Muammar al-Kadhafi avait construit un pays sans Etat. La chute du dictateur, en 2011, a révélé l’étendue du vide, l’effondrement de la Jamahiriya libyenne laissant le champ libre aux milices, qu’elles soient révolutionnaires, islamistes, réactionnaires, tribales ou simplement criminelles. Neuf ans plus tard, la Libye est toujours plongée dans une guerre civile dont personne n’entrevoit l’issue. Au lieu de s’épuiser, ces forces, recomposées autour de deux pôles - la coalition qui défend le gouvernement d’union nationale de Faïez el-Serraj, à l’Ouest, et le camp du maréchal rebelle Khalifa Haftar, à l’Est - se sont renforcées en cherchant des protecteurs étrangers pour les financer, les armer et les appuyer politiquement.
Au fil des ans, la Libye est devenue le terrain de jeu de tant d'acteurs étrangers qu'un règlement du conflit est désormais indissociable d'un accord diplomatique. C'est en tout cas la conviction de l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, qui dit vouloir bâtir un «parapluie international» pour protéger les futures négociations interlibyennes, gelées depuis l'offensive des troupes de Haftar sur Tripoli, en avril. La conférence de Berlin, dimanche, doit précisément déboucher sur une déclaration commune signée par les protagonistes. Négocié depuis plusieurs mois sous la conduite des diplomates onusiens et allemands, le texte est censé appeler à un cessez-le-feu durable, un embargo sur les armes, un retour au dialogue politique, une r