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Libye: tournant dans le conflit libyen avec l'obtention d'un cessez-le-feu

Le gouvernement d'union nationale reconnu par l'ONU et soutenu par la Turquie, a signé à Genève un accord de cessation des combats immédiat, général et permanent avec l'exécutif rival du maréchal Haftar.

Les négociations à Genève ont été fructueuses dans une ambiance particulière pour cause de Covid.
Les négociations à Genève ont été fructueuses dans une ambiance particulière pour cause de Covid. (Fabrice Coffrini/REUTERS)

Par Yves Bourdillon

Publié le 23 oct. 2020 à 16:22

Ce n'est pas encore la fin de la guerre civile libyenne , mais peut-être le commencement de la fin. Les parties en conflit, le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj et les forces du maréchal Khalifa Haftar, ont signé vendredi un cessez-le-feu général et permanent sur l'ensemble du territoire, avec effet immédiat, après cinq jours de discussions à Genève organisées sous l'égide de l'ONU.

« Un tournant important vers la paix et la stabilité », a indiqué la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul), dans ce pays ravagé par des conflits quasiment sans interruption depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

De multiples ingérences étrangères

Le GNA, basé à Tripoli, est le seul gouvernement reconnu légitime par l'ONU, alors que l'exécutif rival de Khalifa Haftar, qui tient l'est (où se concentrent la majorité des gisements de pétrole) et est basé essentiellement à Benghazi et Tobrouk, est soutenu par une partie du Parlement élu.

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La Libye est dotée depuis trois ans de deux gouvernements, deux parlements et même deux banques centrales et les combats ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. ​Militairement, le GNA ne bénéficie que de l'appui de la Turquie, tandis que les forces d'Haftar sont soutenues par des mercenaires russes, l'Egypte et les Emirats arabes unis. Les pays européens, dont l'ancienne puissance tutélaire, l'Italie, et la France, qui a misé un temps sur Haftar, semblent hors jeu.

Les drones turcs ont infligé de lourdes pertes cet été aux forces d'Haftar, qui prétendait pouvoir s'emparer de Tripoli. Constatant sans doute l'impossibilité de l'emporter militairement, les différentes parties au conflit ont lancé alors les premières négociations depuis des années. Celles-ci se sont accélérées ces dernières semaines en vue de définir les conditions d'un cessez-le-feu durable à ce qu'il est convenu d'appeler la deuxième guerre civile libyenne, déclenchée en 2014.

Erdogan se dit sceptique

Si l'Union européenne a salué la signature de l'accord de Genève, tout en rappelant qu'elle ne reprendrait son soutien économique au pays qu'après la reprise du dialogue politique, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est déclaré sceptique sur la solidité du cessez-le-feu. « C'est un bon prolongement du climat de progrès, d'optimisme et d'accord mais il n'existe toujours pas de signal clair que les belligérants libyens considèrent cela comme autre chose qu'une nouvelle période de postures et de positionnement qui doit leur permettre de dominer l'autre lors de la prochaine phase à venir de la transition », modère aussi Tarek Megerisi, spécialiste de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au sein de l'European Council on Foreign Relations.

La signature de l'accord de cessez-le-feu coïncide avec un acte symbolique : pour la première fois en plus d'un an, un avion de ligne a effectué un vol entre Tripoli et Benghazi. S'il dure, le cessez-le-feu peut laisser entrevoir une reprise des exportations de brut libyen, tombées à presque zéro cette année.

Fayez el-Sarraj avait annoncé le mois dernier sa démission pour fin octobre, tout comme le chef du gouvernement rival, Abdallah al-Theni qui était confronté à des manifestations inédites contre la détérioration des conditions de vie dans l'est, ainsi que la corruption. Le chef du GNA s'était dit prêt à laisser la place à un exécutif de transition issu des pourparlers lancés peu auparavant à Montreux, en Suisse, qui annonçaient selon lui « une nouvelle phase en vue de réunifier les institutions et préparer des élections ». Des élections sont régulièrement évoquées en Libye ou parmi les puissances étrangères intéressées au conflit comme moyen de résoudre la crise, mais aucune n'a été organisée depuis six ans.

Yves Bourdillon

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