Elections européennes de 2019 : comment les anti-européens envisagent de saboter l’Europe

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Introduction

Les partis anti-européens pourraient remporter un tiers des sièges au Parlement européen, ce qui suffirait à paralyser l'Union européenne, selon une nouvelle étude de l'ECFR

 

  • Nos recherches révèlent en détail comment les partis anti-européens pourraient paralyser le Parlement européen après les élections du mois de mai et ce que cela signifierait pour l'avenir de l'Europe.
  • L’étude identifie les domaines que les anti-européens pourraient fragiliser et auxquels ils pourraient causer des dommages irréparables, tels que le commerce, la sécurité et la défense.
  • L’ECFR annonce qu’il commanditera des sondages approfondis dans l’UE avant et immédiatement après les élections du Parlement européen du mois de mai. Cela permettra d'identifier les principaux champs d’affrontement entre partis et les questions les plus importantes pour les électeurs de chaque État membre.

 

Une nouvelle étude publiée lundi 11 février par l’ECFR révèle que les partis eurosceptiques pourraient remporter un tiers des sièges, ce qui suffirait à enliser l’activité du Parlement européen, compromettre la sécurité et la défense de l’Europe et, à terme, semer des ferments de discorde qui pourraient finir par détruire l’UE.

Le rapport intitulé « Les élections européennes de 2019 : comment les anti-européens envisagent de  saboter l'Europe et comment les contrecarrer » constitue l’évaluation la plus complète  de l’impact des partis anti-européens à la veille des élections du Parlement européen à venir. À partir d’un réseau de chercheurs associés dans les capitales européennes, d'entretiens avec des partis, des responsables politiques et des experts, ainsi que d'une analyse de la segmentation des votes et des programmes des partis politiques, l'étude de l’ECFR examine les enjeux de chacun des 27 États membres de l'Union européenne (UE) et  étudie l'influence que les partis anti-européens pourraient exercer sur des questions clés telles que le commerce, la sécurité, le changement climatique et le budget de l'UE s'ils collaboraient au Parlement européen.

Malgré leurs divisions,  les partis anti-européens risquent de travailler ensemble afin d’affaiblir la coopération européenne et d’empêcher des actions contre les États membres qui ne respectent pas les valeurs de l'UE, souligne le rapport.

Il conclut que les prochaines élections du Parlement européen seront les plus importantes de l’histoire de l’Union européenne et que l’avenir de l’Europe, en tant que puissance internationale capable de garantir la sécurité et la prospérité de ses citoyens, est en jeu.

Le rapport révèle que les législateurs anti-européens pourraient :

  • Entraver l’action de l’Europe sur les grands défis de politique étrangère : en réclamant la levée des sanctions contre la Russie, en affaiblissant l’OTAN et en exigeant une réponse nationale, plutôt qu’européenne, aux menaces économiques posées par la Chine et les États-Unis.
  • Affaiblir l’état de droit en Europe : en bloquant les procédures de l’article 7 dans le Parlement européen et en empêchant l’Europe de défendre en interne la démocratie et de sanctionner les violations des droits de l’homme.
  • Endommager la compétitivité économique de l’Europe en faisant obstacle à la négociation ou à la ratification d’accords de libre-échange (ALE), comme par exemple un accord conclu après le Brexit avec le Royaume-Uni. Le rapport prédit que la politique commerciale sera le champ d’affrontements favori des partis anti-européens.
  • Mettre en péril la liberté de circulation en Europe : en réintroduisant des contrôles stricts aux frontières intérieures comme principale solution au défi que représente la migration pour l’UE.
  • Entraver les efforts mondiaux visant à lutter contre le changement climatique : en préconisant le retrait de leur pays, et de l'UE en général, des accords multilatéraux, tels que l'accord de Paris sur le climat.
  • Promouvoir la désintégration européenne de l’intérieur : en entravant les négociations budgétaires, en bloquant la nomination des commissaires et en utilisant la tribune du Parlement pour faire pression en faveur de référendums de sortie de l’Europe dans les États membres. La paralysie qui en résulterait affaiblirait l’argument selon lequel l’UE est réformable.
  • Changer la culture politique de l’Europe : le succès aux élections européennes pourrait servir de tremplin aux nationalistes européens pour remporter des élections nationales. Les élections au Parlement européen pourraient affecter principalement le cycle d'élections nationales en 2019 au Danemark, en Estonie et en Slovaquie, qui pourraient porter les nationalistes au pouvoir dans le cadre de coalitions, entravant le travail du Conseil européen.

