Les conservateurs d'Angela Merkel ont obtenu une victoire en demi-teinte ce dimanche soir. Montée historique du parti de droite nationaliste AfD, refus des sociaux-démocrates de former une coalition... le bilan est amer. Angela Merkel devra sans doute se diriger vers les libéraux du FDP et les Verts, divisés sur de nombreux points. Et ces négociations risquent de peser lourdement sur la politique européenne.
Rejet des idées de Macron
Les Libéraux ont mené une campagne aux accents eurosceptiques et entendent poser leurs conditions dans un futur gouvernement. Le chef des libéraux (FDP)a même déjà fixé une condition pour entrer au gouvernement: le rejet des idées de réforme de la zone euro portées par le président français Emmanuel Macron.
"Un budget de la zone euro où l'argent atterrirait en France pour les dépenses publiques ou en Italie pour réparer les erreurs de (Silvio) Berlusconi, serait impensable pour nous et représenterait une ligne rouge", a-t-il expliqué.
Tout l'avenir de l'Europe repose sur l'axe franco-allemand
Pour l'économiste Bruno Colmant, "les combinatoires politiques vont être compliquées (...) Les libéraux ont pris des positions extrêmement anti-européenne récemment. Cela veut dire pas de ministre des finances européen, sortir la Grèce de la zone euro et avoir une politique migratoire extrêmement restrictive."
"C'est très important parce que tout l'avenir de l'Europe repose sur l'axe franco-allemand", ajoute-t-il. "Je crois que Macron n'aurait pas voté Merkel mais plutôt Schulz. Il se fait maintenant que cet axe va devoir être construit sur d'une part une France qui a besoin d'une politique keynésienne et d'une souplesse budgétaire et d'autre part des Allemands qui vont devenir plus rigide sous l'angle de la politique de l'euro et des finances. Ca va être très compliqué. "
Négociations du Brexit
De son côté, Ulrike Franke, chercheuse au Conseil européen des relations internationales, partage ce constat. "Il y a des différences importantes entre le FDP et les Verts. C’est pour ça que ça devient très difficile de dire dans quelle direction ils vont aller", explique-t-elle. "Je crois que c’est improbable qu’ils fassent les grands "deals" avec Emmanuel Macron."
Mis à part l'aspect finances, d'autres enjeux européens risquent d'être impactés. "Former une coalition peut durer énormément de temps . Par rapport aux négociations du Brexit, par exemple, c’est très difficile," explique Ulrike Franke.