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Plus que jamais, l’Union européenne

À l’initiative de Roberto Castaldi, directeur de recherche du Centre international pour la gouvernance européenne et mondiale, un collectif d’intellectuels européens, qui compte en ses rangs Edmond Alphandéry, Pascal Lamy ou Tzvetan Todorov, réclame la création d’un Fonds monétaire européen.

Publié le 23 juin 2015 à 20h25, modifié le 23 juin 2015 à 18h54 Temps de Lecture 3 min.

La Banque centrale européenne, à Francfort, le 16 juin.

Au Conseil européen de juin, les présidents de l’Eurogroupe, de la Commission, du Parlement, du Conseil et de la Banque centrale européenne (BCE) présenteront un rapport capital sur la réforme de l’Union économique et monétaire, qui va déterminer l’agenda politique de l’intégration européenne pendant la législature en cours.

Ils pourront s’appuyer sur les succès de l’intégration européenne, dont le noyau réside dans la mise en commun et le partage de souveraineté à travers la création d’institutions supranationales démocratiques.

Ils devraient surtout partir de la leçon que la crise nous a apprise : nous ne pouvons vivre dans un marché unique avec une monnaie unique, et avoir 19 politiques budgétaires et économiques différentes. Leurs prédécesseurs avaient déjà constaté que cette asymétrie est insoutenable à long terme et avaient indiqué par conséquent dans le rapport de 2012, « Towards a Genuine Economic and Monetary Union », les objectifs d’union bancaire, budgétaire, économique et politique afin de la dépasser.

Un enfant perdu

Les citoyens européens s’attendent à une vision claire et ambitieuse du futur de l’Europe, précisée par un calendrier spécifique pour parvenir à ces unions nouvelles et à une Union européenne plus démocratique et plus efficace.

Puisque l’action de la BCE a calmé jusqu’ici les marchés, l’Union économique et monétaire (UEM) ressemble aujourd’hui à un enfant perdu auquel personne ne s’intéresse. Depuis 2012, seule l’union bancaire a partiellement avancé, en raison du manque de volonté politique de la part des États membres.

Mais la crise peut s’aggraver encore si les autres unions n’avancent pas. Il faudra réintégrer les solutions d’urgence, comme le Mécanisme européen de stabilité (MES), dans le cadre juridique de l’Union européenne (UE) pour créer un Fonds monétaire européen géré par un des vice-présidents de la Commission, qui devrait être aussi le président de l’Eurogroupe, chargé de la gestion d’une capacité budgétaire et d’emprunt provenant de ressources propres – pour la zone euro au moins – sous un contrôle démocratique efficace par le Parlement européen.

Il s’agit de la condition préalable et essentielle pour la création d’une politique économique européenne, pour générer les investissements nécessaires à la croissance économique et pour passer de la solidarité entre les Etats à la solidarité entre les citoyens. La crise nous a montré l’inefficacité de la simple coordination entre les politiques budgétaires et économiques et la paralysie produite par l’unanimité.

Vide de pouvoir

Les États membres ont aujourd’hui plus de contraintes budgétaires que les membres des États fédéraux dans le monde, sans pouvoir bénéficier pourtant d’un budget fédéral et de politiques fédérales.

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Par conséquent l’Europe reste engloutie par la crise. L’achèvement des unions bancaire, budgétaire, économique et politique est nécessaire afin de remettre l’Union sur la route d’une prospérité stable et durable. L’intégration différentielle peut satisfaire aussi bien le besoin d’approfondissement de la zone euro que le désir manifesté par certains États membres de réduire leur intégration, sans que cela implique aucun droit de veto sur les besoins des citoyens européens.

Depuis 2008, le déplacement des orientations stratégiques américaines vers le Pacifique a créé un vide de pouvoir qui promeut l’instabilité tout autour de l’Europe, de l’Est au Sud. De consommateur, l’Europe doit devenir producteur de sécurité. Seuls les Etats de dimension continentale – tels les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil – comptent pour quelque chose dans le monde globalisé.

L’UE doit avancer vers l’union politique avec l’objectif de créer une politique étrangère, de sécurité et de défense unique, afin de stabiliser son voisinage et de faire face aux défis et aux menaces géopolitiques contemporaines. Le démarrage d’une coopération structurée permanente ne dépend que de la volonté politique : il ne s’agit pas d’une question de budget, car l’Europe représente la deuxième dépense militaire au monde.

Parvenir à l’union budgétaire

Le « whatever it takes » du président Draghi a joué un rôle crucial lorsque la crise battait son plein. Le Rapport des présidents devrait représenter le « whatever it takes » politique de la part de toutes les institutions de l’UE. Il devrait contenir une feuille de route pour compléter l’union bancaire et parvenir à l’union budgétaire, économique et politique avant la fin de la législature européenne.

Peu importe si cela implique la révision des traités. Les citoyens ont besoin d’une vision et d’une proposition concrète qui leur expliquent comment procéder vers une Europe fondée sur la démocratie, la solidarité et la subsidiarité. Il n’y a rien d’autre qui puisse restaurer leur confiance en l’Union.

L’alternative est la diffusion de la perception d’un déclin conçu comme inévitable et irréversible, ce qui ne peut que nourrir le populisme, le nationalisme, la xénophobie. La qualité de dirigeant implique des responsabilités envers les citoyens d’aujourd’hui et de demain. Les Européens comptent sur le leadership, la responsabilité et la vision des dirigeants de ces institutions européennes pour faire sortir l’Union et ses citoyens de la crise.

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