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Corée du Nord : l’ONU renforce son arsenal de sanctions

Soutenue par la Chine et la Russie, cette nouvelle résolution proposée par les Etats-Unis vise à punir Pyongyang pour son essai nucléaire du 3 septembre.

Par  (New York, Nations unies, correspondante)

Publié le 12 septembre 2017 à 00h48, modifié le 12 septembre 2017 à 06h54

Temps de Lecture 4 min.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une nouvelle série de sanctions contre la Corée du Nord, à New York le 11 septembre.

L’administration Trump a rassuré et montré sa capacité à négocier et à jouer la carte de l’apaisement, quelques semaines après avoir promis « le feu et la fureur » en cas de nouvelles provocations nord-coréennes. A l’initiative de Washington, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté à l’unanimité, lundi 11 septembre, une résolution qui vise à punir Pyongyang après son sixième essai nucléaire, le 3 septembre – le plus puissant jamais réalisé.

Pour obtenir le soutien de la Chine et de la Russie – les plus proches soutiens du régime de Pyongyang –, Washington a cependant accepté de revoir ses ambitions à la baisse en s’accordant sur une version amendée du texte, qui interdit les exportations de textile. Mais pour la première fois, la Chine a accepté un embargo partiel et progressif sur le pétrole et ses produits dérivés, et total pour le gaz naturel.

Dans sa version initiale, Washington avait proposé un projet « maximal » avec un embargo total sur le pétrole, les produits pétroliers et le gaz, un gel des avoirs du leader Kim Jong-un, un renvoi en Corée du Nord des 93 000 travailleurs expatriés et une inspection par la force des navires placés sur la liste des sanctions de l’ONU.

« Compromis »

Le texte adopté « est le fruit d’un compromis pour avoir tout le monde à bord », a estimé François Delattre, le représentant français à l’ONU. « Il est très rare que le Conseil sanctionne un chef d’Etat, souligne Andrea Berger, chercheuse à l’Institut Middlebury d’études internationales. Sanctionner Kim Jong-un aurait été perçu comme une tentative par les Américains de justifier un changement de régime. »

Le 5 août, le Conseil de sécurité avait déjà adopté une résolution interdisant les exportations de charbon, de minerais et des produits issus de la pêche par la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Elle amputait le régime communiste d’une manne financière estimée à un milliard de dollars.

Les spéculations allaient bon train quant à la volonté de la Chine, premier partenaire commercial des Nord-Coréens, d’aboutir à de nouvelles sanctions drastiques. « Il était crucial que Pékin et Washington restent unis dans leur approche de cette crise. Si Chinois et Américains s’étaient publiquement affrontés à l’ONU, cela aurait renforcé les craintes d’une guerre en Asie du Nord-Est », analyse Richard Gowan, expert au Conseil européen des affaires étrangères.

Une semaine après avoir publiquement déclaré que les Nord-Coréens ne « cherchaient qu’une chose, la guerre », l’ambassadrice américaine Nikki Haley a semblé vouloir dissiper les craintes d’un conflit armé en assurant que Washington « ne voulait pas la guerre » et que Pyongyang « n’avait pas encore atteint le point de non-retour ». Si le régime nord-coréen « accepte de mettre un terme à son programme nucléaire, il peut entrevoir un avenir. S’il prouve qu’il peut vivre en paix, alors le monde peut vivre en paix avec lui », a-t-elle insisté.

Pousser la RPDC à négocier

Avec ces sanctions sévères, les diplomates espèrent pousser la RPDC à négocier une halte de ses programmes nucléaires et balistiques qui représentent une menace « immédiate, mondiale et existentielle », selon M. Delattre. « Nous ne prenons aucun plaisir à renforcer les sanctions », a, pour sa part, plaidé l’ambassadrice américaine. Mais elle a détaillé par le menu les conséquences de ces nouvelles mesures : 90 % des exportations nord-coréennes – qui représentent un revenu d’environ 3 milliards de dollars – seront gelées par ce huitième train de sanctions ajouté aux précédents. Pyongyang verra son approvisionnement en pétrole réduit d’environ 30 % : ses importations de pétrole raffiné sont désormais limitées à 500 000 barils entre octobre 2017 et janvier 2018, puis à 2 millions de barils pour 2018. Plus aucun pétrole brut ne doit lui parvenir, à l’exception de celui qui lui arrive par le pipeline Dandong-Sinuiju.

Les experts doutent néanmoins que la RPDC, dont le programme nucléaire est vital pour elle, se montre sensible à ces nouvelles sanctions. Dans son langage habituel, le régime de Pyongyang avait d’ailleurs prévenu, en amont de ce vote, vouloir faire « payer le prix » aux Etats-Unis en leur infligeant « la plus grande des souffrances et des douleurs ». « La pression des Américains n’est pas une fin en soi, reconnaît un diplomate sous couvert d’anonymat. Mais plus les sanctions seront fortes, plus le levier vers un règlement politique sera fort. »

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La Chine et la Russie se positionnent d’ailleurs en faiseuses de paix. Les deux pays ont une nouvelle fois appelé à une solution politique et à reconsidérer leur proposition d’un gel des exercices militaires américano-sud-coréens contre une suspension du programme nucléaire par la RPDC. Une proposition « insultante », avait balayé la semaine dernière Mme Haley. « Ce serait une grave erreur de sous-estimer l’initiative russo-chinoise », a renchéri l’ambassadeur russe, Vassili Nebenzia, qui a négocié avec son partenaire chinois le rajout au texte de la résolution des paragraphes appelant à une solution pacifique.

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« Il risque maintenant d’y avoir de nombreuses frictions entre les Chinois, les Russes et les Américains sur la voie diplomatique à suivre avec Pyongyang. Si les Etats-Unis refusent de faire des compromis, même minimes, beaucoup de membres de l’ONU, y compris des alliés des Américains, vont se tourner vers les Chinois et les Russes. Beaucoup de diplomates demeurent presque aussi préoccupés par la stabilité et les intentions de l’administration Trump que par celles du régime de Pyongyang », estime M. Gowan.

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