Retour de Djihad

Kasimir Malevich, Carré noir sur fond blanc, oeuvre de 1915 - Tretyakov Gallery/Wikicommons
Kasimir Malevich, Carré noir sur fond blanc, oeuvre de 1915 - Tretyakov Gallery/Wikicommons
Kasimir Malevich, Carré noir sur fond blanc, oeuvre de 1915 - Tretyakov Gallery/Wikicommons
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Des combattants du Djihad au Moyen-Orient, des familles reviennent en Europe. Combien sont-ils? Où se dispersent-ils? Comment mesurer le risque? Quel sort attend ces hommes et femmes européens? Comment concilier le temps de la justice, les impératifs de l'ordre public et l'inquiétude des opinions?

Avec
  • Myriam Benraad Politologue, spécialiste du Moyen-Orient, professeure associée en relations internationales.
  • Éric Chol Directeur de la rédaction de l'Express
  • Kevin Parthenay Professeur de sciences politiques à l'Université de Tours, chercheur associé à l'OPALC/CERI
  • William Bourdon Avocat au Barreau de Paris, spécialisé en droit pénal des affaires et droit des médias, fondateur de l'association Sherpa
  • Farhad Khosrokhavar Sociologue, directeur d'études à l'EHESS

William Bourdon, avocat, il a publié Les dérives de l'état d'urgence, aux éditions Plon, en 2017 

Jean-Charles Brisard, expert international en terrorisme, vous avez publié en 2005, Zarkaoui : le nouveau visage d'Al-Qaida, aux éditions Fayard.

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Farhad Khosrokhavar (par téléphone), directeur de l'Observatoire des radicalisations, à la Maison des sciences de l’homme. Il a publié avec Fethi Benslama Le jihadisme des femmes : pourquoi ont-elles choisi Daech ?etprochainement  Le nouveau Jihad en occident chez Robert Laffont.

En duplex depuis France Bleu Aix : Myriam Benraad, professeure associée à l’université Leiden (Pays-Bas). Elle vient de publier aux éditions Cavalier Bleu Jihad : des origines religieuses à l'idéologie: idées reçues sur une notion controversée. Et elle a contribué à la revue Politique étrangère de l’IFRI en 2017, sur “La vengeance, ressort mobilisateur de l’État islamique dans le dernier numéro, intitulé, _L’Irak après Daech__._

Publications de W. Bourdon, de F. Khosrokhavar, de M. Beraad et de J.-C. Brisard
Publications de W. Bourdon, de F. Khosrokhavar, de M. Beraad et de J.-C. Brisard
- Plon/FMSH/IFRI/Cavalier Bleu/Seuil/Fayard

La chronique d'Eric Chol de Courrier International

Eric Chol, Directeur de la Rédaction de Courrier International, présente une sélection d'articles sur le retour des combattants djihadistes en Allemagne, en Grande Bretagne et au Danemark

Le gouvernement allemand a révélé récemment que 960 personnes, dont près de 200 femmes, avaient quitté l’Allemagne depuis 2012 pour rejoindre l’Etat Islamique en Syrie ou en Irak : un tiers sont rentrés, dont près de 50 femmes.Cette question du retour est largement débattue en Allemagne : dans  le quotidien Süddeutsche Zeitung, un responsable des questions de sécurité admet que l’Allemagne, n’est pas prête: 

« à dérouler le tapis rouge aux centaines de femmes qui sont parties rejoindre l’Etat islamique et qui souhaitent à présent rentrer ».

Selon le site de la radio publique Deutsche Welle, presque toutes ces femmes qui rentrent ont au moins un enfant. Or, c’est bien la présence de ces jeunes garçons et filles qui suscite un débat très vif de l’autre côté du Rhin. Il y a quelques semaines, rappelle le site de la Deutsche Welle, Hans Georg Maassen, le patron du BfV, c’est à dire  l’Office fédéral de la protection de la constitution, avait déjà prévenu que:

« des enfants et des adolescents  endoctrinés par des groupes terroristes radicaux quittaient les zones de guerre pour rentrer en Allemagne ».

Certains d’entre-eux, expliquait ce spécialiste allemand ont subi des « lavages de cerveaux dans des écoles islamiques et sont extrêmement radicalisés » : pour lui, il faut à tout prix empêcher l’émergence de ce qu’il appelle: « une deuxième génération de djihadistes ».Face à cette menace potentielle, les programmes de déradicalisation se multiplient en particulier pour les combattants de retour d’Irak ou de Syrie. Ces politiques sont en principe placées sous la responsabilité des Landers, mais le gouvernement fédéral apporte lui aussi un soutien important : des nouvelles initiatives sont prévues en 2018 avec un financement de Berlin, précise la Deutsche Welle.

Dessin de Tjeerd, Pays-Bas, en Une de l'article de Courrier International, Enquête de The Atlantic (Washington). Déradicalisation : pourquoi le modèle français a échoué, 12.10.2017
Dessin de Tjeerd, Pays-Bas, en Une de l'article de Courrier International, Enquête de The Atlantic (Washington). Déradicalisation : pourquoi le modèle français a échoué, 12.10.2017
- Tjeerd/Courrier International

En Grande Bretagne, la méfiance est aussi de mise?

Certains responsables politiques n’ont pas hésité à souffler sur les braises. En octobre, Rory Stewart, le secrétaire d’État au développement international, confiait  à la BBC que la seule façon de traiter avec les membres de l’Etat islamique: « c’était de les tuer. »

En décembre, Gavin Williamson, le ministre de la défense expliquait au journal populaire Daily Mail« qu’un terroriste mort ne peut plus nuire à la Grande Bretagne », qu’il était donc favorable à l’élimination des combattants djihadistes.

Des propos, relève le Guardian, qui sont à l’opposé de ceux tenus par l’Observateur indépendant sur le terrorisme, Max Hill : selon cet avocat, rapporte le Guardian, le pays devrait au contraire tenter de réintégrer « ces djihaddistes jeunes et naïfs qui souhaitent rentrer ». Il y aurait au total plus de 800 britanniques partis rejoindre l’Etat islamique.

De son coté le chercheur Anthony Dworkin a publié une étude sur le site du think tank European Council on foreign relations, dans laquelle il rappelle que la mise en examen des djihadistes est souvent complexe : «  il est difficile de prouver que les combattants étrangers se sont rendus en Irak ou en Syrie avec l’objectif de participer à des actions terroristes une fois sur place. » C’est sans doute pourquoi sur les 350 djihadistes rentrés en Grande Bretagne seulement 54 ont fait l’objet de poursuite.

Dans les Pays nordiques ?

Quand on pense déradicalisation, on pense souvent au Danemark. Et c’est vrai, c’est dans ce pays qu’a été mis en place il y a déjà presque dix ans un programme pionnier en la matière, explique le site de NBC news, qui « vise autant à soigner qu’à faire de la prévention. Depuis 2013, cette politique a été étendue aux combattants qui rentrent au Danemark, avec cette fois-ci le programme Exit.

« L’idée d’Exit, expliquent les journalistes, c’est une réintégration via l’emploi, le système de soin, le logement et la thérapie ». 

Mais dès qu’on songe à exporter ce programme de déradicalisation et réintégration, on bute sur une difficulté, car il a été bâti en fonction des spécificités de la société danoise.

Pour prolonger :

Courrier International, THE ATLANTIC - WASHINGTON, Enquête. Déradicalisation : pourquoi le modèle français a échoué, 12/10/2017

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