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Avec le deuxième mandat d'Andzrej Duda, la Pologne entame une nouvelle séquence de son agenda nationaliste

Loin de chercher à réconcilier le pays, profondément divisé, le président réélu, Andrzej Duda, intronisé jeudi, semble décidé à soutenir l'agenda politique ultraconservateur du gouvernement. Dans la ligne de mire de l'Union européenne, la Pologne n'aura toutefois pas les mains complètement libres.

Le président réélu, Andrzej Duda, a promis durant sa campagne électorale, d'inscrire dans la constitution l'interdiction de l'adoption pour les couples homosexuels.
Le président réélu, Andrzej Duda, a promis durant sa campagne électorale, d'inscrire dans la constitution l'interdiction de l'adoption pour les couples homosexuels. (Wojtek RADWANSKI/AFP)

Par Catherine Chatignoux

Publié le 6 août 2020 à 07:30Mis à jour le 6 août 2020 à 08:45

Andrzej Duda, vainqueur de l'élection présidentielle polonaise du 12 juillet va être intronisé jeudi à Varsovie pour un second mandat de cinq ans. Il l'a emporté d'une courte tête contre son adversaire libéral Rafal Trzaskowski à l'issue d'une campagne électorale brutale qui a encore accentué les divisions internes au pays : entre les jeunes et les plus âgés, entre les villes et les campagnes, entre l'est et l'ouest.

A l'exception de quelques mots d'apaisement dans la foulée de l'annonce de sa victoire, rien ne donne à penser dans les déclarations d'Andzej Duda ni dans le comportement du gouvernement ultra-conservateur de Mateusz Morawiecki que les dirigeants polonais ont l'intention de réconcilier les deux moitiés de la société polonaise.

Diatribes contre la communauté LGBT

Les premiers signaux envoyés par le pouvoir montrent plutôt qu'ils n'ont pas la moindre intention de changer l'orientation de leur agenda politique. Peut-être à tort pour les intérêts futurs du parti dominant Droit et Justice (le Pis) : la nouvelle génération (18-29 ans) a voté massivement - presque 65 %- pour le candidat libéral de l'opposition, au second tour.

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Durant la campagne électorale, le candidat Duda, outre ses diatribes contre la communauté LGBT et contre l'Allemagne avait proposé d'introduire dans la constitution polonaise l'interdiction de l'adoption pour les couples homosexuels.

Conformité du traité

Lundi dernier, le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro , ancien du Pis et aujourd'hui leader d'un petit parti nationaliste allié du gouvernement, a déposé une demande formelle de sortie de la Pologne de la Convention d'Istanbul dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes au prétexte qu'elle justifiait « l'idéologie gay ». Même si le Premier ministre Morawiecki s'est donné un peu de temps en confiant au tribunal constitutionnel le soin de vérifier la conformité de ce traité à la constitution du pays, le parti au pouvoir semble bien décidé à enraciner son action dans une veine conservatrice, identitaire et nationaliste. Certains avancent qu'il pourrait remettre sur la table le projet de durcir encore la loi sur l'avortement en supprimant l'autorisation de pratiquer une IVG dans les cas de malformation du foetus.

La victoire pourrait inciter le pouvoir polonais à purger la justice des magistrats trop jaloux de leur indépendance, à s'attaquer aux médias privés, encore largement libres et aux universités, terreau d'une pensée de gauche et beaucoup trop libertaire aux yeux du Pis. Il pourrait aussi chercher à limiter le pouvoir des collectivités locales, souvent fiefs de l'opposition, sans oublier les ONG, que l'allié hongrois Viktor Orbán n'a de cesse de harceler chez lui .

Dernier rempart

« La domination du parti au pouvoir est assurée au moins pour trois ans puisque les prochaines élections législatives sont prévues en 2023 », constatent Pawel Zerka et Piotr Buras de l'European council on foreign relations (ECFR). De quoi permettre au Pis d'installer dans la durée cette révolution conservatrice initiée en 2015.

L'Union européenne apparaît comme le dernier rempart face à cet agenda. Ces dernières semaines, ses dirigeants ont haussé le ton sur le respect de l'Etat de droit au sein du club des Vingt-sept. Les gouvernements polonais et hongrois sont dans la ligne de mire de Bruxelles depuis longtemps mais cette fois, un lien entre respect des valeurs européennes et accès aux fonds budgétaires a été créé par le Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement.

L'Allemagne a prévenu qu'elle ferait de ce combat pour le respect de la démocratie un des marqueurs de sa présidence de l'Union européenne. La France la suit. En jeu, les dizaines de milliards du fonds de relance européen dont devraient bénéficier Varsovie et Budapest. La Pologne qui a tout particulièrement besoin de l'argent européen pour l'aider à financer sa coûteuse transition climatique devrait y réfléchir à deux fois avant de fixer son futur calendrier de réformes.

Catherine Chatignoux

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