La cohésion européenne en hausse après des années de crise

Le nouveau EU Cohesion Monitor présente 20000 points de données sur la cohésion européenne, présentant des profils interactifs pour les 28 États membres de l’UE

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Introduction

  • Le nouveau EU Cohesion Monitor présente 20 000 points de données sur la cohésion européenne, présentant des profils interactifs pour les 28 États membres de l'Union européenne (UE) et les 12 groupes de pays.
  • Les résultats révèlent que les principales forces unissant l'Union européenne se sont renforcées, dépassant les niveaux pré-crise de 2007.
  • Mais le succès électoral des partis anti-européens suggère que l'environnement politique et social pour la cohésion en Europe reste fragile.

L’ECFR publie aujourd'hui la dernière édition du EU Cohesion Monitor. Cet indice analyse les expériences, les attitudes, les croyances et le bien-être des citoyens de l'UE (la cohésion individuelle), ainsi que les connexions et les pratiques de chaque État membre au sein de l'UE (la cohésion structurelle) depuis 2007.

L'explorateur de données interactif passe en revue les 28 États membres et les 12 groupes de pays. L'indice associe 42 facteurs tirés de sources officielles telles que l'Eurobaromètre ou Eurostat pour créer un ensemble de dix indicateurs qui mesurent la cohésion dans l'UE. Les utilisateurs peuvent suivre l'évolution de cette cohésion pour chaque année depuis 2007. 

Pour la France, l’EU Cohesion Monitor révèle que : 

  • La cohésion globale en France a modérément diminué. Entre 2007 et 2017, le pays est passé de la huitième à la seizième place, tombant sous la moyenne des 28 en 2017.
  • Cette diminution s'explique par une forte déperdition de la cohésion individuelle et par le fait que la cohésion structurelle n'augmente que faiblement.
  • Le niveau d’Expérience de l'opinion publique française vis-à-vis de l'UE augmente lentement et régulièrement, tout en restant parmi les plus faibles de l'UE, aux côtés de l'Italie, la Grèce, la Hongrie et la Pologne. Suivant la tendance générale, l'indicateur d’Engagement enregistre des pertes en France, ce qui reflète la performance et la participation des partis anti-européens aux élections du Parlement européen.
  • Les visions françaises de l'Union européenne démontrent une tendance contraire à celles de sa voisine allemande, parce qu’elle s’est fortement repliée, à l'instar de pays comme la République tchèque ou la Belgique. 
  • Même les attentes françaises concernant l'avenir, qui avaient été fortement affectées par la crise financière, se redressent, ce qui place les Français parmi les cinq pays les plus optimistes quant à l’avenir. 
  • L'économie française a été touchée par la crise financière et se redresse lentement depuis plusieurs années, comme le montre le facteur de Résilience. 
  • Les niveaux traditionnellement faibles de la France dans les indicateurs de Financement et de Liens économiquesen font un pays représentatif du groupe des  » Six Grands « , qui partagent le fait d’avoir un faible score de ces indicateurs. 

En Europe, certains résultats sont à la hausse :

  • La cohésion européenne se redresse après plusieurs années de crise.
  • Dix-sept pays ont un niveau global de cohésion plus élevé qu'en 2007, dont neuf pays ont enregistré une croissance de leur cohésion individuelle et structurelle.
  • Dans l'ensemble, la cohésion est la plus forte au Luxembourg, en Belgique, en Estonie, en Lituanie et à Malte.
  • De manière générale, les grands gagnants sont Malte et le Portugal, qui se sont fortement redressés après des années difficiles entre 2011 et 2013.
  • Les pays baltes surpassent leurs voisins d'Europe centrale et orientale et, dans une certaine mesure, les pays d'Europe occidentale, en matière de cohésion individuelle et structurelle.
  • Les pays d'Europe centrale et orientale ont réalisé d'importants progrès en matière de cohésion structurelle. 

D’autres, quant à eux, diminuent :

  • Seuls cinq pays ont connu un déclin de leur cohésion individuelle et structurelle depuis 2007 : Chypre, le Danemark, la Grèce, le Royaume-Uni et l’Espagne.
  • La Grèce a connu la chute la plus dramatique de sa cohésion globale, sous l'effet de l'effondrement de sa cohésion individuelle.
  • Le niveau de cohésion individuelle en Italie et en France a considérablement diminué au cours de la dernière décennie.

