C’est bien connu : la politique extérieure est rarement une priorité dans les campagnes électorales. En 2017, pourtant, les choses sont un peu différentes, dans un environnement international assombri par une multiplicité de crises. Nos partenaires européens scrutent avec anxiété l’élection présidentielle française, convaincus qu’elle sera décisive pour le sort de l’Union européenne.
Soucieux de permettre aux cinq principaux candidats à l’élection présidentielle de présenter sereinement et en profondeur leurs propositions en matière de politique étrangère, Le Monde s’est associé au think tank européen indépendant European Council on Foreign Relations (ECFR) pour organiser, le 3 avril, dans son auditorium à Paris, une matinée de discussions à laquelle ont été conviés les candidats ou leur représentant.
Nos partenaires européens scrutent avec inquiétude les résultats de l’élection française, persuadés qu’elle peut sceller le sort de l’union européenne.
Chacun, à tour de rôle, a été interrogé par un journaliste du Monde (Marc Semo, Sylvie Kauffmann, Alain Frachon, Nathalie Guibert et Arnaud Leparmentier) et un expert de l’ECFR (Manuel Lafont Rapnouil, directeur du bureau de Paris, et François Godement, directeur du programme Asie), avant de répondre aux questions du public. Voici quelques extraits de ces débats.
Pouria Amirshahi, député (PS) des Français de l’étranger, représentant Benoît Hamon :
« Le projet européen est en panne. Si l’on veut le relancer, en le refondant dans de nouveaux accords avec des coopérations renforcées, il faut redonner des perspectives politiques en discutant avec notre partenaire allemand. Construire une alliance progressiste, c’est ce qui nous a manqué ; on a raté le train de l’approfondissement démocratique. Benoît Hamon est allé en Allemagne, il a proposé un Parlement de la zone euro fondé sur un nouveau traité de démocratisation.
« On ne peut pas dire que l’on tourne le dos au fédéralisme. Nous sommes pour l’expression nationale inscrite dans une logique fédérale. Est-ce l’élection de la dernière chance pour l’Europe ? Nous sommes contraints de compenser les échecs de l’Europe, car l’unilatéralisme de Trump et de Poutine a créé une nouvelle donne géopolitique, qui nous oblige à travailler sur notre espace commun, l’Europe.
« Il ne faut pas voir la Russie simplement comme un acteur militaire, même si la situation dans le Donbass résulte de l’affirmation d’une politique de manière brutale et unilatérale. La question qui est posée aujourd’hui est celle des frontières. Nous ne sommes pas d’accord avec la violation de l’intégrité territoriale. La position de la diplomatie française, qui a suggéré la levée des sanctions contre la Russie au fur et à mesure de l’application des accords de Minsk sur l’Ukraine, est juste. »
Il vous reste 70.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.