En bonne logique, l’élection de Donald Trump devrait susciter des sueurs froides au sein du gouvernement iranien. Durant sa campagne, le futur président américain avait pourfendu l’accord sur le programme nucléaire de Téhéran, conclu en juillet 2015 avec les « 5 + 1 » (membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et Allemagne). « C’est le plus stupide de l’histoire », avait-il dit. Arrivé au pouvoir, M. Trump pourrait-il le renier ?
Le président iranien, Hassan Rohani, a tenu à rappeler, mercredi 9 novembre, que l’accord a été entériné par une résolution du Conseil de sécurité et qu’il « ne peut être renversé par la décision d’un seul gouvernement ». Cette déclaration traduit une part de crainte. En effet, l’accord n’est pas un véritable traité ratifié par les parties concernées. « Techniquement, les Etats-Unis peuvent s’en retirer du jour au lendemain, souligne un expert proche du dossier. Mais un tel choix impliquerait pour les Etats-Unis un retour à la case départ avec cette alternative : soit un Iran nucléaire, soit la guerre. »
Une telle remise en cause signifierait une crise ouverte non seulement avec l’Iran mais aussi avec les autres pays engagés dans ce compromis laborieusement négocié, qui au moins pour dix à treize ans garantit une mise sous contrôle du programme nucléaire iranien en échange d’une levée d’une large part des sanctions adoptées depuis dix ans par les Nations unies, l’Union européenne et les Etats-Unis.
« Si les Etats-Unis rétablissaient des sanctions contre des entreprises non américaines, alors l’Europe devrait résister », si elle tient aux contrats signés depuis l’accord avec l’Iran, dit François Nicoullaud, ex-négociateur français sur le nucléaire iranien. Total a dit, mercredi, que l’élection de M. Trump ne changerait rien à l’accord de négociations qu’il avait signé la veille pour reprendre l’exploitation du champ gazier de South Pars, interrompue par les sanctions.
Pas d’onde de choc majeure
Les autorités françaises affichaient, elles, leurs inquiétudes sur « les incertitudes » ouvertes par la présidence Trump. A l’Elysée, on tient à rappeler « qu’il ne faut pas tirer des conclusions prématurées à partir de seuls propos de campagne » et que « les principes de réalité s’imposeront ».
La prochaine administration américaine pourrait faire une lecture a minima des engagements économiques prévus par le compromis sur le nucléaire, sans pour autant remettre l’accord explicitement en cause. « Il y aura du bruit, pas mal d’effets de manches de part et d’autre mais aussi bien Washington que Téhéran savent que la moins mauvaise des solutions reste de maintenir au moins l’apparence de l’accord », souligne ce même expert proche du dossier. Donald Trump a déjà commencé à nuancer ses positions sur le sujet pendant la campagne électorale. Mais cela pourrait ne pas suffire pour l’Iran, qui a impérativement besoin d’investissements étrangers pour relancer son économie moribonde.
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