Espagne: Nouveau scrutin dominé par la crise en Catalogne

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EspagneNouveau scrutin dominé par la crise en Catalogne

Paralysée politiquement, l'Espagne retourne aux urnes, dimanche, pour la quatrième fois en quatre ans, dans un contexte de crise ouverte en Catalogne.

La maire de Barcelone, Ada Colau, encourageait à voter le 6 novembre dernier.

La maire de Barcelone, Ada Colau, encourageait à voter le 6 novembre dernier.

Vainqueur des dernières élections, fin avril, mais incapable de s'entendre au minimum avec la gauche radicale de Podemos pour être reconduit au pouvoir, le chef du gouvernement socialiste sortant Pedro Sanchez (PSOE) est donné une nouvelle fois gagnant par les sondages.

Mais il ne devrait pas sortir renforcé de ce scrutin comme il l'espérait. Contrairement au Parti Populaire (PP, droite) mais surtout à Vox. Ce dernier parti pourrait devenir la troisième force politique après avoir fait son entrée à la Chambre des députés en avril, dans un pays où l'extrême droite était marginale depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.

Cette formation ultranationaliste prône l'interdiction des partis séparatistes et tient un discours très dur sur l'immigration. Elle profite de l'émoi suscité par les scènes de guérilla urbaine à Barcelone, ayant suivi la condamnation mi-octobre de dirigeants indépendantistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017. Selon de récents sondages, elle pourrait doubler son nombre de députés à près de 50 sur 350.

«Espagne en noir et blanc»

Pour mobiliser son électorat, Pedro Sanchez a mis en garde ces derniers jours contre la montée de ce parti qui représente selon lui une «Espagne en noir et blanc d'il y a 40 ans qui ne doit jamais faire son retour». «La Catalogne a été le thème central (de la campagne) et il semble que cela bénéficie à Vox, dont la ligne attire l'électeur de droite dure», estime Antonio Barroso, du cabinet Teneo.

Dans ce contexte, le PP et les libéraux de Ciudadanos n'ont cessé d'attaquer Pedro Sanchez sur le dossier catalan en le pressant de suspendre l'autonomie de la région et de destituer son président séparatiste Quim Torra. Craignant que cette crise en Catalogne ne favorise trop la droite, le socialiste a durci son discours. Il a par ailleurs envoyé des renforts policiers dans la riche région du nord-est du pays, en vue de garantir la bonne marche du scrutin et d'éviter une éventuelle occupation des bureaux de vote samedi.

Ce jour-là, où les manifestations sont interdites, la mystérieuse plateforme Tsunami Démocratique, qui avait organisé une tentative de blocage de l'aéroport de Barcelone, appelle les indépendantistes à une journée de «désobéissance civile» à travers la Catalogne.

Poursuite de l'instabilité ?

Ce quatrième scrutin en quatre ans risque de ne pas mettre fin à l'instabilité politique qui mine la quatrième économie de la zone euro depuis que le bipartisme PP-PSOE a volé en éclats en 2015 avec l'irruption de Podemos et de Ciudadanos au Parlement. En effet, les sondages ne créditent ni le bloc de gauche (formé par le PSOE, Podemos et Más País, formation dissidente de Podemos) ni le bloc de droite (PP, Vox et Ciudadanos) de la majorité des sièges.

Une nouvelle tentative d'alliance entre le PSOE et Podemos semble difficile, la méfiance entre les deux formations étant trop grande depuis l'échec de leurs négociations après le scrutin d'avril. Le dernier recours est que Pedro Sanchez réussisse à être investi par le parlement pour gouverner en minorité grâce à l'abstention en premier lieu du PP.

Minoritaire

«C'est l'unique (solution) possible» et c'est «justement la crainte de nouvelles élections qui obligera à la dernière minute (les partis) à entamer une négociation sur une abstention», estime Jose Ignacio Torreblanca, du cercle de réflexion European Council on Foreign Relations.

Mais avec un cabinet minoritaire «la législature n'irait pas à son terme, souligne Antonio Barroso. Et avec une telle instabilité, aucune réforme ne peut être adoptée pour nous préparer à la prochaine récession», alors que l'économie espagnole ralentit et que les chiffres du chômage sont mauvais.

(L'essentiel/afp)

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