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La diplomatie du panda, une tradition chinoise

La grossesse de la femelle panda Huan Huan, qui a accouché ce vendredi au zoo de Beauval (Loir-et-Cher), a beaucoup retenu l'attention. Prêtée par la Chine, elle est l'illustration la plus récente d'une véritable tradition de son pays d'origine: la diplomatie du panda.

C'est fait. Ce vendredi soir, comme l'a annoncé le parc zoologique dans un communiqué, la femelle panda Huan Huan a accouché de deux petits, dont l'un est mort peu après, au zoo de Beauval (Loir-et-Cher). Si la mère et ses petits sont actuellement en quelque sorte résidents de notre pays, c'est à la Chine que la France les doit. Huan Huan, en effet, avait été prêtée par Pékin. Et ce geste de la République populaire de Chine à l'égard de la France s'inscrit dans une tradition très ancienne, comme l'a rappelé ce vendredi sur BFMTV François Godement:

"C’est une diplomatie chinoise qui remonte à la nuit des temps. Cela remonte à l’époque impériale du tribut qui consistait à faire un cadeau à quelqu’un à qui on reconnaissait une autorité et qui vous faisait un cadeau en retour. Don et contre-don. Une impératrice de Chine au VIIe siècle est la première à avoir donné un panda, d’après les historiens chinois, à la cour japonaise en l’occurrence", a-t-il analysé. 

Samuel Richer, responsable du programme Asie de l’institut Open Diplomacy, a complété sur notre antenne: "C’est une pratique qui a évolué en même temps que la diplomatie. Initialement, on était dans un système de tribut très symbolique, de hiérarchie entre les empires et les Etats. Ce système a perduré jusqu’au pouvoir communiste où le panda a été utilisé comme un cadeau diplomatique. Un chef d’Etat utilisait le panda pour améliorer les relations entre les pays et les fluidifier."

Un véritable savoir-faire

Et l'exécutif chinois emploie un certain savoir-faire lorsqu'il s'agit d'envoyer l'un de ses animaux à l'étranger. "La Chine se fait un plaisir d’exiger que le chef d’Etat du pays concerné le demande de visu au chef d’Etat chinois", a expliqué François Godement avant d'ajouter: "Dans le cas du zoo de Beauval, c’est Nicolas Sarkozy, en novembre 2011, avant un G20 et en même temps qu’un accord nucléaire assez favorable à la Chine, qui avait demandé les pandas. C’est comme ça que ça se passe et madame Merkel a fait de même". En juillet dernier, peu avant le G20, la chancelière allemande avait reçu deux pandas grâce aux soins du président Xi Jinping. 

1.600 pandas parcourent les terres chinoises. Pour autant, la Chine ne les distribue pas à tort et à travers. Depuis les années quatre-vingts, elle n'en fait d'ailleurs plus cadeau et préfère les prêter, moyennant finances: "La Chine ne met plus les pandas qu’en location depuis 1984, pour à peu près un million d’euros par an", a noté François Godement. "Et elle tient beaucoup à les récupérer au bout de dix ans donc effectivement après l’époque où la Chine les donnait ou les vendait, elle est aujourd’hui beaucoup plus attentive à la préservation de l’espèce."

A l'époque où la Chine offrait ses pandas, cependant, la France avait déjà été gâtée. En 1973, George Pompidou avait accueilli un de ces mammifères sur le sol national. "La France avait été un des premiers pays occidentaux à recevoir un panda des pays communistes. C’était sûrement dans la continuité de la reconnaissance par la France de la République populaire de Chine par De Gaulle. Le premier don de panda, c’était en 1972 avec Richard Nixon, puis Mao a envoyé des pandas dans plusieurs pays, dont la France", a détaillé Samuel Richer. 

Robin Verner