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Économie - Iran

L’économie menace-t-elle la réélection de Rohani ?

Le président iranien a hérité d'une économie plombée par les sanctions internationales et les dépenses inconsidérées de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad.

La plupart des experts s’accordent à dire que le président Rohani a fait ce qu’il a pu pour redresser l’économie iranienne. Photo archives AFP

L'économie iranienne n'est plus au bord du précipice, mais des experts se demandent aujourd'hui si le président Hassan Rohani est parvenu à suffisamment redresser la barre pour assurer sa réélection dans deux mois.
« Cette année a été terrible : pas d'emplois, une récession, un marché immobilier atone », énumère Ali Bakhtiyari, joaillier dans le bazar Tajrish au nord de Téhéran. Les affaires n'ont pas été bonnes, même ces derniers temps à l'occasion du Nouvel An perse, Norouz, se désole-t-il. « Le gouvernement tente de déverrouiller les choses, mais quatre ans ont passé (depuis l'élection de Rohani). Les verrous auraient dû sauter depuis », explique-t-il à l'AFP.
Ce sentiment est très palpable en Iran et pèse sur les chances de réélection du président au scrutin du 19 mai. D'autant que le guide suprême Ali Khamenei a sévèrement critiqué la performance du gouvernement en matière économique. « Ce qui a été accompli jusqu'à présent reste loin des attentes du peuple et du guide suprême », a récemment indiqué l'ayatollah à l'occasion de Norouz, pointant notamment un taux de chômage à 12 % et à plus de 25 % pour les jeunes.
La plupart des experts s'accordent à dire que Rohani, un religieux modéré élu sur un programme de rétablissement des liens avec l'Occident et d'apaisement des tensions sociales, a fait ce qu'il a pu. Il a hérité d'une économie plombée par les sanctions internationales et les dépenses inconsidérées de son prédécesseur, l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Il lui fallait alors réussir la prouesse de juguler l'inflation, qui atteignait les 40 %, tout en stimulant l'activité économique. M. Rohani « n'a pas pu tout faire, mais il a réduit l'inflation et a tenté d'attirer plus d'investissements, de s'attaquer à la corruption et de supprimer des pratiques bancaires d'un autre âge », explique Rouzbeh Parsi, directeur du European Iran Research Group.
Les chiffres parlent pour lui. Alors que le PIB s'était contracté de 7,7 % l'année précédant son entrée en fonctions, le Fonds monétaire international a prédit une croissance de 6,6 % cette année et l'inflation n'est plus qu'à un seul chiffre.

Levée des sanctions
Un accord avec les grandes puissances sur le dossier nucléaire iranien en 2015 a permis la levée de nombreuses sanctions internationales et, depuis, les responsables économiques et politiques étrangers se succèdent à Téhéran. Mais « tout cela ne va pas assez vite pour l'Iranien moyen », estime M. Parsi.
Le cœur du problème est un manque de liquidités et l'absence d'investissements par les riches Iraniens. « Si nous ne pouvons pas attirer des investissements, le PIB va retomber à zéro », assure Saeed Laylaz, un conseiller économique du président Rohani. Sans davantage de transparence, les investisseurs vont rester prudents, avertit-il.
Or cette transparence est difficile avec un establishment conservateur qui reste braqué sur ses objectifs de lutter contre Israël et l'Occident, et d'imprimer sa marque au Moyen-Orient, des priorités financées à l'abri des regards. « Il arrivera un moment où les dirigeants politiques devront décider : sommes-nous là pour enrichir le pays ou pour perpétuer la rhétorique révolutionnaire ? » dit M. Parsi.
L'autre problème majeur est le triste état du système bancaire à cause du grand nombre de créances douteuses. Les prêts toxiques et les propriétés sans valeur qui y sont attachées représentent 45 % des actifs des banques, selon une évaluation faite en novembre. Par ailleurs, malgré l'accord nucléaire, les grandes banques internationales restent à l'écart, craignant l'opacité du système iranien et de nouvelles sanctions américaines. « Les attentes concernant l'afflux de capitaux étrangers (...) étaient bien trop grandes », estime Ellie Geranmayeh, du European Council on Foreign Relations. « Il est difficile de faire des affaires en Iran » en raison de la bureaucratie et du népotisme, explique-t-il.
Selon des experts, les récentes critiques du guide suprême envers Rohani seraient un signe qu'il souhaite son remplacement par un conservateur. Mais selon Ellie Geranmayeh, Ali Khamenei « critique chaque gouvernement et s'assure qu'aucun camp ne devienne trop populaire. »
Si Rohani est réélu, « il devra être bien plus offensif en matière de réformes économiques, sociales et politiques, prévient Saeed Laylaz. Il n'a pas le choix ».
Éric RANDOLPH/AFP

L'économie iranienne n'est plus au bord du précipice, mais des experts se demandent aujourd'hui si le président Hassan Rohani est parvenu à suffisamment redresser la barre pour assurer sa réélection dans deux mois.« Cette année a été terrible : pas d'emplois, une récession, un marché immobilier atone », énumère Ali Bakhtiyari, joaillier dans le bazar Tajrish au nord de...

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