Séisme politique en Europe
Quel état des lieux peut-on dresser à la suite des élections européennes ?
Comme nous le craignions (et comme nous l’avions récemment prédit dans notre papier « La poussée eurosceptique et comment y répondre »), l’événement principal de ces élections n’est pas l’élection du président de la Commission, comme l’avaient espéré les forces pro-européennes, mais la montée des courants eurosceptiques de droite comme de gauche. Non seulement les élections n’ont pas réussi à mobiliser les citoyens – les taux de participation sont quasiment équivalents à ceux de 2009 – mais les électeurs qu’elles ont réussi à mobiliser sont souvent ceux votant contre les courants politiques européens traditionnels.
Comme les sondages l’avaient prédit, les partis europhobes domineront la scène politique de deux pays, la France et le Royaume Uni, et exerceront une forte influence dans beaucoup d’autres Etats européens. De l’Italie au Danemark, et de l’Autriche à la Grèce ou à l’Espagne, les partis centristes sont bousculés par les partis d’extrême droite ou d’extrême gauche. En Espagne, connue pour son système bipartite solide, les deux partis principaux n’ont même pas obtenu 50% des votes, perdant ainsi 15 points chacun par rapport à 2009.
A Bruxelles, le PPE tombe de 274 à 212 sièges et les socialistes passent de 196 à 185 sièges. Les libéraux aussi passent de 83 sièges en 2009 à 71 aujourd’hui. Et les Verts, fédéralistes, n’ont pas amélioré leurs résultats, gardant 55 sièges (pour 57 en 2009). A côté de ces 523 députés européens, il reste des sièges pour 228 autres députés. Ils ne sont pas tous de « vrais » eurosceptiques et ils auront certainement des difficultés à travailler ensemble, mais avec 30% des sièges, ils changeront la manière de travailler du Parlement, en forçant les partis traditionnels à collaborer plus étroitement.
Au niveau national, mais également à Bruxelles, le processus d’intégration européenne doit passer par une voie politique de plus en plus étroite alors même que le registre européen devient plus large (union bancaire, union fiscale etc…). Il est temps pour les dirigeants de l’UE de désigner un candidat à la tête de la Commission européenne. Juncker est-il celui qui peut sortir l’Europe de ce chaos et lui donner un futur ?
Nous avons demandé aux directeurs de nos sept bureaux nationaux d’analyser et d’expliquer le résultat des élections européennes dans chacun de leur pays. L’analyse des résultats en France, en Allemagne, et en Espagne est désormais disponible en français. L’ECFR poursuit également sa série spéciale de podcasts et d’événements pour comprendre comment l’Europe peut se réinventer après ce séisme politique.
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