La décision américaine va fragiliser un peu plus l’Otan et le consensus des alliés autour de la présence militaire américaine. Des pays « neutres », ni trop engagés dans l’Otan, ni trop engagés dans l’UE, vont attendre de voir comment va évoluer la situation.

D’autres, comme la France et l’Allemagne, réaffirmeront la nécessité d’une autonomie stratégique de l’Europe, mais sans lever l’ambiguïté illustrée par le dernier Conseil européen qui a très largement amputé le fonds européen de défense.

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Un troisième groupe de pays atlantistes, au nord et à l’est de l’Europe, s’efforcera de suivre les exigences de Trump. L’Otan est une alliance qui se cherche depuis plusieurs années et ne sait plus sur quel pied danser depuis l’élection de Trump.

Un signal de faiblesse envoyé à la Russie

Le Kremlin n’a que des raisons de se réjouir de l’annonce du secrétaire à la défense des États-Unis et des propos du président américain. Au congrès, des élus républicains et démocrates s’accordent à dire que c’est un cadeau sans contrepartie fait à Poutine. Quand on annonce une diminution de près d’un tiers du volume de forces, on envoie un signal de faiblesse à son adversaire et à ses alliés.

Moins d’hommes, cela veut dire moins de moyens et de capacités, un rapport coût distance plus important et cela mine les déploiements prévus dans le cadre de l’Initiative de réassurance pour l’Europe. L’exercice militaire Kavkaz programmé par la Russie en septembre illustrera l’écart avec les exercices de l’Otan et cela pose des questions, en particulier pour les Ukrainiens.

En revanche, si un accord était trouvé sur le statut des forces américaines qui seraient déployées en Pologne et dans les États baltes, Moscou pourrait le voir comme une nouvelle violation du mémorandum de Budapest de 1994.

L’Asie au cœur des préoccupations américaines

L’approche transactionnelle de Donald Trump fragilise également, par capillarité, les alliances des États-Unis dans la région Asie Pacifique. Des pays comme l’Australie, le Japon, Taïwan et la Corée du Sud s’inquiètent de la crédibilité de l’engagement américain.

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Contrairement à ce que pensent souvent les Européens, la non-réélection de Trump ne changerait pas fondamentalement la nature du lien transatlantique. Les Américains regardent de moins en moins vers l’Europe et ne s’intéressent à la Russie que de loin. La Chine et l’Asie-Pacifique sont au cœur de leur concept de sécurité nationale.

Les exigences américaines sur l’insuffisance des dépenses militaires européennes remontent au sommet de Washington de 1999. Une administration démocrate sera sans doute plus policée mais le fond du problème restera le même. Les Européens doivent se réveiller, adopter une véritable posture d’autonomie stratégique, y compris au sein de l’Otan, et comprendre qu’ils doivent dépenser plus et mieux pour leur défense.