Bien que le groupe de Visegrád (République tchèque, Slovaquie, Hongrie et Pologne) a connu une augmentation significative de sa cohésion structurelle, le niveau de cohésion individuelle a également diminué considérablement au cours de la dernière décennie. 

La double chute dans la crise

Les effets de la crise de la dette financière et de la dette souveraine, et le débat sur la politique migratoire européenne apparaissent clairement lorsque l’on regarde les séries chronologiques. L’EU Cohesion Monitor fait l’état de diminutions de la cohésion individuelle pour la plupart des pays en 2011 et pour certains pays en 2015.

L'indicateur d’Engagement révèle des pertes de cohésion individuelle. Cet indicateur reflète la performance des partis eurosceptiques et anti-européens, ainsi que la participation aux élections nationales et européennes. Il y a lien de causalité clair entre le débat sur la politique migratoire européenne qui a émergé en 2015 et la montée en flèche du soutien aux partis nationalistes à travers l’Europe. Chacun des succès électoraux des partis anti-européens suggère que l'environnement politique et social pour la cohésion en Europe reste fragile.

Josef Janning, chercheur et codirecteur du bureau de Berlin de l'ECFR, a déclaré : 

« Sur le long terme, les facteurs structurels de cohésion se sont avérés être relativement stables en période de crise, tandis que les facteurs individuels sont beaucoup plus volatils. Les attitudes et les expériences des citoyens sont la clé de cette cohésion : lorsque les individus se détournent de l'Europe, les échanges commerciaux et les financements européens ne peuvent compenser la perte engendrée. Cependant, quand les individus font preuve d'une cohésion solide, une grave crise structurelle peut être surmontée.« 

Almut Möller, chercheuse et codirectrice du bureau de Berlin de l'ECFR, a déclaré : 

« Le renforcement de la cohésion a été un objectif clé de l'intégration européenne dès le début. Pourtant, étonnamment peu de connaissances ont été acquises jusqu'à présent sur ce qui unit les pays et les sociétés de l'UE. Basé sur des données matérielles, l’EU Cohesion Monitor retrace les trajectoires de cohésion dans chaque société. Il nous raconte comment renforcer la cohésion dans chaque Etat membre de l'UE. »

L'ECFR mesure la cohésion européenne depuis 2015. Les versions précédentes du EU Cohesion Monitor ont été publiées en 2016 et 2018. Cette nouvelle édition a été améliorée sur le plan méthodologique et comprend des données actualisées ainsi que des données nouvelles. Au cours des prochaines semaines, l’ECFR publiera des analyses et des commentaires plus approfondis sur une variété de sujets qui s'appuient sur la visualisation de cet outil interactif.

L'accès à l’EU Cohesion Monitor et à ses données est gracieusement offert. Les journalistes et chercheurs sont invités à utiliser les données pour leurs propres analyses.
L’EU Cohesion Monitor fait partie du projet Rethink : Europe, financé par la Stiftung Mercator.
 

– FIN –

Notes à l'intention des rédacteurs :

L'explorateur de données interactif EU Cohesion Monitor sera lancé le 11 avril sur https://ecfr.eu/eucohesionmonitor.

Téléchargez le PDF interactif (25 Mo) ici : PDF.

Les chercheurs de l'ECFR qui travaillent sur ce projet sont : 

–    Josef Janning, Directeur du bureau de Berlin de l'ECFR et chercheur, 
–    Almut Möller, Directrice du bureau de Berlin et chercheuse,
–    Christoph Klavehn, Chargé de projets pan-européens.

Pour toute demande d'interview, veuillez contacter Wiebke Ewering, responsable de la communication à l’ECFR, à [email protected]. Tél : +49 30 325 051 027, +49 17642065425  

A propos de l'ECFR : 

L’ECFR est le premier centre de recherche et d’influence (think-tank) paneuropéen. Créé en octobre 2007, il compte parmi ses objectifs de promouvoir à travers l’Europe le développement d’une politique étrangère européenne intégrée, cohérente et efficace. L’ECFR est une fondation indépendante financée par des contributions provenant de sources variées. Pour davantage d’informations veuillez cliquer sur le lien suivant : www.ecfr.eu/about/donors.

 

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