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La crise se complique en Syrie

La crise syrienne a pris un tournant inquiétant depuis samedi, en contradiction avec les espoirs de cessez-le-feu en Syrie nés ce vendredi de la conférence de Munich. L’Arabie a déployé des avions de combat en Turquie.

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La crise syrienne a pris un tournant très inquiétant ce samedi, en contradiciton avec les espoirs de cessez-le-feu en Syrie nés ce vendredi de la conférence de Munich.

Par Yves Bourdillon

Publié le 13 févr. 2016 à 22:09

Des espoirs apparemment dépassés au vu des derniers développements militaires et politiques. Alors que ce vendredi, Washington faisait mine de prendre au sérieux l’offre russe d’un cessez-le-feu d’ici une semaine, ses alliés à Ankara et Riyad montraient le lendemain la confiance qu’ils accordaient à Moscou  : nulle.

L’artillerie turque a bombardé des positions que les YPG (forces kurdes syriennes), qui opèrent visiblement depuis deux semaines en bonne intelligence avec le régime syrien et les forces russes, avaient repris récemment à des rebelles islamistes près d’Alep. Le président turc, Recep Tayip Erdogan avait dénoncé mercredi le soutien militaire des Etats-Unis aux kurdes syriens, bien que la Turquie soit membre de l’OTAN.

Annoncé par le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cabusoglu, mais aussi par Ryad, il y a quelques jours, le déploiement d'avions de comabas de l'armée de l'air d'Arabie saoudite à partir d'une base turque est devenu effectif. « Le royaume saoudien a aujourd’hui une présence sur la base aérienne d’Incirlik en Turquie », a déclaré le général de brigade Ahmed Assiri, qui s’exprimait dans la nuit de samedi à dimanche sur la chaîne Al-Arabiya à capitaux saoudiens. « Des avions des forces aériennes saoudiennes sont présents (à Incirlik) avec leurs équipages pour intensifier les opérations aériennes (contre l’EI), parallèlement aux missions menées depuis les bases aériennes en Arabie saoudite », a-t-il ajouté.

Entretien Obama-Poutine sur la Syrie

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Barack Obama ont évoqué les moyens à mettre en oeuvre pour faire cesser le conflit syrien lors d'un entretien téléphonique, rapporte le Kremlin dans un communiqué diffusé dimanche.Tous deux se sont félicités de l'accord de cessation des hostilités conclu vendredi à Munich par les Etats membres du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) et ont plaidé pour un renforcement de la coopération afin qu'il soit appliqué, ajoute-t-il.

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Toute intervention étrangère pourrait provoquer "une guerre mondiale"

Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a estimé, dans un entretien à la presse allemande paru vendredi, que toute intervention étrangère en Syrie pourrait provoquer « une guerre mondiale ». Il faisait allusion, visiblement, au seul déploiement de troupes occidentales, turques ou saoudiennes, puisque des forces russes sont déjà installées en Syrie dans la région de Lattaquié.

Il a estimé samedi, lors d’un discours à la conférence de Munich, que la monde était d’ores et déjà entré « dans une nouvelle guerre froide » , dont la responsabilité incombe entièrement aux pays occidentaux. Il a accusé notamment l’Union européenne d’avoir créé, via des accords de partenariat avec d’anciennes républiques soviétiques, « une ceinture d’exclusion » de la Russie. Moscou a envoyé en Méditerranée une corvette lance-missiles. Washington a accusé Moscou d’avoir « exacerbé le conflit » par son soutien inconditionnel au régime de Damas face aux rebelles.

Après avoir exclu toute levée d’ici l’été des sanctions prises par les occidentaux contre la Russie en rétorsion à sa déstabilisation de l’Ukraine, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, a appelé samedi Moscou à « changer de cibles militaire » sur le terrain. Une supplique dont on peut douter qu’elle soit entendue par Moscou, qui a l’avantage sur un terrain.

Les trois quarts des raids russes ne visent pas Daech, selon Washington

En effet, l’accord de cessez-le-feu, mis au point ce vendredi à Munich par la Russie et les Etats-Unis, prévoit une exception d’envergure : Moscou se réserve le droit de continuer à bombarder les terroristes de Daech et Al Qaëda. Sur le papier, c’est tout à fait légitime.

Seul problème, c’est ce que la Russie prétend faire quasi exclusivement depuis le début de son intervention fin septembre. Or, Washington estime que depuis lors les trois quarts des raids russes visent non pas Daech ou Al-Qaïda mais les autres rebelles, soutenus par les Occidentaux, les Turcs ou les Saoudiens.

"Parler d'Al-Nosra arrange la Russie, parce que de nombreux groupes rebelles lui sont liés", souligne Julien Barnes-Dacey de l’European Council on Foreign Relations. "Cela leur donne effectivement le feu vert pour mener des opérations militaires tout en apportant un soutien de pur forme à l'accord", a-t-il estimé. John Kerry a affirmé que son pays était prêt à se mettre d’accord avec la Russie sur « ce qui doit être visé, ce qui ne doit pas l’être, comment travailler ensemble pour que les gens ne quittent pas la table des négociations ».

Yves Bourdillon

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