Samedi prochain, la Corée du Nord fêtera le 105e anniversaire de la naissance de Kim Il-Sung, son fondateur et son dirigeant jusqu'à sa mort en 1994. Pour rendre hommage à son grand-père, l'actuel leader du dernier régime stalinien de la planète, Kim Jong-Un, pourrait réaliser le 6e essai nucléaire de l'histoire du pays, que de nombreux observateurs estiment imminent.

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A n'en pas douter, la réaction américaine à cette nouvelle étape du programme atomique militaire nord-coréen ne devrait pas se limiter à des mots. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a opté pour une fermeté inédite dans la gestion du dossier nord-coréen.

La partie de ping-pong militaro-diplomatique que livrent depuis des années Washington et Pyongyang, dont la rhétorique a toujours été belliqueuse, a pris une nouvelle tournure ses dernières semaines. Les échanges sont plus rapides et d'une intensité inédite: à peine dans un camp, la balle est renvoyée avec plus de force vers l'autre.

Renforcement militaire américain

Dimanche, les Etats-Unis ont ainsi annoncé l'envoi vers la péninsule coréenne de l'un de ses 10 porte-avions, l'USS Carl Vinson, accompagné de sa flotte, alors qu'il devait initialement rejoindre l'Australie. Le conseiller à la sécurité nationale, le général en exercice H.R. McMaster, a qualifié ce déploiement de mesure de "prudence" face à un régime "paria désormais doté de la capacité nucléaire", ajoutant que Donald Trump veut étudier "un éventail complet d'options pour lever cette menace".

Photo de l'US navy prise le 31 mars 2017  montrant le porte-avions américain Carl Vinson et sa flotte

Photo de l'US navy prise le 31 mars 2017 montrant le porte-avions américain Carl Vinson et sa flotte.

© / afp.com/MCS 3rd Class Matt BROWN

L'une de ses options a trouvé une illustration moins de 48 heures avant l'annonce du déploiement : des frappes punitives contre une base du régime syrien, accusé d'avoir réalisé une attaque chimique sur des civils en zone rebelle. Avant de répondre par de nouveaux tests militaires, comme il en a pris l'habitude, le régime nord-coréen l'a fait par des mots.

"Le déploiement insensé américain pour envahir la République populaire démocratique de Corée a atteint une phase préoccupante, a réagi son ministère des Affaires étrangères ce mardi. [Elle] est prête à réagir, quel que soit le type de guerre voulue par les Etats-Unis."

La menace d'une guerre

Prochaine étape, la guerre? "La politique de 'patience stratégique' [maintenue sous Barack Obama] est contestée dans l'entourage du nouveau président, expliquait début mars à L'Express Mathieu Duchâtel, spécialiste de l'Asie au Conseil européen des relations internationales (ECFR). Le recours à des frappes préventives est désormais ouvertement évoqué."

Dénucléariser la Corée du Nord par la force à défaut d'y arriver par les négociations. L'option n'est pourtant pas du goût de la Corée du Sud. "Des frappes préventives sont peut-être destinées à résoudre le problème nucléaire nord-coréen, mais pour nous, il faut aussi penser à la sécurité de la population", a expliqué lundi son ministre de l'Unification, Jong Yong-Pyo.

Des centaines de missiles nord-coréens sont en effet pointés sur son voisin et en particulier sa capitale Séoul. Comme l'a rappelé l'assassinat en Malaisie du frère de Kim Jong-Un, Pyongyang dispose également d'armes chimiques qu'elle pourrait placer dans des vecteurs de moyenne portée. Des vecteurs bien plus au point que ses missiles intercontinentaux, victimes de quelques échecs lors de tests balistiques. Pourront-ils tous être interceptés par le bouclier anti-missile Thaad, déployé en février en Corée du Sud? Impossible à dire.

Pyongyang, puissance nucléaire

De surcroît, le régime des Kim se veut dorénavant une puissance nucléaire, qu'il estime être le seul statut capable d'assurer sa survie. Le Stockholm International Peace Research Institute estimait lors du 5e essai nucléaire, en 2016, qu'il possédait 10 à 12 armes atomiques avec la capacité d'en produire quatre à six par an. Or face à la menace que constituent à ses yeux les Etats-Unis, la Corée du Nord ne semble pas vouloir freiner sa fuite en avant atomique.

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Reste la Chine, dernier soutien du régime nord-coréen, sur lequel son influence reste à déterminer. Le déploiement américain a suivi la rencontre en Floride du président Xi Jinping avec Donald Trump, qui l'a exhorté à en faire davantage. Elle a envoyé lundi un haut diplomate à Séoul pour des discussions sur la menace nord-coréenne. Pékin a par ailleurs pu constater avec les frappes en Syrie que la nouvelle administration américaine se voulait capable de joindre les actes à la parole.

Par deux tweets, le président américain en a remis une couche ce mardi. "J'ai expliqué au président de la Chine qu'un accord commercial avec les Etats-Unis serait bien meilleur pour eux s'il résolvent le problème nord-coréen, a-t-il écrit. La Corée du Nord cherche les ennuis. Si la Chine décide d'aider, cela serait super. Sinon nous réglerons le problème sans eux! USA."

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