Européennes. Des pays épargnés par l’envolée eurosceptique

Espagne, Portugal ou encore Irlande… La vague eurosceptique attendue aux élections européennes ne touchera pas tout le continent.

Comme l’Espagne, le Portugal figure aussi en bonne place (69 %) parmi les pays pro-UE dans l’Eurobaromètre. Le parti socialiste du Premier ministre socialiste Pedro Marques (troisième en partant de la droite, ici en campagne à Coimbra) devrait figurer en bonne position lors de ce scrutin.
Comme l’Espagne, le Portugal figure aussi en bonne place (69 %) parmi les pays pro-UE dans l’Eurobaromètre. Le parti socialiste du Premier ministre socialiste Pedro Marques (troisième en partant de la droite, ici en campagne à Coimbra) devrait figurer en bonne position lors de ce scrutin. (Photo Miguel Lopes/EPA)

Extrême droite europhobe, conservateurs eurosceptiques et populistes ambitionnent une percée lors de ce scrutin organisé du 23 au 26 mai, dans les 28 pays de l’UE, pour renouveler le Parlement européen.

Selon le dernier Eurobaromètre publié par le Parlement européen, la proportion de citoyens européens (61 %) considérant positivement l’adhésion de leur pays à l’Union européenne est remontée à un niveau qu’on n’avait plus vu depuis le tournant des années 1990.

L’Espagne (69 % d’opinions positives), qui envoie à Strasbourg le cinquième contingent de députés européens et où les socialistes sont donnés gagnants du scrutin, dimanche, en est le reflet.

Selon une enquête réalisée par l’institut Real ElCano en France, en Italie, en Allemagne et en Espagne, le sentiment d’appartenance à l’UE est plus marqué chez les Espagnols.


« Les deux faces de la même médaille »


« L’intégration à l’Europe (en 1986) et le retour à la démocratie (après la fin de la dictature franquiste, en 1975) sont les deux faces de la même médaille », explique Jose Ignacio Torreblanca du cercle de réflexion European Council on Foreign Relations. « L’identité nationale s’est configurée comme une identité européenne face au franquisme. Les Espagnols sont donc vaccinés contre un nationalisme anti-européen ».

Résultat, les Espagnols ne sont pas divisés sur l’Europe, selon l’analyste. Même le programme de Vox, le parti d’extrême droite qui a fait une percée aux législatives, fin avril, commence par « nous croyons en l’Europe car nous sommes l’Europe ».

« Alors qu’en France, on parle des Trente Glorieuses après la Seconde Guerre mondiale, ici, notre période de prospérité maximale est associée à l’entrée dans l’UE », poursuit Jose Ignacio Torreblanca.

L’adhésion à l’UE a propulsé l’Espagne dans la modernité. Elle s’est notamment dotée du réseau de trains à grande vitesse le plus étendu d’Europe, cofinancé par des fonds européens.


« Le taux de pauvreté des personnes âgées a été réduit de moitié »


Comme l’Espagne, le Portugal figure aussi en bonne place (69 %) parmi les pays pro-UE dans l’Eurobaromètre.

Entré au sein de l’Union en même temps que son voisin, lui aussi après des décennies de dictature, le pays a « beaucoup bénéficié du projet européen » en matière sociale, de transports ou d’éducation, souligne la tête de liste socialiste aux européennes, Pedro Marques.

« Depuis qu’il y a des statistiques, en 1995, le taux de pauvreté des personnes âgées a été réduit de moitié. C’est impressionnant et pas comparable avec la moyenne européenne », dit-il.

Les sondages y donnent, comme en Espagne, les socialistes gagnants, dimanche, tandis que le score de la droite populiste devrait y être négligeable.


L’Irlande, grande bénéficiaire des fonds européens


Parmi les pays les plus europhiles, l’Irlande (83 % d’opinions positives selon l’Eurobaromètre) a, elle aussi, largement bénéficié de son adhésion à l’UE, en 1973.

Selon des chiffres officiels irlandais, 42 milliards d’euros de fonds européens y ont été injectés, 700 000 emplois y ont été créés depuis son entrée dans l’UE et le commerce extérieur a été multiplié par 90.

Les principaux partis y sont proeuropéens comme le Fine Gael - littéralement « le clan des Celtes » - du Premier ministre Leo Varadkar qui est, selon ce dernier, « le parti de l’Europe ».

Selon Kathryn Simpson, politologue à la Manchester Metropolitan University, la Grande-Bretagne et l’Irlande « ne peuvent pas être plus différentes dans leur rapport à l’UE », Dublin « ayant eu constamment une position positive et pro-UE ».

L’Irlande sera en première ligne des conséquences économiques du divorce à venir entre Londres et l’UE et bénéficie d’un soutien sans faille de ses partenaires.

Dans les États baltes, anciennes républiques soviétiques qui ont adhéré à l’UE, en 2004, et ont, depuis, adopté la monnaie unique, l’UE a aussi été synonyme de prospérité, via l’accès au marché unique et les fonds européens, mais aussi de sécurité face au voisin russe.

Même en Estonie, où un parti d’extrême droite eurosceptique fait partie de la coalition au pouvoir, le taux d’opinions positives à l’égard de l’UE est de 74 % selon l’Eurobaromètre, plus qu’en Lituanie (71 %) ou en Lettonie (54 %). Dans ces deux derniers pays, aucune force eurosceptique notable n’est en lice pour les européennes.

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A noter qu’aux Pays-Bas, où l’on attendait une forte poussée des populistes à l’issue du vote, jeudi, les travaillistes ont créé la surprise en se plaçant en tête, selon les premières estimations.

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