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Moyen Orient et Monde - Gaza

La quatrième guerre entre le Hamas et Israël évitée de justesse

Le mouvement islamique annonce un cessez-le-feu avec l’État hébreu après une grave confrontation depuis dimanche.


Un char Merkava, le long de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, le 13 novembre 2018. Menahem Kahana/AFP

Évitée ou reportée ? La plus sévère confrontation entre Israël et le Hamas depuis 2014 a failli mener à une nouvelle guerre. Elle a surtout mis à mal la situation sécuritaire fragile à Gaza. Des bombardements de part et d’autre ont eu lieu entre dimanche et mardi avant de se terminer par la publication d’un communiqué hier soir par des groupes palestiniens, annonçant un cessez-le-feu conclu sur intercession égyptienne : « Les efforts de l’Égypte ont permis d’aboutir à un cessez-le-feu entre la résistance et l’ennemi sioniste. La résistance le respectera aussi longtemps que l’ennemi sioniste le respectera. »

Une opération au sol des forces spéciales israéliennes a mal tourné dimanche soir. Un officier israélien y a été tué ainsi que sept combattants palestiniens, dont un responsable de la branche militaire du Hamas. Cette altercation a déclenché un nouveau cycle de violences, alors qu’une médiation égyptienne et onusienne tentait de maîtriser la situation sécuritaire volatile depuis des mois. Le Hamas a riposté par des tirs de roquettes, et visé un bus militaire israélien lundi, blessant grièvement un jeune soldat de 19 ans. L’armée israélienne a ensuite visé 160 cibles du Jihad islamique et du Hamas, qui contrôle Gaza depuis plus de dix ans, et d’où plus de 400 roquettes ont été tirées sur Israël entre lundi et mardi. Au moins sept Palestiniens ont été tués et 25 autres blessés par les frappes israéliennes en moins de 24 heures, tandis que les tirs de roquettes et de mortiers en provenance de Gaza ont tué un travailleur palestinien, originaire de la Cisjordanie occupée, et fait des dizaines de blessés en territoire israélien.

Des dizaines de milliers d’Israéliens dans la ville d’Ashkelon et d’autres localités proches de l’enclave ont passé la nuit au rythme ininterrompu des sirènes les précipitant vers les abris ou les y confinant. La bande de Gaza a, elle, résonné toute la nuit des frappes israéliennes, qui ont réduit à l’état de ruines des bâtiments de plusieurs étages comme le siège de la télévision du Hamas, al-Aqsa TV. L’armée israélienne l’a qualifié de « cible terroriste stratégique » et a justifié sa destruction par le fait que la chaîne diffuse « de la propagande violente » contre Israël, tandis que le Hamas a dénoncé une « agression flagrante contre le journalisme » et appelé les organismes internationaux à la condamner.

Dans des mouvements faisant craindre l’éclatement d’une nouvelle guerre, le Premier ministre israélien a coupé court sa visite à Paris dimanche, annulant dans la foulée une rencontre avec le président français Emmanuel Macron, tandis que l’armée israélienne a déclaré avoir dépêché des troupes d’infanterie, des engins blindés et des batteries antimissiles supplémentaires à la frontière avec Gaza. Sans pour autant rappeler les réservistes comme elle l’avait fait en 2014 lors de la dernière guerre, qui avait fait plus de 2 000 morts côté palestinien, en majorité des civils, et plus de 70 morts côté israélien, en majorité des militaires.


(Pour mémoire: Nouvel acte d'apaisement à Gaza : le Hamas distribue les dollars qataris)


« Une série d’erreurs et de mauvais calculs »
Ce bilan a jusqu’ici freiné la volonté du Hamas de s’engager dans une autre guerre, alors que les conditions de vie dans l’enclave palestinienne sous son contrôle sont désastreuses. « Nous n’avons jamais voulu l’escalade, elle s’est imposée à nous », a affirmé à L’Orient-Le Jour Bassem Naïm, directeur du Conseil pour les relations internationales du Hamas et ancien ministre de la Santé gazaoui, qui parlait avant la diffusion du communiqué palestinien. Il a ajouté que « si Israël accepte de ne plus attaquer le peuple palestinien, nous acceptons un cessez-le-feu ». « Les partis ne veulent pas d’un nouveau conflit à ce stade », confirme Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen des relations internationales, qui définit l’origine du dernier accès de fièvre comme « une série d’erreurs et de mauvais calculs ». Israël n’a pas confirmé le cessez-le-feu officiellement, et s’est pour sa part « réservé la liberté de mener des opérations », selon le quotidien Haaretz, qui cite un officiel israélien affirmant que « les demandes du Hamas venaient de quatre médiateurs différents, l’Égypte, l’ONU, la Norvège et la Suisse », et que « les développements sur le terrain détermineront » la réaction israélienne. Le bureau du ministre de la Défense israélien Avigdor Lieberman a de son côté publié un communiqué hier qui stipule que « les positions du ministre sont constantes », et que des rumeurs concernant « son soutien pour faire arrêter les attaques sont fausses ». Des citoyens israéliens ont par ailleurs manifesté dans la ville de Sderot, près de Gaza, et largement touché par les tirs de roquettes, pour exprimer leur désarroi à la suite de l’annonce du cessez-le-feu.


