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Ankara et Washington : les raisons de la discorde

L'offensive de Trump contre l'acier et l'aluminium turcs s'ajoute à une longue liste de dossiers empoisonnant les relations entre les Etats-Unis et la Turquie depuis deux ans.

Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan lors du sommet de l'Otan le 11 juillet 2018 à Bruxelles.
Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan lors du sommet de l'Otan le 11 juillet 2018 à Bruxelles. (Tatyana Zenkovich/AP/SIPA)

Par Les Echos

Publié le 10 août 2018 à 18:52Mis à jour le 11 août 2018 à 11:26

Les tensions entre Washington et Ankara ont franchi un nouveau palier ce vendredi avec l'annonce par le président américain Donald Trump d'une forte augmentation des droits de douane sur l'acier et l'aluminium importés de Turquie aux Etats-Unis.

La livre turque, en chute libre depuis le début de l'année, a perdu le même jour 19 % de sa valeur face au dollar. Une offensive économique qui fait suite à deux années de relations tendues entre ces deux pays alliés au sein de l'Otan. Retour sur les dossiers qui enveniment les relations entre Washington et Ankara.

· Le prédicateur Fethullah Gülen

La présence aux Etats-Unis depuis 1999 du prédicateur turc Fethullah Gülen est probablement le principal objet de la colère d'Ankara.

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La Turquie accuse en effet cet ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan d'avoir fomenté le putsch manqué du 15 juillet 2016 et, depuis, traque sans relâche ses partisans.

Ankara a demandé à plusieurs reprises l'extradition de Fethullah Gülen, qui dément toute implication dans le coup d'Etat avorté.

Mais à ce jour, ces demandes sont restées lettre morte. « La question est 'y a-t-il des preuves suffisamment claires de l'implication personnelle de Fethullah Gülen ?' », a demandé fin juillet un haut responsable américain.

· Les Américains détenus en Turquie

La détention pendant un an et demi, suivie du placement en résidence surveillée la semaine dernière, d' un pasteur américain, Andrew Brunson, a été l'affaire qui a fait éclater la crise actuelle entre Ankara et Washington.

Andrew Brunson, qui dirigeait une église protestante à Izmir, une ville turque sur la mer Egée, est accusé d'espionnage et d'avoir agi pour le compte du réseau de Fethullah Gülen, mais aussi pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ces deux organisations sont considérées comme terroristes par la Turquie.

C'est en appelant à sa libération immédiate que Washington a menacé la Turquie de sanctions, avant de mettre cette menace à exécution dès le 1er août.

Outre Andrew Brunson, deux employés locaux des missions américaines en Turquie sont en détention et un autre en résidence surveillée.

· Le procès Halkbank

En mai, Mehmet Hakan Atilla, l'ex-directeur général adjoint de la banque publique turque Halkbank, a été condamné par un tribunal américain à 32 mois d'emprisonnement pour fraude bancaire et conspiration dans une affaire qui porte sur des milliards de dollars. Il a fait appel et Ankara a vivement protesté après sa condamnation.

En outre, une amende colossale pourrait être infligée à Halkbank, une perspective qui inquiète le pouvoir turc.

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Un homme d'affaires turco-iranien, Reza Zarrab, est au coeur de cette affaire explosive. Au cours du procès, il a impliqué le président Erdogan et des ministres du gouvernement turc. Ankara a qualifié ce procès de « complot » manigancé par Fethullah Gülen.

· Les milices kurdes en Syrie

La Turquie ne cesse de reprocher aux Etats-Unis le soutien apporté en Syrie aux Unités de protection du peuple kurde (YPG) pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI). Ankara voit en effet dans cette milice une émanation du PKK, classé « terroriste » par la Turquie mais aussi les Etats-Unis.

Après une première offensive en 2016 ayant visé les combattants kurdes et les jihadistes, la Turquie a déclenché cette année une opération pour déloger les YPG de l'enclave syrienne d'Afrine.

Elle a menacé d'étendre cette offensive vers Minbej où sont basés des soldats américains. Mais Ankara et Washington se sont accordés sur une « feuille de route » prévoyant le retrait des YPG de Minbej et l'instauration de patrouilles communes.

La Turquie a assuré en début de semaine que cet accord ne serait pas affecté par les tensions actuelles. « Je ne vois pas comment cette feuille de route pourrait fonctionner avec les sanctions imposées à la Turquie », estime toutefois Asli Aydintasbas, une chercheuse à l'European Council on Foreign Relations.

· Le rapprochement entre Ankara et Moscou

Ankara et Moscou coopèrent étroitement sur le dossier syrien, mais le principal sujet d'inquiétude pour Washington est l'accord conclu en vue de l'achat par la Turquie de systèmes de défense antiaérienne russe S-400, incompatibles avec les systèmes de défense de l'Otan.

Le Congrès américain a voté début août un budget interdisant au Pentagone de remettre à la Turquie le moindre avion de combat F-35 tant qu'Ankara ne se serait pas engagé à ne pas finaliser ses négociations sur l'achat de S-400.

· La base d'Incirlik

Dès le début de la crise avec les Etats-Unis, début août, des éditorialistes proches d'Ankara ont appelé à « fermer » la base aérienne d'Incirlik, située dans le sud de la Turquie et utilisée par les Etats-Unis pour frapper les djihadistes en Syrie.

Plusieurs engins nucléaires sont notamment déployés sur cette base turque qui a été ouverte il y a plus d'un demi-siècle et qui est également utilisée par l'Otan.

Les Britanniques y ont des avions de chasse et les Allemands, qui y étaient aussi présents, en ont retiré leurs appareils et leurs hommes l'an dernier après une dégradation des relations entre Berlin et Ankara.

Source AFP

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