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Sommet européen : Merkel joue son avenir

La chancelière est sous la pression de son alliée bavaroise (CSU) qui menace de mettre fin à son union historique avec la CDU.

Par Thibaut Madelin

Publié le 28 juin 2018 à 07:30

Après l'élimination sans précédent de la Mannschaft au premier tour de la Coupe du monde de football, mercredi, c'est au tour d'Angela Merkel de jouer son avenir, jeudi et vendredi. 

Soit la chancelière allemande rentre du sommet européen avec un début de solution européenne à la crise des migrants et son alliée bavaroise (CSU) lui accorde un nouveau répit. Soit les résultats de la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement ne répondent pas aux attentes de la CSU et c'est l'épreuve de force .

La direction de la CSU se réunit dimanche à 15 heures pour évaluer les conclusions du sommet. Celle de la CDU se retrouve dans la soirée. L'opposition se frotte déjà les mains. Angela Merkel souffre d'une « perte d'autorité dramatique », estime le président du parti libéral (FDP) Christian Lindner. En Une, le magazine « Der Spiegel » titre sur la « fin des temps » de la chancelière.

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Faute d'avancée, le ministre de l'Intérieur et président du parti régional, Horst Seehofer, a menacé de rejeter des demandeurs d'asile aux frontières allemandes dès lundi. Angela Merkel, qui redoute un effet domino et un regorgement de migrants dans les pays frontaliers européens, comme la Grèce ou l'Italie, a fait comprendre qu'elle limogerait son ministre s'il allait jusqu'au bout.

« Perte d'autorité »

« Dans ce cas, les autres ministres CSU démissionneraient du gouvernement et Angela Merkel n'aurait plus de majorité au Parlement, juge Josef Janning, directeur du bureau berlinois du centre de réflexion ECFR. Elle pourrait rester en poste et essayer de gouverner avec des majorités changeantes, mais ceci ne pourrait pas durer et conduirait tôt ou tard à de nouvelles élections ».

Dans un climat de tension inédit entre les deux partis, qui forment une alliance depuis 1949, ce scénario est possible. « C'est très sérieux, on l'a aussi remarqué durant les discussions », a déclaré le président du groupe parlementaire CDU-CSU Volker Kauder après une réunion gouvernementale à huis clos, mardi soir, entre les chefs des deux partis avec ceux du Parti social-démocrate (SPD).

Face à l'enjeu et l'absence d'alternative crédible à Angela Merkel à droite, toutefois, le scénario du clash semble se dissiper. Au moins pour quelque temps. « Je lui donne jusqu'à la fin de l'année », déclare un social-démocrate. Si la CSU donne l'impression de vouloir sa chute, une majorité des députés CDU semble encore être derrière elle, mais rares sont ceux qui la soutiennent publiquement.

Compromis

Selon Josef Janning, il est probable que Horst Seehofer se montre satisfait si la chancelière obtient des avancées vendredi, notamment sur les accords bilatéraux ou multilatéraux avec des pays comme la Grèce, l'Autriche ou l'Italie - qui n'ont pas forcément envie de lui faire de cadeau. Il pourrait alors crier victoire en arguant que la pression qu'il a exercée a été décisive.

C'est d'ailleurs ce que certains de ses lieutenants commencent à faire, même si d'autres ne semblent pas vouloir baisser les armes. « C'est bien qu'une nouvelle dynamique soit née en Europe, qu'on ait compris que nous devons attaquer la question migratoire avec une détermination sans faille », s'est déjà réjoui mercredi Markus Blume, le secrétaire général de la CSU.

Selon plusieurs sondages, le conflit entre les deux partis conservateurs nuit à leur popularité et à celle de Markus Söder, le nouvel homme fort de la CSU. Dans une enquête Forsa pour RTL, seulement 38 % des Bavarois se disent satisfaits du ministre-président de Bavière, qui joue son élection en octobre, contre 43 % pour Angela Merkel.

Thibaut Madelin (Correspondant à Berlin)

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