Menu
Libération

Vladimir Poutine prend garde à lui

par V. D. (à Moscou)
publié le 6 avril 2016 à 20h21

Comme si l’Etat en Russie n’était pas assez policier, le président, Vladimir Poutine, a décidé de se doter d’une nouvelle structure, la Garde nationale. Issue d’une réorganisation des corps armés du ministère de l’Intérieur, qui absorbera l’Omon (forces antiémeutes), le Sobr (détachements pour la capture de criminels armés), et d’autres structures de sécurité privées, elle sera soumise directement au président.

Allégeance. Elle sera dirigée par son ami de longue date et chef de sa sécurité personnelle entre 2000 et 2013, le très fidèle Victor Zolotov, général des armées et chef des troupes du ministère de l'Intérieur. Membre du KGB avant la chute de l'URSS, il est connu pour son allégeance à la mémoire du NKVD, la funeste police politique soviétique.

Les quelque 300 000 à 400 000 hommes sous son contrôle devront accomplir un vaste éventail de tâches : lutte antiterroriste et anti-extrémiste, maintien de l'ordre, sécurité des sites d'Etat, coopération avec les garde-frontières… La Garde nationale empiète donc sur les plates-bandes de presque tous les services existants. Comme le note le quotidien Vedomosti, «faire en sorte que les prérogatives soient doublées est une marque du style poutinien, sa manière d'établir un système de pouvoirs et contre-pouvoirs, cette fois-ci au sien du bloc sécuritaire».

Poutine assure avoir créé la Garde nationale pour améliorer le travail dans tous les domaines, y compris dans la lutte antiterroriste, le crime organisé et le trafic de drogue. Son porte-parole, Dmitri Peskov, s’est empressé de démentir les soupçons selon lesquels le président russe se serait doté d’un outil pour réprimer les manifestations que pourraient provoquer les législatives de septembre, ou encore d’une garde personnelle pour sécuriser sa propre position.

«Prétorienne». Mais les experts restent convaincus du contraire. «La Garde nationale, en tant qu'agence fédérale, sera directement subordonnée au Kremlin, sans le moindre ministre sur son chemin, écrit l'expert en sécurité et professeur à l'Université de New York, Mark Galeotti. Avec Zolotov à sa tête, c'est encore plus clairement une force présidentielle personnelle, prétorienne, dirigée par un loyaliste maximaliste. Ce qui permettra de faire le poids face aux masses, mais aussi face aux élites.»

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique