Si loin de Dieu et si près de la Russie : la Biélorussie et les exercices militaires Zapad

La coopération renouvelée entre Minsk et Moscou dans le cadre des exercices militaires « Zapad » ne devrait pas fermer la porte à la Biélorussie

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Les exercices militaires russo-bélarusses Zapad 2017 sont de la poudre aux yeux

La coopération renouvelée entre Minsk et Moscou dans le cadre des exercices militaires « Zapad » ne devrait pas fermer la porte à la Biélorussie.

Alors que la Russie se prépare pour « Zapad 2017 » qui débutera cette semaine, les Européens craignent que ces exercices militaires transforment la Biélorussie en avant-poste permanent de l’armée russe. Et les Européens ne sont pas les seuls à s’inquiéter : le commandant de l’armée américaine en Europe a mis en garde contre la possibilité que ces exercices soient un « cheval de Troie » pour une possible avancée territoriale.

De telles craintes sont, en fait, exagérées, comme l’affirment Fredrik Wesslau et Andrew Wilson dans le nouveau rapport du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), « Si loin de Dieu et si près de la Russie : la Biélorussie et les exercices militaires Zapad ».

Malgré la relation étroite entre les présidents Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, l’Union européenne (UE) devrait passer outre les menaces possibles que représentent de tels exercices et approfondir son engagement auprès de la Biélorussie. Le rapport affirme que la récente retenue des autorités – selon les standards bélarusses – face aux manifestations qui ont eu lieu dans tout le pays est le signe qu’il est important pour Minsk de garder la porte de l’Europe ouverte.

Bien qu’elle soit économiquement dépendante de la Russie, la Biélorussie a récemment changé d’orientation, en tentant de desserrer cette relation. Victime d’une chute des revenus provenant du pétrole et d’une économie en difficulté, le régime cherche à diversifier ses options à l’étranger tout en maintenant le « contrat social » qui assure à Alexandre Loukachenko un soutien de sa population relativement élevé. Les bouleversements en Ukraine et le rôle de la Biélorussie comme intermédiaire dans le « processus de Minsk » ont également aidé à renvoyer une image du pays comme oasis de stabilité au sein d’un voisinage fragile.

Afin d’adopter une approche sur le long terme, les pays européens devraient :

  • Accepter l’invitation de la Biélorussie d’envoyer des observateurs militaires lors des exercices Zapad 2017
  • Soutenir les efforts de Minsk pour maintenir une neutralité relative vis-à-vis des récentes interventions militaires russes dans la région
  • Garder ouverte la possibilité d’un nouvel accord avec la Biélorussie si elle s’engage positivement pour les droits de l’homme, permettant à l’UE d’avoir plus de poids sur le pays.

Fredrik Wesslau a déclaré : « Cela pourrait sembler contre-intuitif, mais la bonne réponse à apporter aux mesures répressives des autorités est un engagement plus grand avec la Biélorussie, plutôt que le contraire. Toute décision de la part de l’Europe de revenir à une posture isolationniste ou d’imposer de nouvelles sanctions serait contre-productive, puisqu’elle donnerait à Minsk moins de raisons d’écouter l’Europe et ne ferait que pousser la Biélorussie encore plus dans le giron russe ».

Andrew Wilson a affirmé : « Même avec d’importants exercices militaires en perspective, il n’y a pas de raison de paniquer. Zapad amènera des troupes russes en Biélorussie, mais ils s’en iront. Cependant, le dilemme bélarusse de la Russie – et de l’Occident – continuera. »

L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.