Vue de Paris : « Tout est possible »

Depuis Paris, la victoire de Trump, après celle du Brexit, est le dernier avertissement que tout est possible en 2017.

Après la victoire de Donald Trump, le mot « surprise » a résonné dans tout Paris jusqu’à ce que les commentateurs décident que la victoire de Trump constituait plutôt un « choc ». Quoi qu’il en soit, ce triomphe est perçu comme un coup majeur porté aux élites américaines : le personnel politique, l’intelligentsia, les media, les enquêtes de sondage, et les artistes. Cela fait écho à la politique française, avec la campagne présidentielle déjà bien entamée – surtout à droite – avec des primaires prévues pour fin novembre 2016.

La première personnalité politique à féliciter Donald Trump et le peuple américain sur leur « liberté » retrouvée fut Marine Le Pen. Elle a applaudi le fait que cette élection « n'est pas la fin du monde [mais] la fin d'un monde ». L’ancien Président Nicolas Sarkozy a aussi accueilli la nouvelle de manière positive – pour son propre avenir électoral, en l’occurence – car « dans une démocratie, un président est élu et non pas choisi par les medias et les sondeurs ». Pour le camp Sarkozy, la victoire de Trump est celle de la « majorité silencieuse », ce qui explique ses efforts pour attirer l’électorat du Front National.

Par contraste, le président François Hollande, et son principal rival, Alain Juppé (en ce moment en tête des sondages), se présentent chacun comme l’unique obstacle à l’ascension de Marine Le Pen et au triomphe des extrémismes.

Après avoir lourdement critiqué Trump pendant sa campagne, Hollande a finalement affirmé qu’il engagerait une « discussion » avec le président élu, tout en soulignant sa volonté que la France « soit forte et prenne ses responsabilités sur la scène internationale ».

Tout le monde s’accorde sur l’imprévisibilité de la présidence de Trump. Ce consensus est dû en parti à la nature volatile du personnage, mais également au fait que tous les politiques français connaissaient mieux Clinton et s’attendaient à sa victoire. Un candidat victorieux est toujours imprévisible pour ceux qui n’avaient pas prévu sa victoire.

Par conséquent, les experts s’inquiètent de l’avenir de la relation transatlantique. Lorsqu’il était candidat, Donald Trump a régulièrement remis en cause ce qu’on appelle le consensus de Washington. Si le TAFTA n’est pas une préoccupation majeure en France, la sécurité, elle, est un sujet clé : les futures décisions américaines concernant l’OTAN, la Russie, l’Ukraine, et la Syrie sont haut placées sur la liste des inquiétudes de la France quant à la nouvelle administration américaine. Le niveau d’incertitude sur ces sujets – en particulier eût égard à la Russie – se reflète également dans le débat national français sur les questions de politique étrangère.

Les réponses coordonnées d’Angela Merkel et François Hollande à la victoire de Trump ont toutes deux mentionné la nécessité de protéger et renforcer l’Union européenne.  Les observateurs ont noté que le moment est opportun pour appeler à la consolidation d’un système de défense européen. Mais, le chemin est encore long tant sur le plan politique que capacitaire.

Depuis Paris, la victoire de Trump, après celle du Brexit, est le dernier avertissement que tout est possible en 2017.

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