L’Hydre de Poutine : au cœur des services de renseignements russes

Loin de semer la terreur au sein du Kremlin, les services de renseignements russes sont en réalité divisés en interne

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Loin de semer la terreur au sein du Kremlin, les services de renseignements russes sont en réalité divisés en interne, larvés par des luttes bureaucratiques intestines, et produisent de fait de faibles résultats en termes de renseignements, menaçant les intérêts de Vladimir Poutine lui-même.

En se basant sur des interviews avec d’anciens et actuels responsables du renseignement, « l’Hydre de Poutine : au cœur des services de renseignement russes » explique comment les agences d’espionnages  fonctionnent réellement, et affirme que les perceptions européennes de ces dernières sont incomplètes  et basées sur des clichés dépassés.

Le papier dénonce le mythe selon lequel les agences de renseignement tiennent les rênes du pouvoir en Russie. Elles sont totalement subordonnées au Kremlin, et Poutine a l’habitude de les monter les unes contre les autres. Elles ne forment pas un ensemble uniforme, mais plutôt un groupe disparate, dont la solidarité disparaît dès que des opportunités financières apparaissent ou de fuir leurs responsabilités.

Souvent les agences reproduisent le travail des autres, se livrant ainsi à une concurrence sanglante plutôt qu’à un partage de renseignements. La nécessité de satisfaire le Kremlin et de fournir des résultats rapides conduit à une collecte et analyse d’informations de mauvaise qualité. Les chefs du renseignement doivent façonner et minimiser les faits pour répondre aux demandes du président – sous peine de perdre leur emploi.

Enfermées dans un état d'esprit de Guerre froide selon laquelle « Si l'Occident perd, nous gagnons », les agences de renseignement russes prennent des mesures drastiques à l'étranger – menant parfois à des assassinats. Leurs actions en Occident peuvent sembler efficaces d’un point de vue tactique, mais sont stratégiquement catastrophiques, dépeignant la Russie comme une menace imprévisible.

Les gouvernements européens peuvent modérer les actions de ces agences dans leur pays en adoptant une approche plus sévère. Cela signifie investir non seulement dans le contre-espionnage mais lutter également contre les faiblesses de gouvernance qui facilitent les campagnes du Kremlin, notamment via la mise en place de contrôles plus stricts sur leurs sources d'argent sale.

Mark Galeotti a déclaré :

« Les Russes se livrent à des campagnes massives de collecte de renseignements, alimentées par des budgets encore importants et une culture du Kremlin qui voit des dissimulations et des programmes secrets, même là où il n'y en a pas ».

« Les agences sont en proie à des guerres intestines depuis 2004. L’estompement des frontières entre elles conforte ces luttes intestines – et pas seulement sur des questions de responsabilités bureaucratiques habituelles, de financement et d'accès à la direction, mais aussi pour des opportunités financières pour les officiers, et parfois simplement pour une question de survie ».

« Poutine a la communauté du renseignement et de la sécurité qu'il voulait: une Hydre puissante, sauvage, multicéphale, et obéissante. Mais c’est Poutine lui-même, et ses rêves d’une Russie toute puissante, qui est la véritable victime de ce monstre hors de contrôle. Les agences renforcent ses hypothèses et se prennent à son jeu plutôt que d'informer et de contester sa vision du monde ».

Note aux rédactions :

Vous pouvez télécharger le PDF de «L’Hydre de Poutine : au cœur des services de renseignements russes» ici.

Mark Galeotti est disponible pour des interviews et commentaires. Merci de le contacter ici :[email protected] ou au +44 (0)770 63 00 315.

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