet sur la sécurité nucléaire ; et la première fois qu’un président chinois visite les institutions de l’Union européenne à Bruxelles, où Xi Jinping a prévu de rencontrer le président du Conseil européen Herman Von Rompuy, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, et le président du Parlement européen Martin Schulz, entre le 31 mars et le 1er avril.
La sécurité nucléaire et le renforcement des relations économiques et commerciales entre la Chine et les membres du l’UE font partie des priorités. Cette visite a fait naître de grandes attentes des dirigeants européens et chinois, notamment sur l’amélioration des liens économiques et l’accélération des négociations sur un accord d’investissements entre l’Union européenne et la Chine. Dans cette perspective, l’agence Reuters a rapporté qu’un contrat de vingt millions de dollars pourrait être signé entre la délégation chinoise et Airbus durant la visite de Xi.
Mais alors que ces onze jours sont porteurs d’espoir pour l’amélioration des relations économiques et politiques entre la Chine et l’Europe, l’Ukraine est probablement l’une des raisons les plus importantes pour laquelle la visite de Xi n’aura pas les résultats inattendus. Bien que la Chine ne soutienne pas officiellement la Russie sur le dossier de la Crimée, elle n’a pas (encore) exprimé un soutien clair aux Occidentaux (bien que son abstention lors du vote sur le référendum en Crimée ait constitué un premier pas). La Chine a intérêt à se maintenir en dehors de ce conflit et à garder une posture ouverte. Les dirigeants européens et américains tenteront sûrement d’influencer les Chinois sur le dossier ukrainien, ce qui aura probablement pour effet de limiter les discussions sur d’autres questions économiques et politiques. Il semble aussi probable que cette visite n’aura aucun impact sur la perception chinoise de l’Ukraine. Mais la pression des dirigeants européens est là, et ils saisiront l’occasion de la visite de Xi pour l’amplifier.
Ce n’est sûrement pas ce que la délégation de Xi Jinping avait initialement prévu. Le programme initial est reflété par son agenda, qui est bien plus bilatéral qu’européen. Le président chinois a été accueilli lors de son atterrissage par le roi néerlandais Willem-Alexander et la reine Maxima, et des discussions sont prévues avec le président François Hollande et le premier ministre Jean-Marc Ayrault en France. Xi se rendra ensuite en Allemagne pour rencontrer le président ainsi que la chancelière Angela Merkel. Enfin, il retrouvera le premier ministre belge Elio Di Rupo et le roi Philippe à Bruxelles.
Xi passera deux jours au sein des institutions européennes. La dernière avancée en date est la déclaration récente de la Chine, affirmant qu’elle allait renoncer à son enquête sur le dumping des vins européens – un geste de bonne volonté avant de se rendre en France et dans l’UE, ce qui laisse probablement présager un adoucissement de l’UE sur les enquêtes concernant des subventions aux compagnies de téléphone mobiles chinoises, Huawei et ZTE. Un accord a aussi été obtenu très récemment à propos du polysilicone – un produit exporté par l’UE en Chine, au sujet duquel Pékin a créé des tensions, suite aux mesures mises en place par l’UE concernant les panneaux solaires.
Avec tant d’opportunités de coopération en jeu, la visite de Xi Jinping à Bruxelles est une excellente occasion pour montrer que les Européens peuvent agir ensemble, même avant un remaniement à la Commission. Cela donnerait également plus de poids à tout appel européen à la Chine au sujet de l’Ukraine.
L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.