Le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj, ici à Tunis le 8 janvier 2016, doit recevoir le soutien des ministres des Affaires étrangères français et allemand pour appliquer l'accord de paix

Le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj, ici à Tunis le 8 janvier 2016, doit recevoir le soutien des ministres des Affaires étrangères français et allemand pour appliquer l'accord de paix

afp.com/FETHI BELAID

Les chefs de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier et française Jean-Marc Ayrault ont rencontré à Tripoli le Premier ministre désigné du gouvernement d'union nationale, Fayez al-Sarraj, dans la base navale où il a pris ses quartiers depuis son arrivée dans la capitale libyenne le 30 mars.

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Leur visite fait suite à celle du ministre des Affaires étrangères italien Paolo Gentiloni qui a été le premier haut responsable européen à se rendre à Tripoli depuis les violences de l'été 2014.

La visite de MM. Steinmeier et Ayrault intervient deux jours avant une session cruciale du Parlement libyen basé dans l'est du pays qui doit décider d'accorder ou non sa confiance au nouvel exécutif d'union.

Les deux ministres ont affirmé "la détermination de leurs gouvernements à apporter tout leur concours au gouvernement d'unité nationale pour l'aider à rétablir la sécurité, à lutter contre le terrorisme et à offrir des services publics bénéficiant à tous les Libyens", selon un communiqué conjoint.

L'urgence, c'est "la formation des forces de police et militaires" libyennes, a indiqué M. Ayrault lors d'une conférence de presse, disant que la France était disposée à aider le gouvernement d'union à ce sujet.

"Il y a un besoin de les entraîner peut-être hors de la Libye au début, et c'est ce dont nous parlerons lundi", a déclaré pour sa part M. Steinmeier, en référence à une réunion des ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères pour notamment discuter d'une éventuelle mission d'assistance à la police et aux gardes-frontières libyens.

M. Sarraj a affirmé de son côté qu'il y aurait une coopération avec la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, mais a-t-il répété, son gouvernement n'est "pas dans l'attente d'une intervention internationale".

Pays riche en pétrole situé à 300 kilomètres des côtes européennes, la Libye a sombré dans le chaos après la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 en raison des disputes entre milices armées.

A l'été 2014, le pays s'est retrouvé avec deux "gouvernements" rivaux après la prise de Tripoli par une coalition de milices, dont certaines islamistes, jamais reconnue par la communauté internationale.

Profitant des divisions et de la faiblesse des autorités, le groupe Etat islamique (EI) s'est implanté dans la ville de Syrte, sur la côte méditerranéenne, et a renforcé son ancrage en Libye.

- 'A point' -

Inquiets de cette menace jihadiste, l'ONU, les Européens, les Américains ainsi que les pays d'Afrique du Nord voisins de la Libye placent tous leurs espoirs dans un gouvernement d'union qui pourrait reprendre les rênes du pays et lutter plus efficacement contre la menace jihadiste.

Pour M. Ayrault, la collaboration de l'Europe avec le nouvel exécutif a pour but "d'améliorer la vie des Libyens" mais aussi "la sécurité des Européens".

Prévu par un accord signé au Maroc en décembre 2015, ce gouvernement s'est autoproclamé en fonctions le 12 mars puis s'est installé par surprise dans une base navale de Tripoli le 30 mars.

Il a depuis rallié d'importants soutiens, notamment ceux de la Banque centrale et de la compagnie nationale pétrolière, mais il fait toujours face à l'opposition de certaines figures politiques.

Les ministres français et allemand "ont exhorté la Chambre des représentants, le conseil d'Etat et toutes les institutions libyennes à pleinement mettre en oeuvre l'accord politique inter-libyen, qui était la seule issue à la crise politique et sécuritaire en Libye", selon le communiqué conjoint.

Pour Mattia Toaldo, spécialiste de la Libye au groupe de réflexion Conseil européen des relations internationales (ECFR), "la visite des deux ministres tombe à point pour deux raisons".

"La première est le vote (de confiance) attendu du Parlement lundi, même si je ne suis pas sûr que cela impressionne ce Parlement", a-t-il déclaré à l'AFP.

La deuxième est, selon lui, le dîner également lundi des ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères.

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