Le rapport, dans son analyse des campagnes électorales à venir et des stratégies de lutte contre les anti-européens, note que :

  • Les pro-européens doivent élargir le débat pour montrer quel serait le véritable coût véritable des programmes des partis anti-européens sur un ensemble de politiques. Dans la plupart des pays, les questions politiques nationales domineront les campagnes et la migration ne sera qu'un problème important parmi de nombreux autres (sauf au Portugal, en Irlande et en Lituanie).
  • Les partis conservateurs traditionnels doivent s'abstenir d'adopter les idées des partis d'extrême droite et de les rejoindre dans une coalition.
  • En ce qui concerne les partis politiques traditionnels, ils doivent se concentrer sur les préoccupations des électeurs concernant la politique étrangère, le climat, la sécurité, la défense, la croissance et l’emploi, domaines sur lesquels les nationalistes sont divisés et ont moins de choses à dire.

Cette étude sur les conséquences d’une représentation anti-européenne accrue est la première production majeure du projet de l’ECFR intitulé « Débloquer la majorité européenne ». Elle sera complétée par des rapports à venir ainsi que par des sondages approfondis dans plusieurs États membres tout au long du cycle électoral.

Les sondages de l’ECFR identifieront les champs d’affrontement pour les partis politiques, les préoccupations majeures des électeurs dans 15 États membres de l'UE et les impacts que les résultats auront sur les principaux domaines politiques, tels que les affaires étrangères. Cette campagne de sensibilisation sera entreprise puis publiée en trois tranches entre février et juin 2019.

Mark Leonard, directeur de l’ECFR, a déclaré :

« L'avertissement contenu dans ce rapport, selon lequel les partis anti-européens gagnent en force et pourraient paralyser l'UE, doit occuper les esprits des pro-européens. Il ne faut pas qu’ils soient pris au piège en devenant les défenseurs du statu quo en Europe ou en permettant à l'élection de devenir un référendum sur la question des migrations – ce qui est exactement le champ de bataille que souhaitent les anti-européens ».

« Au lieu de cela, les pro-européens doivent redonner une voix à la majorité silencieuse en participant à différentes élections pour lesquelles différents groupes européens seront amenés à voter – les batailles individuelles telles que l'élection sur le changement climatique, l'élection « Facebook » des personnes concernées par leurs données personnelles et leur vie privée, l'élection pour ceux qui s’inquiètent au sujet de l'agression russe, l'élection sur la prospérité pour ceux qui s'inquiètent de la stagnation du niveau de vie, l'élection sur l'état de droit pour ceux qui s'inquiètent du recul démocratique et l'élection « sauver l'Europe» pour les plus ardents défenseurs de l'UE ».

Susi Dennison, directrice du programme Europe Puissance de l’ECFR, a déclaré :

« Ce rapport montre l’ampleur des enjeux et des dégâts que pourraient causer les anti-européens. En plus d’entraver les actions de l'UE qui visent à aider les citoyens européens – des accords commerciaux jusqu’aux actions contre l'agression russe – ils utiliseront leur pouvoir au sein du Parlement européen comme rampe de lancement pour transformer la politique dans toute l'Europe. Nous proposons une stratégie de riposte : en creusant des divergences entre les partis anti-européens, en exposant les coûts réels de leurs idées politiques clés, et en identifiant de nouveaux enjeux susceptibles d’inspirer les électeurs. »

 

-FIN-

 

L’étude de l’ECFR  « Les élections européennes de 2019 : comment les anti-européens envisagent de saboter l'Europe et comment faire pour les stopper » est disponible en téléchargement ici.

L’ECFR mènera des sondages approfondis, en partenariat avec YouGov, dans  15 des États membres de l'UE avant les élections du Parlement européen de mai 2019. Les résultats du sondage seront publiés en trois tranches, en février, avril et juin 2019.

L’ECFR publiera également des rapports supplémentaires sur les groupes d’électeurs, les coalitions politiques en mouvement et l'avenir de la politique européenne clé dans les mois à venir.

Le nouveau projet de l’ECFR « Débloquer la majorité européenne » vise à lutter contre la montée de l'antieuropéanisme et à montrer comment les partis politiques traditionnels peuvent efficacement mobiliser et rétablir les voix modérées à travers l'Europe. L’ECFR travaille activement dans six États membres et est également présent dans neuf autres pays de l'UE qui seront décisifs en termes de nombre de sièges au Parlement. Pour plus d'informations sur ce projet, veuillez-vous rendre sur : www.ecfr.eu.

Pour les demandes de diffusion concernant ce rapport et les futurs sondages, veuillez contacter Susi Dennison, directrice du programme Europe Puissance de l’ECFR, via : E: [email protected] / T: +33 782 61 52 11

Pour toute autre demande médias, veuillez contacter David Yorath, Apollo Communications, via : E: [email protected] / T: +44 (0) 7511467771

Remarque :

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