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Pourquoi tant de haine ?

Le sommet européen du week-end du 12 juillet, consacré à un énième épisode de la crise grecque, a provoqué une hystérie antigermanique inédite. Si la chancelière Merkel a eu le sentiment d’avoir raison, elle n’a pas su en convaincre ses partenaires.

Publié le 17 juillet 2015 à 19h46, modifié le 19 juillet 2015 à 13h26 Temps de Lecture 4 min.

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Ils devraient se méfier : le face-à-face avec une adolescente devant une caméra de télévision est toujours une prise de risque pour les politiciens. François Hollande l’a appris à ses dépens en 2013, avec le fiasco de l’affaire Leonarda, la jeune Kosovare sans papiers expulsée de France. Mercredi 15 juillet, Angela Merkel a eu à son tour son « moment Leonarda », face aux larmes d’une Palestinienne de 13 ans, réfugiée d’un camp du Liban : à la jeune fille qui confiait l’angoisse d’un avenir incertain car elle n’était pas assurée de pouvoir rester en Allemagne, la chancelière a expliqué que « la politique, parfois, c’est dur », avant d’essayer de la réconforter maladroitement en lui tapotant l’épaule.

Tollé sur les réseaux sociaux. A l’étranger, l’image « tape-dur » de Mme Merkel est un grand classique – succès assuré. En Allemagne, ce n’est pas tant sa dureté qui lui a été reprochée que la mauvaise gestion de l’afflux des demandeurs d’asile ainsi mise en lumière.

L’épisode, en fait, est très révélateur de la différence entre M. Hollande et Mme Merkel, ou entre la psychologie des Français et celle des Allemands. Sensible à la pression de l’opinion publique, indignée qu’une jeune immigrée clandestine puisse être cueillie lors d’une sortie scolaire pour être expulsée avec sa famille, le président français va jusqu’à lui proposer de revenir en France, mais seule, histoire de ne pas totalement transgresser la loi – juste un petit peu. La chancelière allemande, elle, rappelle les règles qui, à ses yeux, ne souffrent pas d’exception ; s’il n’y a plus de guerre civile dans leur pays, les réfugiés peuvent rentrer chez eux, pour faire place à ceux dont le pays est, à présent, en guerre, car « on ne peut pas accueillir toute l’Afrique » ?

C’est sans doute à cette différence de sensibilités que fait référence le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, dans la passionnante interview sur la crise grecque publiée par Le Monde vendredi, lorsqu’il dit qu’en Europe « il faudrait moins de Voltaire et de Rousseau, et plus de Montesquieu ». Les Lumières, c’est bien, mais s’il vous plaît, un peu moins d’idéalisme et un peu plus d’organisation.

Hystérie antigermanique

On sait M. Tusk assez germanophile. Si c’est de l’organisation à l’allemande qu’il veut parler cependant, la pente va être raide. L’éprouvante négociation du week-end du 12 juillet sur le nouveau plan d’aide à la Grèce, visant à éviter à Athènes une sortie de l’euro, a été couronnée par un déchaînement de rhétorique anti-germanique qui a frisé l’hystérie. La nuit avançant, l’« humiliation » s’est transformée en euphémisme. Au petit matin du 13 juillet, Twitter n’était plus que « coup d’Etat », « crime contre l’humanité », « génocide social », « mise en esclavage », « viol » de la démocratie hellène déjà par ailleurs « étranglée »… politiques et commentateurs n’ont reculé devant rien pour qualifier le traitement de la Grèce par l’Allemagne. Ni le casque à pointe, ni l’allusion au traité de Versailles, ni l’inévitable « IVReich » ne nous ont été épargnés. On a vu un ministre des finances, Yanis Varoufakis, accuser ses collègues européens de « terrorisme » et un Prix Nobel d’économie, Joe Stiglitz, dénoncer leur « responsabilité criminelle ».

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