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La Chine se donne de nouveaux leaders

Le 18e congrès du PCC va durer sept jours et rassembler 2270 délégués, venus de tout le pays. CARLOS BARRIA/REUTERS

INFOGRAPHIE - Le 18e congrès du PCC s'est ouvert jeudi à Pékin avec le «discours à la nation» de Hu Jintao, dénonçant la corruption qui «pourrait se révéler fatale pour le parti» si elle n'était pas combattue. La longue marche vers le renouvellement des dirigeants communistes a commencé.

Correspondant à Pékin

On a l'impression que les affaires du monde s'ordonnent avec logique et préséance. Au lendemain de l'élection du président américain, débute la transition politique au sein de la deuxième économie mondiale. Le 18e congrès du Parti communiste chinois s'est ouvert ce jeudi à Pékin. Il désignera les leaders pour toute la décennie à venir. Certes, «l'élection» à la chinoise n'a pas le suspense d'un scrutin américain. En apparence tout au moins. Car cette année 2012 a montré que le processus était loin d'être réglé comme une partition connue. L'affaire Bo Xilai a prouvé qu'un destin politique peut basculer brutalement, et ce qui a filtré des luttes de clans politiques a montré qu'elles étaient d'une violence extrême.

Le 18e congrès va durer sept jours et rassembler 2270 délégués, venus de tout le pays. Ce n'est donc qu'autour du 14 ou du 15 novembre que les grandes décisions seront annoncées. Le premier acte est la présentation d'un rapport sur le bilan du Parti lors des cinq dernières années, qui fixe aussi la ligne pour les cinq suivantes. Puis, le congrès va «élire» les membres du Comité central. Le lendemain de la clôture du congrès, lors de son premier plénum, le nouveau Comité central procédera à «l'élection» des 25 membres du bureau politique - au sein d'une liste choisie par le Parti-, et des 7 ou 9 membres du comité permanent de ce Politburo. Cette dernière instance est le vrai cœur du pouvoir chinois et c'est là que se situent les décisions les plus attendues. Le pouvoir communiste chinois n'est en effet pas l'affaire d'un homme ou deux, mais d'une direction collégiale.

Un changement de taille

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Le congrès ne concernant que le Parti, Xi Jinping devrait en devenir le secrétaire général, mais il ne succédera à Hu Jintao à la présidence de la République populaire qu'au printemps 2013, lors de la session du Parlement chinois. C'est à ce moment-là que devrait aussi être installé le successeur du premier ministre Wen Jiabao, Li Keqiang, ainsi que les autres membres du Conseil d'État, le gouvernement chinois.

Les congrès ont lieu tous les cinq ans, mais c'est seulement une fois tous les dix ans que l'on renouvelle les plus hauts dirigeants, théoriquement assurés de deux mandats. Cette fois, le changement de personnel politique est de taille. Au Politburo, 14 des 25 membres devaient être changés. Au comité permanent, ce sont 7 membres sur 9 qui partent à la retraite. Du côté de la puissante commission militaire centrale (CMC), ce sont les trois quarts des titulaires qui seront renouvelés. Si l'on prend en compte toutes les autres instances, «c'est entre 60 et 70 % de l'élite politique chinoise qui se retire cette année», note Thomas König, expert Chine de l'ECFR (European Council on Foreign Relations). Au-delà de cette ampleur du changement, le profil de la 5e génération de dirigeants chinois qui arrive aux affaires est important. Elle comporte nombre de membres du clan des «fils de prince», à commencer par le futur numéro un Xi Jinping. Il s'agit des enfants de figures historiques du Parti. L'équipe dirigeante précédente était plutôt dominée par le camp de la Ligue communiste de la jeunesse, dont le président Hu Jintao est le chef de file. «Elle était plus “technocratique” avec d'ailleurs une fort proportion d'ingénieurs», remarque encore Thomas König. Les trajectoires des nouveaux dirigeants seront plus variées, avec pas mal d'anciens étudiants en sciences humaines.

L'ombre de Bo Xilai

L'ancien maître de Chongqing aurait dû être dans les majestueuses allées du Palais du peuple, prêt à se voir offrir dans quelques jours un siège dans le saint des saints du pouvoir chinois, au Comité permanent. Mais Bo Xilai est sorti du monde, détenu au secret, sans qu'on ne l'ait revu ni entendu depuis le printemps. L'ombre du dirigeant déchu plane pourtant sur le 18e Congrès. À tel point que le porte-parole du grand raout communiste n'a pu éviter ce sujet sensible ce mercredi, dans la conférence de presse présentant l'événement. L'affaire est une «leçon profonde» pour le Parti, a déclaré Cai Mingzhao. Avec d'autres cas, elle montre que «le combat contre la corruption reste une tâche de long terme, complexe et extrêmement difficile» a-t-il poursuivi, en citant aussi l'ancien ministre des Chemins de fer, Liu Zhijun, lui aussi exclu du PCC et poursuivi pour grave corruption. Le plénum du Comité central, qui s'est tenu le week-end dernier pour préparer le congrès, a exclu formellement Bo des rangs du Parti, ouvrant la voie à son procès. C'est la nouvelle équipe dirigeante qui aura la charge de le mettre en musique, même si l'essentiel a déjà été décidé, avec la lourde décision de faire répondre pénalement de ses fautes l'ancien grand baron du Parti.

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35 commentaires
  • Marcus Wolfe

    le

    La gouvernance chinoise est à la démocratie ce que la musique militaire est à la vraie musique. D'ailleurs la Chine n'a absolument jamais connue la démocratie et le mot même est très, très difficile à traduire en chinois. Lire Sun Tzu peut être très utile. Pour avoir un peu voyagé en Chine il me semble qu'il est dangereux pour le Peuple de contredire le Parti qu'on peut, en simplifiant, qualifier de despotisme éclairé économiquement. En gros ne surtout pas poser de questions mais s'enrichir est fort bien vu. En gros comme chez nous sous Louis XVI.
    Fa Guo Wei Jia Bu Gong Ren

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