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Les entreprises allemandes s'inquiètent

Quelque 6.000 entreprises allemandes et 300.000 salariés vivent du commerce avec la Russie. Berlin espère que le pragmatisme prévaudra à Moscou.

Publié le 10 mars 2014 à 01:01

« Adidas est clairement numéro un pour les consommateurs russes. » Il y a de la fierté dans le message d'Herbert Hainer, le patron du groupe d'équipement sportif, mais aussi de l'angoisse. La chute du rouble et les incertitudes liées à la crise ukrainienne « ajoutent un risque considérable pour nos résultats » dans le pays, a-t-il déclaré la semaine dernière. Avec environ un milliard d'euros de ventes, soit 7 % de son chiffre d'affaires, la Russie est devenue un pilier pour Adidas.

Comme la marque aux trois bandes, de nombreuses entreprises allemandes seraient particulièrement affectées par les sanctions économiques envisagées, jeudi, par les chefs d'Etats et de gouvernements européens contre Moscou. Le géant de l'énergie E.ON y puise son gaz et exploite des centrales électriques sur place. Siemens, qui y réalise un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, a une commande de 675 locomotives pour la compagnie ferroviaire nationale d'ici à 2020...

Quelque 6.000 entreprises allemandes et 300.000 salariés vivent du commerce avec la Russie, avec laquelle l'Allemagne a eu l'an dernier des échanges de 76,5 milliards d'euros. Vendredi, le DAX, l'indice phare de la Bourse de Francfort, a cédé 2 %. « Nous sommes économiquement dépendants et étroitement liés », a rappelé, sur la radio Deutschlandfunk, Martin Wansleben, directeur de la Fédération des chambres de commerce allemandes (DIHK).

L'enjeu du gaz et du pétrole

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Pour la chancelière Angela Merkel, qui rencontrera en fin de semaine les patrons allemands, tout l'enjeu est d'utiliser les relations privilégiées de son pays avec la Russie comme base de dialogue et comme levier pour obtenir une solution politique à la crise. Reste à savoir si le président russe Vladimir Poutine sera sensible à cet argument. A la chancelière qui, ce week-end lors d'un entretien téléphonique, lui a affirmé que le référendum sur la Crimée était « illégal », le président russe a répondu que les autorités pro-russes de la péninsule ukrainienne étaient « légitimes ».

L'Allemagne importe environ 35 % de son gaz et de son pétrole de Russie, ce qui la rend particulièrement dépendante. « Inversement, les exportations d'énergie assurent 60 % du budget de l'Etat russe », souligne Stefan Meister, chercheur au Conseil européen des relations extérieures (ECFR). « M. Poutine sait parfaitement qu'il dépend du cash issu des exportations de gaz, ajoute un politicien allemand. S'il coupe le robinet, il devra faire face au mécontentement de sa population, ce dont il ne veut pas. »

Au cours de l'histoire, cet équilibre a fait ses preuves. Même au coeur de la guerre froide, l'Allemagne de l'Ouest a toujours été livrée en gaz par l'Union soviétique.

Correspondant à Berlin Thibaut Madelin

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