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L’Union européenne, complice des crimes israéliens

L’occupation israélienne est meurtrière. Vendredi, un bébé a été tué lors d’un incendie criminel perpétré par des colons. L’organisation Stop The Wall et des eurodéputés dénoncent l’accès, par le biais d’un programme 
de recherche, au financement européen d’Elbit Systems, entreprise engagée dans la dernière guerre à Gaza.

Publié le 3 août 2015

L’Union européenne (UE) est un frère d’armes sans pareil. Et pourrait même, sous couvert de programmes de recherche, être le principal soutien financier des crimes de guerre ­israéliens et de la colonisation. L’été dernier, alors qu’un déluge de feu s’abattait sans relâche sur les civils palestiniens à Gaza, Bruxelles faisait mine de durcir le ton sans jamais envisager de suspendre l’accord d’association qui lie l’UE à Israël pour forcer Tel-Aviv à respecter le droit international. Si le pilonnage a cessé, le répit n’est qu’apparent et le niveau de collaboration militaire entre l’UE et Tel-Aviv se poursuit sous une autre forme. Ainsi, soixante-treize eurodéputés principalement issus de la Gauche unitaire européenne-Gauche verte nordique (GUE-GNL) et du Parti socialiste européen s’inquiètent de l’accès aux financements européens ­d’Elbit Systems et d’autres fleurons du complexe militaro-industriel israélien. Leader sur le marché des drones, Elbit Systems pourrait profiter du programme de recherche et développement, Horizon 2020, dont le budget est estimé à 80 milliards d’euros.

Dans un courrier envoyé à la haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, et au directeur général de la direction générale recherche à la Commission européenne, Robert-Jan Smits, les députés européens dénoncent la coopération avec des organisations qui « se sont rendues complices des agressions militaires d’Israël contre le peuple palestinien », comme le souligne Martina Anderson, du Sinn Féin irlandais. Les parlementaires s’appuient sur une étude de l’organisation Stop The Wall, regroupement d’ONG, de comités populaires et d’associations palestiniennes militant contre le mur d’apartheid, qui dévoile six propositions de projets soumises par Elbit Systems à Bruxelles. Martina Anderson indique par ailleurs que, lors du précédent programme de recherche de l’UE (2007-2013), « Elbit Systems et Israel Aerospace Industries ont participé à des projets pour une valeur de 393 600 149 euros, et nombre de ces projets étaient destinés au développement de drones ». Et de poursuivre : « Le financement de projets liés à des entreprises israéliennes impliquées dans le cadre de la “sécurité intérieure” des colonies risque d’entraver les orientations données par plus de vingt États membres aux entreprises privées pour qu’elles n’entretiennent pas de liens économiques qui bénéficieraient aux colonies. » En clair, la participation de groupes israéliens à des fonds européens est strictement encadrée et l’UE n’est pas censée servir de sources de financements pour les entreprises engagées dans les territoires occupés. ­Normalement, les fonds ­européens ne peuvent être utilisés que dans un cadre civil conforme au droit international. Israël n’en reste pas moins le premier partenaire commercial de l’UE et jouit d’un statut privilégié qui va à l’encontre des règles ­communautaires. Liées par un accord d’association, les deux parties ont surtout poussé la coopération dans le domaine scientifique et technologique. Grâce au précédent programme-cadre européen pour la recherche et le développement, 2 000 projets communs entre compagnies israéliennes et européennes ont profité de subventions. L’UE contribue à « créer des faits accomplis sur le terrain », comme le dénonçait Saëb Erekat, principal négociateur palestinien et membre du comité exécutif de l’OLP, à l’égard de la société française Orange, considérée comme « le principal partenaire de l’occupation ». Grâce à un contrat de marque avec Partner Communications Company, Orange tire un profit économique des infrastructures de communication qu’elle installe dans les colonies. Et contribue au maintien des implantations illégales en ­Cisjordanie. Il en allait de même avec Alstom et la construction du tramway traversant Jérusalem-Est pour desservir les ­colonies. En 2014, après l’opération israélienne « Bordure protectrice » dans la bande de Gaza, l’État brésilien du Rio Grande do Sul annulait un accord de coopération avec Elbit Systems, à la suite d’une forte mobilisation sociale. Le gouverneur de l’État soulignait alors que les drones fournis par l’entreprise avaient été testés pendant l’agression militaire qui a tué plus de 2 100 Palestiniens, et que le prix de l’action Elbit avait grimpé depuis la guerre.

« L’armement représente 
la partie visible de l’iceberg »

De fait, les investisseurs avaient alors anticipé une hausse des commandes de ces drones parmi les plus sophistiqués au monde. L’annulation du contrat avait été saluée par le mouvement de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). « Si Israël peut poursuivre ses violations des droits de l’homme, c’est seulement grâce à une collaboration internationale et notamment à des accords comme celui que le gouvernement du Rio Grande do Sul a maintenant annulé », expliquait Jamal Juma, membre du comité national du BDS. Avant le Rio Grande do Sul, le fonds de pension de l’État norvégien se dégageait lui aussi de toute coopération avec Elbit Systems. C’est à une pression de ce type qu’appelle Stop The Wall à l’égard des institutions européennes alors que les programmes de recherche sont financés par les contribuables européens. Selon Hugh Lovatt, coordinateur Israël-Palestine au Conseil européen des relations internationales, un laboratoire d’idées paneuropéen, « l’armement représente la partie visible de l’iceberg. La vraie question c’est jusqu’à quel point les relations de l’UE avec Israël permettent de soutenir ­l’occupation des territoires palestiniens ».

Crimes de guerre à Rafah, au sud de la bande de Gaza
 
L’été dernier, en pleine guerre contre la bande de Gaza, l’armée israélienne 
bouclait les villages à l’est de Rafah (sud), prétextant de la prétendue capture 
d’un officier israélien, Hadar Goldin, par un commando de résistants palestiniens. Une opération nommée « Hannibal ». En renfort à l’attaque terrestre de l’artillerie 
et des chars, les avions de chasse F-16 avaient également libre cours pour 
larguer leurs missiles. 135 civils ont été tués, dont 75 enfants. Documents 
à l’appui, Amnesty International exige des investigations pour des crimes de guerre 
et d’éventuels crimes contre l’humanité intervenus entre le 1er et le 4 août 2014.
 

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