(Lire aussi : Violences à Gaza : l'Egypte, médiateur discret mais plus que jamais à la manœuvre)


L’histoire peut se passer autrement
La situation paraissait s’apaiser ces derniers jours, avec l’autorisation du transfert de fioul pour alimenter la centrale électrique gazaouie et de 15 millions de dollars pour payer les arriérés des fonctionnaires du gouvernements du Hamas, tous deux financés par le Qatar, et ce malgré le refus de l’Autorité palestinienne. Les événements meurtriers de ces derniers jours ont pourtant démontré, inutilement, que le risque d’une nouvelle guerre à Gaza est réel. 65 % des deux millions d’habitants de la bande de terre sous blocus depuis 2007 vivent sous le seuil de pauvreté. Depuis le début de la grande marche du retour initiée en mars dernier par des groupes de la société civile et cooptée par le Hamas, plus de 250 Palestiniens manifestant près de la barrière de sécurité frontalière ont été tués par l’armée israélienne, alors qu’un soldat israélien a été abattu par un sniper palestinien. Le processus d’apaisement mis en place par l’Égypte et l’ONU est la dernière option possible pour le Hamas, qui aura tout essayé pour lever le blocus de l’enclave : de la guerre à la proposition de transfert du pouvoir au gouvernement rival de l’Autorité palestinienne, rendue impossible par l’absence d’accord entre les deux factions palestiniennes qui mènent des pourparlers depuis presque un an.

Le calme est revenu, mais l’averse causée par ce que le New York Times a souligné comme étant la « première incursion à Gaza » d’un commando israélien depuis la guerre de 2014, peut encore se produire à n’importe quel moment. « Des activités dont la plupart des civils ne connaissent pas l’existence se produisent tout le temps, toutes les nuits et dans toutes les régions », a affirmé l’ex-chef du commandement sud de l’armée israélienne, Tal Russo, interrogé par la chaîne de télévision israélienne Channel 10 sur l’incursion des Forces spéciales à Gaza. Si un des soldats israéliens avait été kidnappé, ou si le corps de l’officier tué était resté en possession du Hamas comme monnaie d’échange pour apaiser le blocus, l’histoire aurait pu se passer autrement. Un énième accès de fièvre pourrait avoir lieu. « Il suffit d’un autre mauvais calcul », conclut M. Lovatt.


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Évitée ou reportée ? La plus sévère confrontation entre Israël et le Hamas depuis 2014 a failli mener à une nouvelle guerre. Elle a surtout mis à mal la situation sécuritaire fragile à Gaza. Des bombardements de part et d’autre ont eu lieu entre dimanche et mardi avant de se terminer par la publication d’un communiqué hier soir par des groupes palestiniens, annonçant un...

commentaires (3)

Il n’y a pas de quoi fanfaronner ou roucouler ! Ils s’en prennent plein la figure depuis des années et le Hamas n’est certainement pas un champion de la négociation et de gestion de crise .

L’azuréen

20 h 58, le 14 novembre 2018

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Commentaires (3)

  • Il n’y a pas de quoi fanfaronner ou roucouler ! Ils s’en prennent plein la figure depuis des années et le Hamas n’est certainement pas un champion de la négociation et de gestion de crise .

    L’azuréen

    20 h 58, le 14 novembre 2018

  • LE BRAISES DU FEU COUVENT SOUS LA CENDRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 12, le 14 novembre 2018

  • 400 roquettes tirées en 24h ?????????? Des roquettes et de petits missiles , 400 ? 24h ? Vous savez les usurpateurs sont très bons comptables , ils connaissent les chiffres et sont de très bons menteurs . A quoi servent les bombardements aeriens depuis des années sur ce petit réduit de camp de concentration ? Les usurpateurs tirent sur quoi ? Du sable ? 400 en 24h ? IMAGINEZ 1000 MISSILES DESTRUCTEURS PAR JOUR AVEC UNE PRÉCISION DIABOLIQUE ET UNE EFFICACITÉ ANGÉLIQUE , ET VOUS COMPRENDREZ POURQUOI LES POLTRONS N'ATTAQUERONT PLUS JAMAIS LE HEZB LIBANAIS RÉSISTANT CHEZ LUI AU LIBAN . ÇA EXPLIQUE LES SANCTIONS À RÉPÉTITION , aussi inefficaces que ridicules. SEULES LES RÉSISTANCES ARMÉES FERONT DES RÉSULTATS PROBANTS , tout le reste c'est du flonflon.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 49, le 14 novembre 2018

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