Comment l’intelligence artificielle pourrait devenir un terrain d’affrontement entre l’Europe et les Etats-Unis

Ulrike Franke passe en revue les arguments en faveur d’une coopération entre l’Union européenne et les Etats-Unis sur les technologies d’IA

U.S. and Italian Army Paratroopers conduct airborne operation at Juliet Drop Zone, Pordenone, Italy
Image par picture alliance / ZUMAPRESS.com | U.S. Army ©
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  • L’intelligence artificielle (IA) est un domaine qui se développe à un rythme très soutenu, que les décideurs politiques ne parviennent pas à suivre.
  • Les appels à une coopération internationale, et plus particulièrement transatlantique, augmentent.
  • En Europe, l’intérêt pour le renforcement des politiques pour des IA « éthiques » est particulièrement fort – notamment pour la rendre plus attractive que d’autres juridictions dans le monde.
  • Une coopération étroite entre l’Europe et les Etats-Unis n’est pas gagnée : Bruxelles considère Washington comme son principal rival dans ce domaine et la volonté américaine de s’allier avec les Européens face e à la Chine suscite peu d’intérêt en Europe.
  • Le domaine militaire non combattant pourrait être un axe adéquat de coopération transatlantique en IA.

Les décideurs politiques et experts sont de plus en plus intéressés à aller plus loin dans le soutien à la recherche nationale en IA. Cette prochaine phase de développement de l’approche européenne pourrait être une période de coopération internationale, et plus particulièrement transatlantique, accrue.

Dans le nouveau rapport de l’ECFR, « Comment l’intelligence artificielle pourrait devenir un terrain d’affrontement entre l’Europe et les Etats-Unis », Ulrike Franke passe en revue les arguments en faveur d’une coopération entre l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis sur les technologies d’IA. Elle identifie les potentiels domaines de conflit qui pourraient empêcher les alliés de s’engager pleinement dans une coopération transatlantique en matière d’IA, démontrant que, bien que les deux parties soient intéressées par une collaboration, leurs raisons pour le faire diffèrent fondamentalement.

Selon Ulrike France, chercheuse à l’ECFR et autrice du rapport :

« Les deux côtés de l’Atlantique sont déjà motivés à coopérer sur l’IA. Mais, malgré ces intérêts communs, une coopération transatlantique en IA pourrait bien ne pas être aussi simple. Quatre tendances en particulier pourraient poser problème : une séparation transatlantique ; des efforts européens en matière d’autonomie numérique ; des visions différentes sur la Chine ; et potentiellement, le Brexit. »

L’autrice affirme que la coopération sur l’utilisation militaire de l’IA pourrait être un premier pas, permettant l’établissement de procédures conjointes en IA et de protections plus fortes contre une mauvaise utilisation :

« Le domaine de la défense pourrait bien s’avérer être une aire de coopération avec de l’avenir, en raison des liens militaires étroits entre les Etats-Unis et l’Europe à travers l’OTAN. Les experts militaires partagent leurs inquiétudes quant à la possibilité que l’introduction d’IA sur les champs de bataille soit un obstacle à l’interopérabilité entre les forces alliées, ce qui fait de la défense un domaine approprié pour renforcer la coopération. »

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