Comment adapter la coopération multilatérale sur le climat aux nouvelles réalités ?

Dans ce nouveau rapport, Anthony Dworkin et Mats Engström décrivent les mesures que l’UE et ses États membres devraient prendre avec des partenaires partageant les mêmes idées pour promouvoir l’action internationale contre le changement climatique, et comment elles pourraient s’inscrire dans un cadre multilatéral plus large. 

Representatives of the UN Member States sit in attendance in General Assembly Hall for the climate agreement opening ceremony. Leaders from around the world gathered in General Assembly Hall at UN Headquarters in New York City to sign the Global Climate Agreement resulting from the COP21 conference in Paris (December 2015). (Photo by Albin Lohr-Jones/Pacific Press)
Representatives of the UN Member States sit in attendance in General Assembly Hall for the climate agreement opening ceremony, April 2016 in New York
Image par Albin Lohr-Jones
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Points clés à retenir : 
 

  • La COP 27 se tiendra en novembre à Sharm el-Cheikh, en Égypte, dans un contexte de tensions géopolitiques – dont beaucoup sont centrées sur l’approvisionnement énergétique –  qui risquent de limiter les progrès des négociations multilatérales.
  • Les échanges seront compliqués par les tensions entre les grandes puissances et les demandes croissantes d’équité de la part des marchés émergents et des nations les plus pauvres pour qui le changement climatique cause des dommages et exacerbe leurs problèmes de développement.
  • Les tensions à la COP27 seront centrées sur deux questions essentielles : le niveau de réduction des émissions promis par les différents pays, ou contributions déterminées au niveau national (CDN), et le montant que les nations riches sont prêtes à payer pour atténuer l’impact du changement climatique ailleurs dans le monde.
  • Les nations les plus riches auraient tort de reculer devant le coût du rétablissement de la confiance, malgré des finances publiques contraintes. La politique climatique doit être considérée dans un contexte géopolitique et comme vitale pour sceller des alliances de grande envergure.
  • L’Union européenne (UE) doit répondre à la lenteur des progrès du processus multilatéral par une approche à deux voies, distincte mais solidaire, fondée sur des « coalitions de volontés » pour faire avancer une série de politiques climatiques.
  • L’ECFR fait des propositions détaillées sur la manière dont cela pourrait fonctionner, en partie dans le contexte du Breakthrough Agenda et du Club Climat du G7, lié à un système multilatéral renforcé proposé par le chancelier allemand lors du sommet des leaders du G7 en juin.

Les tensions sont nombreuses, car la guerre en Ukraine et d’autres frictions géopolitiques ont rendu plus difficile pour les puissances rivales de négocier avec succès sur des thématiques variées. La coopération multilatérale sur le climat à l’approche de la COP27 est une coopération tendue : les crises sur les marchés mondiaux de l’énergie et de l’alimentation ainsi que l’augmentation des niveaux d’endettement des pays en développement compliquent les mesures de réduction des émissions carbone, peu attrayantes pour beaucoup. De plus, la confiance est érodée par le sentiment croissant dans l’hémisphère sud que les pays développés n’honorent pas leurs promesses ou n’agissent pas équitablement dans leurs relations avec les pays à faible revenu.

Au milieu de ces divisions, les négociations sur le climat entrent dans une nouvelle phase difficile, car de nombreux pays doivent faire davantage pour réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de respecter les objectifs de l’accord de Paris de 2015. Mais l’accord de Paris aurait-il été signé aujourd’hui ? De nombreux responsables politiques européens en doutent et se demandent si l’approche de l’accord doit être revue dans un monde actuellement plus concurrentiel et méfiant.  

Dans ce nouveau rapport, Anthony Dworkin et Mats Engström décrivent les mesures que l’UE et ses États membres devraient prendre avec des partenaires partageant les mêmes idées pour promouvoir l’action internationale contre le changement climatique, et comment elles pourraient s’inscrire dans un cadre multilatéral plus large. 

Les principales recommandations sont les suivantes :

  • Tenir ses promesses en termes de financement climatique et de questions plus générales sur les flux financiers : L’UE doit considérer la finance climat sous une perspective géopolitique, comme l’une des mesures nécessaires pour contrer l’influence de la Chine et de la Russie dans l’hémisphère sud. Les mesures spécifiques devraient inclure des efforts supplémentaires pour redistribuer les droits de tirage spéciaux au sein du FMI.
  • Approfondir la confiance et forger de véritables alliances nord-sud : L’UE et les États membres devraient soutenir les transitions industrielles à faible émission de carbone, et pas seulement le déploiement des énergies renouvelables. Les partenariats pour une transition énergétique juste devraient davantage s’inspirer des ambitions de développement industriel de pays de l’hémisphère sud. Des mesures supplémentaires devraient être prises pour promouvoir la co-innovation et la diffusion des technologies : l’UE devrait créer un fonds européen spécifique à cet effet.
  • Soutenir le Breakthrough Agenda et le Club Climat du G7 : Les engagements volontaires des gouvernements en faveur de l’action climatique au sein de « coalitions de volontaires » doivent être plus clairement liés à la CCNUCC, notamment par le biais d’un programme de travail substantiel pour l’atténuation à l’horizon 2030. Il ne sera pas facile de se mettre d’accord sur un tel programme, même s’il n’entraîne pas d’engagements supplémentaires, mais l’UE devrait en faire une condition préalable à tout compromis dans d’autres domaines.
  • Amortir la crise énergétique : L’UE doit augmenter le soutien à court terme aux pays en développement qui sont vulnérables aux prix élevés de l’énergie au niveau mondial. À plus long terme, il convient de mettre en place une gouvernance mondiale de l’énergie plus inclusive, notamment en donnant aux pays de l’hémisphère sud une plus grande influence au sein de l’AIE.

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