A qui profitent les conflits gelés ? / L’Iran consolide son influence au Levant

Manifestation en 2014 en Ukraine à Kiev : "No-Putin's puppet republic"  ©AFP - OLEG PEREVERZEV / NURPHOTO
Manifestation en 2014 en Ukraine à Kiev : "No-Putin's puppet republic" ©AFP - OLEG PEREVERZEV / NURPHOTO
Manifestation en 2014 en Ukraine à Kiev : "No-Putin's puppet republic" ©AFP - OLEG PEREVERZEV / NURPHOTO
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Depuis l'implosion de l'URSS, le géant russe tente de maintenir le statu quo des "conflits gelés". Quels avantages stratégiques pour Vladimir Poutine? / 6 ans déjà que la guerre civile syrienne a commencé... Alors que la rébellion est-elle en train de mourir, l'Iran consolide son rôle dans la région

A qui profitent les conflits gelés ?

Ils sont gelés, à la fois dans l’histoire et dans la géographie et c’est pour cette raison qu’on en entend si peu parler. Ils ont des noms difficiles à prononcer – Nagorno Karabakh, Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du sud – et sur les cartes, ils ne sont que de minuscules confettis à peine visibles. Leur importance politique, pourtant, est énorme. Comme l’est leur valeur stratégique pour la puissance russe, mais aussi pour la Turquie et pour la puissance russe, mais aussi pour la Turquie et pour la communauté internationale.

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Ils sont nés au début des années 90, juste après l’éclatement de l’URSS, qui s’est traduite par l’indépendance de plusieurs anciennes républiques soviétiques, qui ont retrouvé leur liberté après avoir souffert sous le joug communiste. En Azerbaïdjan, en Géorgie et en Moldavie, la modification des frontières a été contestée par des minorités qui ne s’identifiaient pas à ces nouveaux états et l’ont fait savoir par les armes. Avec les années et le travail des diplomates, des cessez le feu ont fini par refroidir les lignes de front. Mais ces micro territoires rebelles tiraillés entre deux pays, surveillés par la grande Russie, non reconnus par la communauté internationale, ont été figés dans le temps et vivent dans un état de « ni guerre ni paix » permanent. La Russie, pour servir ses intérêts géopolitiques, les réchauffe de temps en temps. Ce fût le cas par exemple en août 2008 pendant la guerre de Géorgie. En annexant la Crimée en mars 2014, le Kremlin a même rajouté sur la liste un nouveau conflit désormais en phase de glaciation. A quoi servent les conflits gelés ? A qui profitent-ils ?

Avec Véronique Roger-Lacan, ambassadrice, eeprésentante permanente de la France auprès de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ; Manuel Lafont-Rapnouil, directeur du bureau de Paris du European Council on Foreign Relations.

L’Iran consolide son influence au Levant

Elle est en très mauvaise posture depuis longtemps en Syrie mais la récente décision des Etats-Unis pourrait bien lui porter un coup fatal. « C’est une perte de temps dangereuse » : c’est ainsi que Donald Trump a justifié la décision prise en juillet de mettre fin à l’aide apportée par la CIA aux groupes rebelles qui luttent en Syrie contre le régime de Bachar el-Assad et contre l’état islamique. Cette décision a été interprétée comme une concession faite par les Etats-Unis aux Russes, les principaux alliés du régime de Damas. Elle sonne comme une reconnaissance officielle de l’échec de la rébellion, divisée et pénétrée par des courants islamistes radicaux. Mais elle profite aussi à une autre puissance, dont l’influence se consolide année après année dans la région du Levant : l’Iran. Dans l’arc chiite que dessine Téhéran au Moyen-Orient, la Syrie, comme l’Irak et le Liban, est une pièce maîtresse.

Depuis le début de la guerre, l’Iran envoie des conseillers militaires à Damas et dispense une aide économique au régime de Bachar el-Assad. Son bras armé au Liban, le Hezbollah, considéré comme un mouvement terroriste par l’Union européenne, combat aux côtés des forces syriennes depuis 2013. La recomposition de l’ordre géopolitique dans la région – qui s’effectue au détriment du peuple syrien – vise aussi pour l’Iran à gagner des points sur son principal ennemi sunnite, l’Arabie Saoudite. L’influence grandissante de l’Iran au Levant inquiète les acteurs régionaux. Et notamment Israël, qui a accusé cette semaine le régime iranien de construire une usine de fabrication de missiles à longue portée dans le nord de la Syrie et assure qu’il fera tout pour assurer sa sécurité.

Grand vainqueur – en tout cas provisoire – du conflit syrien, l’Iran resserre aussi son emprise sur l’Irak voisin, où les groupes paramilitaires chiites qu’il soutient ont aidé dans la bataille qui a permis de chasser l’état islamique de Mossoul.

Avec Agnès Levallois, vice-présidente de l'iReMMO (Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient) et chargée de cours à SciencesPo ; Bernard Hourcade, géographe spécialiste de l'Iran, directeur de recherche émérite au CNRS et Manuel Lafont-Rapnouil, directeur du bureau de Paris du European Council on Foreign Relations.

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