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Conflit au Yémen: «Si Marib tombe, ce serait une transformation fondamentale de la guerre»

La coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite a annoncé ce samedi avoir mené des frappes aériennes contre les rebelles Houthis au Yémen au lendemain d'une attaque de drones contre une raffinerie de pétrole à Riyad revendiquée par les rebelles. Les rebelles eux poursuivent leur offensive vers la ville de Marib, dernier bastion gouvernemental du nord du pays. Six ans jour pour jour après le début de la guerre, Helen Lackner, spécialiste du Yémen au « European Council for Foreign Relations » analyse les rapports de force sur le terrain.

De la fumée s'élève dans le désert après des affrontements entre les forces yéménites loyalistes et les rebelles houthis aux abords de la ville de Marib le 11 février 2021.
De la fumée s'élève dans le désert après des affrontements entre les forces yéménites loyalistes et les rebelles houthis aux abords de la ville de Marib le 11 février 2021. AFP - -
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RFI : Les Houthis continuent d’avancer vers la ville de Marib. Quelle est la situation sur le terrain actuellement ?

Helen Lackner : L’offensive sur Marib a commencé l’année dernière, elle s’était arrêtée pendant un certain temps et a repris depuis un mois. Les Houthis sont actuellement à 15 kilomètres de la ville de Marib. Ils se trouvent sur un terrain relativement ouvert, sans montagnes, sans endroits pour se protéger. La seule chose qui les empêche d’avancer plus sur Marib sont les frappes aériennes de la coalition menées par l’Arabie saoudite. Il faut savoir que selon des vidéos que j’ai vues, certaines troupes du gouvernement yéménite défendent Marib sans être armés, en conduisant tout simplement des voitures contre les rebelles. Si Marib tombe entre les mains des Houthis, ce qui est tout à fait possible, ce serait une transformation fondamentale de la guerre.

La nouvelle administration Biden, tout en suspendant les livraisons d’armes à l’Arabie saoudite, veut relancer les négociations. Quelle est la marge de manœuvre de Washington ?

Les États-Unis veulent effectivement relancer l’offensive diplomatique. Mais ils vont certainement découvrir qu’ils ont beaucoup moins d’influence qu’ils ne s’imaginent. Même si les Américains avançaient vers un retour dans l’accord nucléaire avec l’Iran, cela ne résoudrait pas le problème au Yémen. Il est faux de supposer que les Iraniens peuvent demander aux Houthis d’arrêter l’offensive et ces derniers s’arrêteront tout de suite. Les Houthis font ce qu’ils veulent, ils bénéficient du soutien des Iraniens, mais ils peuvent continuer sans eux. En même temps, les États-Unis sont un peu coincés dans leur position à l’égard de l’Arabie saoudite. Ils ont certes annoncé de suspendre leur livraison d’armes vers ce pays, mais également promis de protéger ses frontières. Or, les Houthis intensifient en ce moment les frappes par drones sur l’Arabie saoudite. Ce n’est donc pas le moment pour Washington de lâcher Riyad.

Cette « offensive diplomatique » souhaitée par les États-Unis a-t-elle une chance d’aboutir ?

Cette tentative de relancer les négociations est censée renforcer les efforts menés par l’envoyé spécial des Nations unies Martin Griffith. Moi, je pense, et je ne suis pas la seule, que les États-Unis devrait s’impliquer davantage aux Nations unies, au Conseil de sécurité pour faire changer la résolution 2216 qui est absolument inapplicable. Il faudrait présenter une autre résolution pour avoir une base de discussion. Car la résolution 2216 dit tout simplement aux Houthis « retournez où vous étiez en 2011 ». Étant donné leurs succès militaires depuis 10 ans, ils ne le feront jamais.

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