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La droite populiste pèsera plus au Conseil européen qu'au Parlement

Même si elle restera minoritaire au Parlement, la droite populiste ne manquera pas de canaux pour pousser ses idées et imposer sa mentalité. Cette influence pourrait s'exercer à la Commission et au Conseil européen.

Arithmétiquement, les partis eurosceptiques ne seront pas en mesure de bloquer le vote d'une directive au Parlement européen.
Arithmétiquement, les partis eurosceptiques ne seront pas en mesure de bloquer le vote d'une directive au Parlement européen. (Photo Cira Moro/LAIF-REA)

Par Catherine Chatignoux

Publié le 19 févr. 2019 à 08:18

Les partis eurosceptiques et ultra-conservateurs représenteront en mai environ un cinquième des élus au Parlement européen. A peine plus que dans l'assemblée sortante . Les élus de la Ligue italienne, ceux de Vox, le nouveau parti d'extrême droite espagnole ou ceux de l'AfD allemande, qui portent une vision souverainiste et nationaliste de l'Europe seront-ils en capacité de bloquer les résolutions politiques ou les directives mises au vote chaque mois dans cette assemblée ?

Sur un plan strictement arithmétique, la réponse est non. « Ces cinq dernières années, les eurosceptiques n'ont jamais bloqué l'adoption d'un texte, encore moins généré une adoption », relève Sylvie Guillaume, eurodéputée socialiste sortante. « Même lorsqu'il y a eu des alliances de circonstance entre l'extrême droite et l'extrême gauche » par exemple sur les sujets commerciaux.

Dans la future assemblée où ces deux extrêmes pourraient totaliser un tiers des sièges, les chances de blocage sont nulles. Non seulement les forces populistes seront minoritaires au Parlement mais elles sont de plus divisées. Les tentatives de Matteo Salvini, président de la Ligue en Italie de fédérer les anti-européens en place à Budapest, Varsovie, Rome et Paris avec les conseils et l'argent de Steve Bannon , l'ex-conseiller spécial de Donald Trump, risquent d'être vaines. Même sur l'immigration, sujet hautement consensuel car électoraliste, le nationalisme de Salvini qui réclame plus de solidarité européenne se heurte au nationalisme hongrois qui lui refuse cette solidarité.

Second choix

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La fragmentation politique du prochain Parlement européen ne sera pas pour autant sans conséquences politiques. Le choix du futur président de la Commission risque de constituer un baptême du feu laborieux. Le nom du candidat qui sera proposé par les chefs d'Etat et de gouvernement devra trouver une majorité au Parlement européen : si le prétendant « naturel » du principal parti, le PPE, l'Allemand Manfred Weber, est refusé par les socialistes et les centristes car jugé trop conservateur, un front de droite, alliant au moins une partie des conservateurs du PPE et les partis eurosceptiques pourrait se former pour contrer un second choix des dirigeants européens. Il est possible qu'au final, la personnalité qui remplacera Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission soit moins engagée que son prédécesseur et plus timide dans ses futures propositions.

Influence indirecte

Surtout si les gouvernements ultra-conservateurs qui sont au pouvoir en Hongrie, en Pologne, en Italie et en Autriche où gouverne une coalition droite-extrême droite, envoient à Bruxelles des commissaires en ligne avec leur credo nationaliste du moment. « La présence d'anti-européens dans plusieurs gouvernements nationaux pose un risque sérieux que la prochaine Commission soit moins internationaliste et moins fermement ancrée sur des principes comme l'état de droit, les droits de l'homme et le multilatéralisme », note une étude récente du think tank ECFR.

L'influence indirecte des forces anti-européennes se ressentira aussi au Conseil européen. A la différence du Parlement où le nombre d'élus est proportionnel au poids démographique de leur pays dans l'Union, la Belgique pèse autant que la Hongrie ou que l'Allemagne au sein du conclave des dirigeants des Vingt-sept. Les décisions s'y prennent par consensus. On peut donc redouter que ce soit au Conseil, bien plus qu'au Parlement, que la contagion souverainiste s'opère et que l'on y mette rapidement en sourdine les mesures les plus audacieuses pour faire progresser l'Europe.

Catherine Chatignoux

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