Attendu à Téhéran, mercredi 29 juillet, le chef de la diplomatie française a pour mission de renouer le dialogue politique avec l’Iran. Deux semaines après la signature à Vienne d’un accord sur le nucléaire iranien, et douze ans après la visite de son prédécesseur, Dominique de Villepin, Laurent Fabius vient clore le dossier qui a empoisonné les relations bilatérales. Il devra faire oublier la fermeté française sur le sujet, qu’il a fini par incarner plus que quiconque, et aplanir les divergences avec l’Iran sur les grands dossiers régionaux.
M. Fabius n’arrive pas en territoire conquis. « Pas de tapis rouge » pour le responsable français, a exhorté, le 24 juillet, l’orateur de la prière du vendredi à Téhéran, Seyyed Reza Taghavi, à ses hôtes : son homologue, Mohammad Javad Zarif, et le président iranien, Hassan Rohani. Depuis l’annonce de sa visite, les conservateurs iraniens ne ménagent aucun effort pour rappeler le rôle « néfaste » joué par la France durant les négociations sur le nucléaire. Ils accusent M. Fabius d’avoir voulu « saborder » les tractations à de sombres desseins. « Il a assisté aux négociations en tant que représentant des régimes rétrogrades arabes et du régime envahisseur sioniste [Israël] », assure le site conservateur Mashregh News.
Nombreuses perspectives pour les entreprises françaises
Dans un entretien au Monde, le 14 juillet, le chef de la diplomatie française défendait cette ligne de « fermeté constructive » ayant « permis d’aboutir à un accord suffisamment robuste ». Mercredi, c’est en Iran que « M. Fabius aura à démontrer que la position de la France était bien motivée par la prolifération nucléaire et non par l’hostilité vis-à-vis de l’Iran ou la volonté de plaire à ses partenaires, l’Arabie saoudite et Israël », souligne François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran. Le chef de la diplomatie française en a vu d’autres, lorsque premier ministre (1984-1986), il a été propulsé dans les méandres de la guerre Iran-Irak (1980-1988) et des contentieux franco-iraniens, sur fond d’attentats et de prises d’otages.
La France comme l’Iran expriment un même souhait de dialoguer et de coopérer pour le règlement des crises qui déstabilisent la région, de la Syrie, au Yémen, en passant par l’Irak et le Liban. Leurs positions ne peuvent être plus antagonistes et la méfiance entière de part et d’autre. « La visite de M. Fabius peut créer de nouvelles opportunités, assure Ellie Geranmayeh, analyste à l’European council for foreign relations. L’Iran peut se rapprocher de Paris pour rompre son alignement avec les pays arabes. Il peut aussi tirer profit de sa bonne relation avec l’Arabie saoudite pour, à terme, trouver un chemin vers la réconciliation. » Réussie ou non, cette visite ne devrait pas entraver les perspectives, nombreuses, qui s’offrent aux entreprises françaises sur le marché iranien.
sallon@lemonde.fr
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