La diplomatie européenne aux Nations Unies après le Brexit

Le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) doivent s’efforcer d’entretenir des relations étroites aux Nations Unies

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Le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) doivent s'efforcer d’entretenir des relations étroites pour permettre aux Nations Unies de rester une institution libérale et internationaliste.

Londres, le 2 mai 2018 – Quelles sont les possibilités stratégiques post-Brexit du Royaume-Uni et de l'UE auprès des Nations unies ? Selon le nouveau rapport du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), le Royaume-Uni a longtemps été un « point d'ancrage » de la diplomatie multilatérale européenne et la rupture britannique avec l'UE pourrait être l'occasion pour la Chine et la Russie de faire reculer les droits de l'homme au sein de l'Organisation des Nations unies (ONU).

D'après le rapport « Angoisse de la séparation : l’influence européenne à l’ONU après le Brexit » de Richard Gowan, senior policy fellow de l’ECFR, l'UE aura besoin d'un leadership stratégique plus affirmé de la part de la France et de l'Allemagne pour négocier les alliances du bloc européen au sein des enceintes onusiennes.

D’une part, en tant que seul Etat membre de l'UE ayant un siège permanent au Conseil de sécurité, la France est désormais le principal porte-drapeau de l'UE à l'ONU – cependant, la France ne souhaite pas céder sa liberté d'action pour le prix d'une coordination européenne. D’autre part, l'Allemagne, forte de son aide au développement en hausse et de relations politiques relativement bonnes avec la Chine et la Russie, est bien placée pour partager le leadership.

Pour autant, un plus grand nombre d'Etats membres de l'UE devraient s'investir au sein du système onusien. Les Pays-Bas et le Portugal se sont fortement investis sur les questions de droits de l'homme, la Suède s'est particulièrement distinguée avec sa position indépendante sur la crise syrienne et l'Italie et la Grèce suivent de près l’action des agences humanitaires en réponse aux migrations. Si l'UE veut tenir la route dans l'arène multilatérale post-Brexit, les gouvernements européens, et notamment le Service européen pour l'Action extérieure (SEAE), doivent accroître leurs compétences et leur présence à l'ONU.

Pour le Royaume-Uni, le premier défi est d’éviter un rapprochement trop fort avec les États-Unis afin d’éviter que les autres puissances de l'ONU ne cessent de le considérer comme un acteur indépendant. Bien que le Royaume-Uni puisse tisser des liens plus étroits avec des puissances non-européennes au sein de l'ONU, tels que les membres du Commonwealth, il est probable que ses plus proches alliés sur les questions des droits de l'homme et du développement international restent les 27 États membres de l'UE.

Pour tirer le meilleur parti du Brexit à l’ONU, Londres devra aussi renforcer sa présence diplomatique à New York et Genève, tout en développant des mécanismes de coordination pragmatiques avec les 27 pays de l’UE dans le but de défendre les valeurs partagées.

Selon Richard Gowan “Pour défendre l'internationalisme au sein de l'ONU, le Royaume-Uni et les États membres de l'UE devront investir aussi bien dans des ressources diplomatiques adéquates que dans des relations étroites et coordonnées. Le meilleur moyen pour le Royaume-Uni et l'UE d'aborder la coopération post-Brexit est de le faire à l’aide de mécanismes mutuellement transparents, tels que le partage régulier d'informations, la collaboration au sein des enceintes onusiennes, ou par le maintien du E3 comme groupe souple de discussion et d'action spécialisé dans la gestion des crises majeures, tels celle autour de l'accord sur le nucléaire iranien.”

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