Sommet en Corée : une répétition avant la rencontre entre Trump et Kim Jong-un

La venue du leader nord-coréen en Corée du Sud ce vendredi se déroule quelques semaines avant la rencontre très attendue avec Donald Trump, un casse-tête logistique et politique.

 Le lieu rencontre entre Kim Jong-un et Donald Trump se fera sans doute  dans la zone démilitarisée de Corée selon Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique.
Le lieu rencontre entre Kim Jong-un et Donald Trump se fera sans doute dans la zone démilitarisée de Corée selon Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. AFP/ Korea Summit Press Pool

    Une sorte d'avant-goût. Le sommet entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, qui se tient ce vendredi dans la partie sud-coréenne de la zone démilitarisée à la frontière des deux pays, doit permettre de relancer la coopération entre les deux pays. Mais c'est aussi -voire surtout- une première étape avant la rencontre tant attendue entre Kim Jong-un et Donald Trump, prévue fin mai ou début juin. Le sommet coréen a d'ailleurs été préparé en un temps record, alors que d'habitude des mois de négociations sont nécessaires. Selon Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, « ça a créé une atmosphère positive et a permis de débloquer la situation pour annoncer la rencontre entre Trump et Kim. »

    Ce tête-à-tête entre le Président américain et le dirigeant nord-coréen est totalement inédit et sera scruté par le monde entier. Mais si son principe est acté, sa préparation s'annonce ardue, à la fois pour des raisons politiques et sécuritaires. Et à un mois de la date prévue, chaque minute compte.

    Le casse-tête du lieu de la rencontre avec Trump

    Sur le plan logistique, c'est surtout le lieu qui est compliqué à trouver. Kim Jong-un franchira ce vendredi la frontière de son pays pour la deuxième fois seulement depuis son arrivée au pouvoir en 2011, après sa visite en grande pompe à Pékin fin mars. Une rencontre avec Trump dans un pays neutre comme la Suède ou la Suisse lui imposerait donc de voyager loin pour la première fois. Or « il doit être sûr de pouvoir quitter son pays longtemps en sécurité et sans prendre le risque qu'il y ait des problèmes internes en son absence », indique Antoine Bondaz. D'autant que la paranoïa de Kim Jong-un pour sa sécurité pose la question de sa capacité à prendre l'avion.

    A l'inverse, il est difficile d'organiser la rencontre à Pyongyang car ce serait pour Donald Trump faire un cadeau à la Corée du Nord. « C'est beaucoup trop tôt pour le Président Trump pour se rendre à Pyongyang, les États-Unis et la Corée du Nord sont toujours en situation de guerre », rappelle Mathieu Duchâtel, spécialiste de l'Asie au Conseil européen des relations internationales. Sans compter les mesures draconiennes du Secret Service, les gardes du corps de l'hôte de la Maison Blanche qui ont tout pouvoir pour assurer sa sécurité.

    Restent plusieurs options : un pays asiatique (la Mongolie ou la Thaïlande sont évoquées) ou la zone démilitarisée de Corée, « la solution la plus probable car d'un point de vue pratique, le sommet entre les deux Corées viendra de s'y dérouler », estime Antoine Bondaz.

    Quid de l'ordre du jour et des sujets abordés ?

    Au-delà du lieu, le déroulement du sommet sera riche en symboles. De quoi vont parler les dirigeants? Quelle sera la mise en scène? Très peu d'éléments ont filtré pour le moment. Tout juste sait-on que l'ordre du jour et les sujets qui seront abordés sont en négociation. Mais en si peu de temps, un accord précis paraît impossible à obtenir et les diplomates travaillent en réalité sur une simple déclaration conjointe. « Elle fera une page ou deux et rappellera la position et les objectifs des deux pays », anticipe Antoine Bondaz.

    En réalité, « c'est de la communication politique, le sommet institutionnalise des discussions qui se poursuivront pour aboutir à un accord technique dans les prochaines semaines ou les prochains mois », poursuit le chercheur. Car l'annonce récente par la Corée du Nord de l'arrêt de ses essais nucléaires, si elle permet d'apaiser les tensions avant le sommet coréen puis la rencontre avec Trump, n'indique pas que le pays accepte la dénucléarisation. Les nominations de John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump et de Mike Pompeo au secrétariat d'État laissent d'ailleurs planer la menace d'une option militaire. Car ces deux « faucons » ont des positions va t'en guerre.

    D'où l'importance d'aboutir assez vite à un accord précis. « Ce sommet ne signifie pas une amitié soudaine, sa tenue suffit à Kim Jong-un mais Trump a besoin de résultats sur le fond pour qu'il puisse aussi revendiquer une victoire », rappelle d'ailleurs Mathieu Duchâtel. Sauf que l'image de la poignée de mains -probable- entre Donald Trump et Kim Jong-un, filmée par les caméras du monde entier, fera forcément passer au second plan le contenu des échanges.