Ukraine : l'UE cherche comment accentuer la pression sur la Russie

L'Europe réfléchit à de nouvelles solutions pour amener Poutine à changer d'attitude, alors que les sanctions économiques n'ont pas calmé le jeu.

Source AFP

Vladimir Poutine a quitté le G20 prématurément.
Vladimir Poutine a quitté le G20 prématurément. © RIA Novosti

Temps de lecture : 3 min

Les Européens réfléchissent à de nouvelles solutions pour amener Vladimir Poutine à changer d'attitude dans la crise ukrainienne, alors que les sanctions économiques contre la Russie n'ont pour l'instant pas réussi à calmer le jeu. Réunis lundi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l'UE devraient décider de sanctionner de nouvelles personnalités de la rébellion séparatiste en Ukraine, une mesure qui peut sembler légère en pleine escalade du conflit.

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Il s'agit plus de faire un geste "politique que d'avoir un impact réel (...) cela n'augmentera pas la pression" sur Moscou, admet un ambassadeur européen, alors que les dirigeants occidentaux ont accablé de critiques le président russe lors du G20 en Australie. L'Ukraine, déchirée par un conflit à l'Est qui a fait plus de 4 000 morts depuis avril, sera le principal sujet de discussion entre les ministres européens lundi. La nouvelle chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, plaide sans relâche en faveur du respect du cessez-le-feu conclu en septembre, aujourd'hui moribond, mais aussi pour "le dialogue" avec la Russie, accusée d'avoir à nouveau envoyé soldats et armes en Ukraine pour soutenir les rebelles séparatistes.

D'autres sanctions économiques exclues

Les 28 excluent à ce stade d'alourdir les décrétées en juillet et renforcées en septembre, qui empêchent notamment cinq banques d'État et six entreprises du secteur de la défense et du pétrole, dont le géant Rosneft, de se financer en Europe. Ils ne devraient pas non plus viser de nouvelles personnalités proches du Kremlin, se contentant de figures de la mouvance séparatiste pro-russe. "Il s'agit juste d'un coup de semonce en direction de la Russie qui signifie : Si vous ne vous comportez pas bien, nous continuerons", estime Gustav Gressel, chercheur associé au European Council on Foreign Relations (ECFR) à Berlin.

Pour expliquer cette prudence, il pointe une "erreur de calcul" à Bruxelles sur l'impact escompté des précédents trains de sanctions. Contrairement à ce que l'UE espérait, "les sanctions économiques n'ont pas eu d'influence sur le Kremlin, où les cercles économiques ne sont plus écoutés" selon lui. "Il y a un débat sur l'efficacité des sanctions", reconnaît un diplomate européen. "La situation économique de la Russie est de plus en plus précaire : chute du rouble, défiance générale des investisseurs qui retirent leur capitaux. Mais quel est l'impact sur la politique russe ?"

Les sanctions augmentent la popularité de Poutine

Les sanctions "ont en fait augmenté la popularité de Poutine en Russie", regrette l'ambassadeur européen. Or "l'UE n'a qu'un seul gros bâton, ce sont les sanctions", souligne Jan Techau, directeur de l'institut Carnegie Europe. Et elles ont coûté beaucoup aux entreprises et agriculteurs européens, visés par des mesures de rétorsion décrétées par Moscou. "Les Européens sont un peu coincés. Ils ont décidé qu'ils se rangeaient totalement du côté de l'Ukraine et soutenaient le plan de paix du président (Petro) Porochenko et son programme de réformes. Il faut donc que cela marche", selon Techau.

Mme Mogherini a proposé aux ministres européens des Affaires étrangères de mener "un débat stratégique". Elle leur a soumis par écrit une série de questions pour trouver des solutions "concrètes" à l'impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers de paix, et pour pousser Kiev à poursuivre les réformes économiques et sociales pro-européennes. Elle demande leur feu vert pour jouer un rôle de "négociateur, facilitateur", pour faire la "navette diplomatique" afin de relancer le dialogue entre Kiev et Moscou, selon un diplomate. Mais Mme Mogherini leur propose aussi de réfléchir à l'attitude à adopter face à la Russie, et à de futures sanctions. "Il y a un gros débat sur le fait de savoir s'il faut prendre de nouvelles mesures drastiques, et surtout quand", résume Techau.

Quelle est la prochaine "ligne rouge", alors que Vladimir Poutine n'a "apparemment pas peur", s'interroge le diplomate. Selon lui, l'UE pourrait frapper fort avec de nouvelles sanctions économiques, "par exemple si les soldats russes sortaient du Donbass", l'un des deux bastions séparatistes, pour envahir d'autres parties de l'Ukraine.

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Commentaires (111)

  • Gnose

    Pauvres Hollande et confrères, ils seront déjà oubliés que Poutine sera encore
    au pouvoir, les sanctions contre la Russie ne donnent rien, SI elles pénalisent tous les petits producteurs et PME en Europe, et enrichissent les pays d'Amérique latine et la Chine qui se font une joie de livrer ce que l'Europe ne livre pas, et après cela il faudra dédommager toutes les pertes forcées des artisans, par les gesticulations européennes. Ceux qui les promulguent ne manquent de rien EUX. Et c'est vrai, beaucoup de citoyens de tous pays sont pro-Poutine
    les espagnols ont brûlé le drapeau européen lors de la visite de a Merkel en scandant "on veut livrer à la Russie" dans ses petits souliers le Rajoy

  • jeanthomas

    Quand on regarde la Pologne qui est au moins aussi „connectée“ à l’Ukraine que la Russie. Je trouve assez normal que les Ukrainiens préfèrent suivre le chemin de l’Europe plutôt que retourner dans le giron russe… Et inversement j’ai du mal à croire que quiconque puisse vouloir partager le destin de la Russie… Qu’on donne des Visa aux russes pour les USA juste pour rigoler… Poutine va se sentir bien seul !

  • Hans Castorp

    La technique du salami, ou comment par petites provocations poussées toujours plus loin, la Russie finit par imposer sa politique du fait accompli en anesthésiant l'Occident. Après la semaine de menaces de représailles de l'Occident sur le premier "convoi humanitaire" russe envoyé sans contrôle des Ukrainiens ni de la Croix rouge qui a fait le buzz pendant une semaine, on en est au 6eme ou 7eme convoi qui livre du fuel et de l'huile de moteur pour les chars russes dans le Donbass. Qui en orale encore ? Qui parle encore du retrait russe de la Crimée ? Et du Donbass ? On parle maintenant d'essayer d'empêcher les chars russes d'envahir une nouvelle partie de l'Ukraine, alors que depuis le "cessez le feu" viole tous les jours l'armée les russes depuis le 5 septembre, le territoire contrôle par les terrorusses a doublé de superficie... Pire les Ocidentaux renoncent a de vraies sanctions car elles rendent Putin aussi populaire en Russie qu'Hitler en Allemagne en 1939. Face a la lâcheté des Occidentaux, l'histoire finira malheureusement de la même façon...